Hier, on m’a fait une biopsie du sein. Comme ce n’est pas spécialement le truc qu’on rêve de subir, il a fallu que je me motive un max en me disant que bon, c’est comme ça, re-bon, quand faut y aller faut y aller, et re-re-bon, le machin est tout petit (proportionnel à mon sein quoi). Bon le truc c’est que ce n’est pas ma première biopsie. Je ne sais pas ce qu’ils ont tous avec mes seins, pourtant ils sont discrets, réservés, des seins bien élevés que toutes les femmes rêveraient d’avoir, ben non : tout le monde veut me faire des trous dedans !
La première fois c’était l’horreur (c’était il y a longtemps) sans me méfier j’étais allée passer la mammo de contrôle à côté de chez moi (je précise que je ne sais pas conduire) et pof, on me trouve un truc. J’avais dû aller je ne sais plus où, dans un labo je suppose. C’est un homme qui avait effectué le prélèvement, pas doué le mec, une vraie boucherie. Pour une première, j’étais ravie ! Il s’y était repris à plusieurs fois en m’accusant de saigner comme un bœuf parce que ça ne lui facilitait pas les choses. C’est depuis ce moment que je passe mes mammos au Centre de Sénologie, même si pour ce faire je suis obligée de prendre un taxi tellement c’est galère d’y aller en train.
C’est comme ça qu’il y a une dizaine d’années, j’ai rencontré "ma taxi", femme de son état comme vous venez de le comprendre. Hier on est tombées dans les bras l’une de l’autre, depuis le temps qu’on ne s’était pas vues. Oui, parce qu’à force de me trimballer ici et là (sans oublier le jour où je lui avais demandé de me tenir la main pendant un IRM) et de la distraire en lui narrant toutes mes misères, en fait on est devenues super copines. Et puis il paraît que je suis marrante ! Marrante ? C’est plutôt elle ! Je lui ai rafraîchi la mémoire en lui rappelant le jour où je l’attendais pour qu’elle m’emmène je ne sais plus où, comme d’hab je n’avais pas de parapluie (j’aime pas les parapluies !) et voilà qu’il se met à tomber une averse, mais une averse !!! Purée, j’étais trempée !!! À peine la dernière goutte de pluie tombée ma taxi arrive comme une fleur, et elle me sort : "Vous avez vu ce qu’il vient de tomber ?"
Moi, dégoulinant sur sa banquette : "Oui, j’ai vu !! JE VOUS INFORME QUE J’ÉTAIS DESSOUS !!!"
Et elle qui part dans un fou rire, mais un fou rire !!!! Je lui fais, Mais arrêtez de vous marrer, regardez la route!! (ce qui évidemment avait donné l’effet inverse).
Et hier quand je lui rappelle cet épisode dramatique où elle a joué avec nos vies, voilà qu’elle recommence à se bidonner comme une baleine en donnant le hoquet à la voiture ! "Mais recommencez pas à rire !!!!" que je lui ré-itère !
"C’est vrai qu’on a eu des sacrés moments de rigolade toutes les deux !" qu’elle me fait…
Bref.
Donc, pour en revenir à la biopsie, me voilà donc allongée sur la table. D’un côté, la dame super gentille qui fait les mammos, de l’autre, assise, la sénologue qui regarde mes seins et lâche :
"Ah oui, quand même ! Ils sont petits !"
Moi, ayant l’impression d’avoir raté un exam de passage : Heu.. oui, ils sont petits.
Elle : Parfait. Je vois des gros seins toute la journée, ça finit par être lassant…
Moi, modeste : Oh bah quand on peut faire plaisir..
Elle : Ya que les hommes pour aimer les gros seins !
Moi : Oui, et puis comme disait ma mère, les petits seins ça gêne pas pour courir !
Elle : Une grande sage votre mère ! Bon allez, je pique !
Ah oui, parce que voyez-vous, cette petite intervention se fait sous anesthésie locale, non remboursée par la sécurité sociale, comme j’ai eu la stupeur de l’apprendre au moment de régler. Je sais pas, ils imaginent quoi ? Qu’on se fait perforer les seins par plaisir ?
Bref. La sénologue pique, je saisis la main de la radiologue, d’ailleurs je lui ai fait peur ! Je m’en excuse et lui explique que j’aime bien qu’on me tienne la main dans ces moments-là. Les deux femmes me rassurent, me disent que je réagis tout-à-fait normalement, et la radiologue garde dans sa main douce et chaude la mienne quand même un peu flippée… La sénologue me dit même que malgré le nombre de biopsies que j’ai déjà eues, on ne s’habitue pas. Elle me l’enlève de la bouche !
Ensuite elle attend un moment, en me demandant de temps à autre si je sens (encore) quelque chose pour être sûre que l’anesthésie a commencé son effet. Et elle prélève seulement quand je ne sens "plus rien".
Pourquoi vous décris-je tout ça ? D’abord parce que je me suis rendue compte, en attendant le jour de la biopsie, que j’éprouvais quelque chose que je n’avais jamais ressenti depuis le temps qu’on me fait des trucs et des machins : je ne supporte plus l’idée qu’on touche à mon corps, qu’on l’agresse, qu’on lui fasse du mal. Ensuite parce que, malheureusement je pense que tous, toutes, on est confronté(s) un jour ou l’autre à ce genre de contexte et qu’il faut savoir que ce n’est pas une fatalité de se faire charcuter sans ménagement. On peut essayer de se confier, de confier notre corps, aux bonnes personnes.
Quand j’étais jeune je ne savais pas, et puis j’avais d’autres chats à fouetter, et moins de ronds que maintenant, ce qui n'aide pas (même si il paraît qu'on est tous égaux). Je me suis retrouvée dans des hostos où certes, j’ai été bien opérée, mais pour le reste.. Et Dieu sait que le contact humain, l’empathie, c’est important. Mais je ne m’en rends compte que maintenant ! (Mieux vaut tard que jamais vous me direz). D’où le titre de mon blog d’ailleurs…. Un peu de douceur s’il vous plaît.. Un peu de douceur dans ce monde de brutes, de violence, d’irrespect…Un peu de tendresse je vous en prie.. Je ne supporte plus aucune forme de violence !
Bien. Après ce petit intermède, revenons à nos moutons. La biopsie, qui est une agression sur mon corps, a donc été pratiquée en douceur par des femmes douces et rassurantes. J’ai salué la sénologue en lui disant que, n’était-ce l’objet du rendez-vous, ce fut un plaisir !
De retour auprès de ma taxi, nous avons parlé de nos Jean-Baptiste. Oui, parce que ça n’arrive qu’à moi ce genre de trucs : non seulement ma taxi est née le même jour que ma sœur, mais nous avons toutes les deux un fils du même âge qui a le même prénom. Le sien va se marier. Ben le mien est parti dans la Nièvre ! Je lui ai dit que j’avais pleuré pendant six mois quand il est parti. Elle ne m’a pas crue : six mois ? Pas plutôt un an ?
LOL. On ne peut rien lui cacher !