L'inspiration m'ayant totalement désertée depuis quelques temps, je ne pensais pas participer à la proposition d'écriture de cette semaine.
Puis m'est revenu le fait que ma fille cadette m'a demandé, il y a une treizaine d'années, d'écrire l'histoire de notre famille, en commençant par mon histoire, pour ses petits (qui aujourd'hui me dépassent tous d'une tête).
Alors si vous le voulez bien, comme la grosse paresseuse que je suis, je vais partager avec vous une partie de ce que j'ai écrit de cette période pour mes petits-enfants.
‘‘J'aimais passer du temps chez ma grand-mère. Elle me racontait des histoires du passé, auquel je me suis intéressée toute petite, c'est elle aussi qui m'a appris quelques mots de chtimi, le patois que parlaient mes arrière-grands-parents de Lens.
Ma grand-mère me "gâtait" beaucoup, elle m'achetait très souvent des vêtements, c'était une chance car mes parents, avec trois enfants, ne pouvaient pas le faire.
J'avais 11-12 ans quand est venue la mode de ce qu'on appelait les panty, c'était un sous-vêtement reproduisant les culottes féminines d'antan. J'ai eu envie d'en avoir un et ma grand-mère me l'avait offert ! mais comme j'avais aussi eu le coup de cœur pour les mini-jupes (la mienne était toute simple, bleu marine), le panty dépassait, sans parler des soutien-gorge que je chipais à ma mère et qui étaient trop grands pour moi, ce qui fait qu'ils glissaient sous mon chemisier, conclusion je me faisais déjà remarquer !
À cette époque il y avait les jupes mini (ultra-courtes), midi (moyennes) et maxi (jusqu'aux chevilles). Et les jupes-culottes (j'adorais).
C'est à cette même période que j'ai découvert des magazines qui ne parlaient que des chanteurs modernes : Mademoiselle Age Tendre et Salut les Copains. Mais malheureusement, je ne pouvais pas les acheter régulièrement, car on ne recevait pas beaucoup de sous - mon père avait mis en place le système de nous donner des sous selon nos carnets de notes, mais je ne me rappelle plus à partir de quand ..
Les événements les plus marquants de cette période ont sans aucun doute été ce qu'on appelle Mai 68.
J'avais 12 ans et demi et j'étais en 5e.
Les classes étaient alors partagées en "modernes" (M) et "classiques" (C). J'étais en 5eM6, ce qui veut dire que je n'apprenais pas de "langues mortes" (latin, grec).
C'était le tout début de la mixité. L'année précédente, en 6e, nous étions donc directement passés de classes primaires où il n'y avait que des filles à une classe "mixte". Mais comme on n'était pas habitués, chacun était resté dans son coin : les filles avec les filles et les garçons avec les garçons. En plus ils étaient très peu nombreux les pauvres !
En 5e, nous avions une prof de français "révolutionnaire", elle s'appelait Claude N**, et elle nous avait proposé des choses qui nous avaient semblé très bizarres, comme mettre les tables en cercle et non plus en rangées, de telle sorte que nous nous voyions tous, l'appeler par son prénom (après vote collectif), correspondre avec des élèves d'une autre classe (sise à Dijon).
En fait, nous ne le savions pas encore mais cette prof était une précurseuse du mouvement qui allait arriver, que Coluche désignerait par la suite comme "les Événements".
Tout a commencé à Nanterre en mars, lorsque des étudiants se sont monopolisés pour réagir à l'arrestation de leurs camarades qui manifestaient contre la guerre au Vietnam. Les incidents se multiplient tant et si bien que le recteur décide de faire fermer la faculté de Nanterre le 2 mai 68.
À partir de là et durant tout le mois de mai, s'organisent des barricades du côté étudiant auxquelles ripostent les CRS avec des matraques et des gaz lacrymogènes
C'est la guerre civile. Cette révolte universitaire débouche sur des grèves et une crise sociale généralisée.
Pour nous, qu'est-ce que ça voulait dire au quotidien ? les écoles et les collèges fermés - donc on n'y est retournés qu'à la fin de l'année scolaire ! mais lorsque le retour dans les collèges s'est refait tout doucement, en juin 68, on n'a pas repris les cours en fait .. On faisait des sitting *dans la cour du collège ou sur l'herbe (*je ne sais pas si le terme existait déjà).
Plus de programmes télé (la "mire" de manière permanente), plus de courrier, l'affolement dans les familles qui achetaient des kilos et des kilos de sucre et autres, la plupart ayant sans doute en tête le spectre de la guerre et des privations.
Un événement personnel s'était déroulé à cette période. Un jour, on a appris par le bouche-à-oreille que la meilleure amie de ma cousine s'était jetée de la Tour, l'immeuble HLM le plus haut de ma ville. La jeune fille s'était retrouvée enceinte alors qu'elle n'avait même pas 15 ans, et ne voyant pas de solution puisqu'à cette époque on ne parlait pas des choses intimes et que l'I.V.G. n'existait pas (c'est d'ailleurs une des choses que mai 68 a apporté, en renversant toutes les anciennes valeurs) complètement désemparée elle s'était jetée du haut de la Tour .. On n'avait même pas pu prévenir sa famille et ses proches pour l'enterrement puisque le courrier était paralysé par les grèves ..
Catégorie Exercice d'écriture
Désolée pour le manque d'illustrations mais ça me prend toujours autant la tête d'insérer des images dans cette nouvelle "administration". Je ne sais pas régler la dimension ni comment les insérer où je veux. C'était tellement plus simple sur Cb, pf !
Bonne journée à vous et bon début de semaine !