Sur l’automne, j’aurai toujours des choses à dire, parce que c’est une saison que j’aime énormément.
Sur l’automne de cette année, encore plus.
Parce que cet automne, je remarche, je revis, je renais. Certes, ça ne se passe pas vraiment tel que je l’imaginais l’année dernière quand j’étais encore vieille et pliée en deux, voire en quatre les jours fastes (appelez-moi origami).
Lorsque je m’autorisais à penser que l’opération allait tout arranger (prothèse de hanche pour ceux qui passent ici sans me voir), je me voyais remarcher exactement comme avant, hop hop ! et renager tous les jours, comme avant itou.
Eh bien, je vais vous dire un truc : ça ne se passe pas du tout comme ça.
Certes, je marche bien, de plus en plus vite, plus vite maintenant que ma fille cadette (dixit), je dirais en moyenne 1h30/2h par jour en deux fois (7-8 kms) et en perdant mon pantalon, ce qui est très gênant (oui, parce que ça fait 1 an et demi que je ne sors que pour aller aux rdv médicaux où mon frère m’emmenait en voiture .. Alors à force de ne plus bouger j’ai pris 5 kgs et 2 tailles de pantalon.. j’avais donc racheté un pantalon taille 42 puisque je ne rentrais plus dans aucun de mes taille 38, eh ben quand je marche il se fait la malle ! chose dont je ne m’étais jamais aperçue vu que je passais mon temps assise ou allongée ..).
Bon, la jambe non opérée me fait mal par moments (arthrose de l’autre côté, puisque maintenant je sais que c’est de l’arthrose, moi qui ai toujours cru que c’était rien, l’arthrose !), mais je veux jouir de mon bonheur tant que je peux, quand j’ai mal je ralentis et basta. En revanche me manger des dizaines de kms comme avant, ce n’est pas possible.. D’ailleurs je songe à bannir définitivement "comme avant" de mon vocabulaire, puisque par la force des choses, avant c’était avant et plus du tout maintenant.
Quant à la piscine, j’avais peur d’y retourner depuis le premier essai où j’avais flageolé (du verbe flageoler : avoir les jambes qui flageolent). Et puis un jour, il m’en souvient c’était la semaine dernière, j’ai décidé que ça allait 5 minutes d’avoir peur (de quoi ? personne ne sait), ce qui tombait super bien vu que la piscine était ouverte ce jour-là pour cause d’horaires de vacances (oui, parce que bien que je sois très posée comme nana, quand j’ai décidé quelque chose j’aime bien que ça se fasse tout de suite).
Et c’est comme ça que j’ai repris la nage (on ne peut pas encore parler de natation), m’y rendant en train (bleu) (depuis le temps que j'en rêve !) puisque pour l’instant je ne peux pas encore y aller à pied comme avant. Cette vraie première reprise j’étais stressée de fou, mais finalement tout s’est bien passé (purée je ne sais pas si c’est parce que je ne prends plus le train depuis longtemps, mais qu’est-ce qu’il y a comme monde !!!), mais je ne vous dis pas dans quel état de courbatures je suis rentrée !! Pourtant, j’avais nagé bien sagement, pas comme la 1ere fois où j’étais si contente que j’ai fait ma folle et en sortant je ne tenais plus sur mes jambes ..
Hier, c’était le bonheur absolu : lorsque je suis arrivée, le bassin était vide ! j’étais toute seule le temps d’un aller et retour, c’est quelque chose d’inouï, j’imagine que cette grande piscine est dans ma maison et que je peux nager comme je veux à l’heure où je veux. Que rêver de plus ?
Quoi d’autre comme petits bonheurs ? j’ai vu mes trois petits-fils ! C’est rare de les avoir ensemble, le cadet travaille et a ses congés n’importe quand, l’aîné fait ses études à Pétaouchnok donc bonjour pour venir jusqu’ici, il n’y a que le plus jeune que je vois régulièrement (vous savez, celui qui veut à tout prix assurer ma descendance, enfin plutôt celle de son père puisque de ma lignée je serai la dernière à porter mon nom).
Tiens à propos de nom, des fois je me dis … "Si ça tombe" (il paraît que "si ça tombe" c’est chti, les Français disent "si ça se trouve"), "si ça tombe, mes ancêtres que j’adore, que je vénère, dont je retrace l’histoire avec passion, minutie et énormément de patience (c’est bien le seul domaine où je suis patiente, encore que les derniers événements de mon quotidien (comme de me flanquer par terre en mars 2022) m’en aient appris à ce sujet), bon, où est le début de ma phrase ? Ah oui, donc.. si ça tombe, un de mes ancêtres était un sale type ! ou une, d’ailleurs. Ce n’est pas réservé aux hommes. En tout cas, on ne le saura jamais, alors autant imaginer qu’ils étaient aussi merveilleux que je les décris !"
Pour en revenir à mes petits-enfants, je leur ai annoncé que je songe à passer mon permis. "T’es trop vieille !", qu’il me fait, mon cadet qu’est pas mon cadet mais celui de ma fille. Ça se voit que c’est pas lui qui était tributaire de tout le monde* pendant un an et demi ! (* tout le monde c’est mon frère, qui, lui, a le permis – merci maman, merci papa !).
"Comment ça je suis trop vieille ? Ya pas d’âge pour passer son permis !"