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31 décembre 2017

Pot d'colle

3-Nad et fab 1957

avec mon cousin (à droite)

 

L’année 2017 s’en va sur la pointe des pieds. Si je ne devais retenir qu’une seule chose de ces derniers mois c’est le progrès que j’ai fait sur le chemin du détachement.

Le détachement ! Je sais, ça fait pompeux, dit comme ça... Mais si vous saviez ce que ma manière d’aimer, ma façon de m’attacher aux autres et d’y rester, surtout  (Pot d’Colle !) a pu et peut encore générer de souffrance ! Pas d’autres choix, donc, que d’agir sur moi et sur ma perception des choses, de persévérer et d’entretenir ce jardin*.

Fière aussi d’avoir repris les cours de yoga, et d’avoir, pour la première fois, participé au Téléthon.

Capture

 

* "N'oublie pas d'arroser ce jardin: les mauvaises herbes repoussent vite" : merci, Marie sourire coeurs

        
.*`¸

 

Et vous ? Quel est votre bilan ?

Quels rêves, quelles attentes, quels objectifs puis-je vous souhaiter d’atteindre?

      
        
    ...*•.¸¸.*`*.¸¸

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24 décembre 2017

L'esprit de Noël

 

20171221_163432a

cathédrale d'Amiens

 

 

(¯`*´¯)
`*.¸.*
¸.*¨ ¸.*¨)
(¸. .´ ¸¸.`¨
*

 

Ça y est, nous sommes le 24.

Pour ceux qui ont la chance d’être entourés, je vous souhaite un bon réveillon. Soyez heureux, dites à ceux que vous aimez que vous les aimez, avec des câlins, des mots doux, des gestes auxquels ils ne s'attendent pas, tout ce qui est tendre donnez-leur et je vous souhaite d'en recevoir autant, par brassées, et de passer cette soirée bien au chaud dans tout votre amour.

Pour ceux qui sont seuls, je vous souhaite d’être consolés en pensant à ce temps où Noël était votre plus belle fête de l’année. Vos aimés étaient là, quel bonheur d’avoir connu ça ! Il y en a tellement qui ne l’ont jamais eu ... et si vous vous sentez triste parce que ceux qui restent préfèrent être ailleurs qu’avec vous, pourquoi pas? C’est leur choix. Le principal n’est-il pas qu’ils soient en vie et en bonne santé?

Et puis pour ceux qui sont dans la peine, je vous souhaite ce qui ne figure sur aucune liste d’aucun magasin : un temps de trêve, un temps de paix, un temps magique. Un temps d’amour.

Un temps d’amour.

Puissiez-vous sentir, ne serait-ce que quelques heures, l’esprit de Noël.

 

Catégorie Entre nous

 

 

23 décembre 2017

Toute l'histoire de ma vie

P1190957

Ma soeur dans sa grande mansuétude m’a refilé un tag que je m’empresse de faire parce que je suis une fille super sympa qui sait se dévouer pour sa frangine malgré ma grande réticence naturelle à déballer ma vie privée.

1) Bien alors j’ai un signe particulier : les auriculaires tordus (comme les Envahisseurs). D‘ailleurs on m’a souvent demandé si je m’étais cassé les petits doigts. En fait c’est une marque de fabrique familiale : mon père les avait comme ça, son père aussi et paraît-il le père de son père (je n’ai pas pu vérifier, il est mort un an avant que je naisse). Comme vous l'avez compris au vu de ce qui précède, ce sublime G.D.F. (gène du doigt fêlé) est censément masculin (ce qui prouve encore une fois que je suis répartie n’importe comment puisque j‘en ai hérité). Je l‘ai donc légué à mon fils. Et vous croyez qu‘il me remercierait ? Tintin ! Il trouve que ça fait pitié et que c'est injuste vu qu’il ne porte même pas mon nom ! (Bon ceci dit, j’y suis pour rien s’il a les auriculaires tordus !).

2) Mon prénom préféré : Adeline, le prénom de ma fille aînée. Je l’aime trop. Je l’aime tellement que je l’ai toujours appelée Adeline. Vous allez me dire, en même temps c’est son prénom. Ben ce n’est pas son avis. Elle aurait voulu que je l’appelle mon lapin, mon chou en sucre ou la chair de sa mère. Les enfants ne sont jamais contents.

3) Un souvenir d’enfance : je danse le tango avec mon cousin. Les crises de rire qu‘on se tape c‘est pas croyable ! Il faut dire que nos tangos, c’est quelque chose ! On a bien compris qu’il faut se coller l’un contre l’autre avec les bras tendus en avant, et ainsi scotchés joue contre joue, on arpente le garage à pas de géants (oui, parce que les fêtes de famille se passaient dans le garage vu qu’on était supra nombreux et que de toutes façons chez les parents de mon cousin on n’avait pas le temps de s’installer dans une pièce qu’elle se transformait en une autre pièce .. Bilan, on dormait dans la cuisine et on fiestait dans le garage.)

4) Le cousin sus-mentionné, je voulais l’épouser. Seulement je voulais aussi que mon père ne soit plus mon père mais mon oncle (ou plutôt que mon oncle soit mon père), ce qui aurait fait de mon cousin mon frère. Bon, de toutes façons rien ne dit que ma tante aurait accepté de refiler son mari et son fils. Même à sa sœur. Ya des limites à l'esprit de famille.

5) Mon plus gros défaut : l’impatience. Quoique. Si on y regarde bien, l’impatience, c’est plutôt une qualité. Ben oui, quand on est patient, tout ça, l’existence devient vite un long fleuve tranquille. C’est pas drôle ! Donc mon plus gros défaut serait plutôt de n’être pas assez impatiente !

6) Ma plus grosse qualité : je suis impatiente (voir ci-dessus). J’en ai plein d’autres ! Par exemple, je suis très fidèle (à chaque fois). Et absolument pas exclusive, malgré ce que certains essaient de faire croire ! (à tort !)

7) Plutôt sucré(e) ou salé(e) ?

Je suis poivrée.

8) Mon signe astro : Cancer ascendant Pot d'Colle.

9) Ce qui me met le plus en colère : rien du tout. Je suis d’une patience incroyable. Je ne m’énerve jamais. Je suis cool. Super zen. Mon existence est un long fleuve tranquille. D’ailleurs, là, tout de suite, je suis zazen devant mon écran, même qu’il a fallu que je déménage tout, l’écran par terre, le PC sur le bureau, la chaise à la casse et moi à la masse. Mais je suis zazen et j’y reste (à vrai dire j’ai les jambes ankylosées et je ne peux plus me relever. Tant pis).

10) J’ai été institutrice en école primaire. Ensuite, bouchère sur les marchés (enfin plus exactement, caissière de mon boucher) (ça se dit, ça, caissière de son boucher ??). Après, serveuse dans un café. J’avais d’ailleurs un très vif succès, malheureusement ma carrière de serveuse adulée s’est éteinte aussi vite qu’elle avait commencé car le père de mes filles m’a plaquée et il m’a fallu trouver vite fait un truc super lucratif et c’est comme ça que je me suis lancée dans l’animation sur minitel – vous vous demandez peut-être, à juste titre, comment l’on peut, d’institutrice, passer à animatrice sur minitel, eh bien je vous répondrai sur le même ton que ça mes amis, c’est toute l’histoire de ma vie !!

11) La couleur de mes yeux:

poivre et sel (comme les cheveux).

12) Je parle avec ma sœur un langage codé. Je pense que ça vient du temps où on a vécu ensemble (pas chez nos parents, mais après). Par exemple, on s’attendrit devant les sarkoptères, on sort les poupous et on se dit à la propro. Et on évoque parfois Glougloute avec des trémollos dans la voix …

13) Y aura-t-il de la neige à Noël ? Si oui pourquoi ?

Ah, enfin une question intéressante ! Eh bien, oui, il y aura de la neige à Noël. Tout simplement parce que nous avons actuellement un automne pourri, plein de flotte et que cette flotte s’accumule dans les nuages où elle se condense, prête à bondir. Les nuages grossissent, grossissent, et quand ils seront devenus bien lourds, dans dix jours, ils exploseront comme un ballon de baudruche en larguant sur les humains ébahis leurs flocons jolis qui au passage se seront transformés en cristaux de glace. Ce qui me fait dire qu’il vaut quand même mieux être un nuage qu’une femme, parce qu’au moins eux quand ils grossissent ça sert à quelque chose !!

 

Bien alors, je refile le bébé …

À Marie (du Grand Est)

À Andiamo

À Xoulec (le Breton)

À Délia

À Blutch

À Cath

À Frédéric (Je sais, je suis une incorrigible rêveuse)

À Saby

À LadyObi

À Virevolte

À Kapal

À Pastelle

(Ne me remerciez pas, ma générosité est toute naturelle!)

22 décembre 2017

Flâner

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P'tite virée amiénoise à flâner le long du marché de Noël... Sage citation de Lafleur, le héros local:"Bien boire, bien manger, et puis ne rien faire!"

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C'est tellement joli quant il pleut, les pavés on dirait de l'or...

Sur la droite un groupe de comédiens je suppose, en tout cas ça filmait!

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Les voici de plus près!

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Des poissons volants! Bon, là c'était le soir et ils étaient couchés..

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Retour vers la cathédrale,

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admirer un nouveau spectacle haut en couleurs, comme son nom l'indique: Chroma..

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j'ai adoré!

19 décembre 2017

Cent fois sur le métier

Merci à Sophie qui m'a donné l'idée du texte d'aujourd'hui!

Alors je vous explique: ce sont les "mémoires" de ma fille. Elle me raconte toujours tout, avec les petits détails (j'adore ma fille!) et un jour elle m'a dit comme ça, "Pourquoi tu n'écrirais pas mes Mémoires, avec toutes les notes que tu prends?"

C'est comme ça que le tandem est né, elle adore parler (pas moi!) et j'adore écrire (pas elle!)..

Voici le début, comme d'hab dites-moi si cela vous plaît et si vous voulez la suite!

bleu

ACTUELLEMENT.

C’est cool c’est chouette la vie, même si bien sûr il y a des hauts, des bas, mais ça vaut le coup de la vivre, cette vie-là !

Alors tout d’abord, laissez-moi me présenter: je m’appelle Adeline, je fais 1m75 en talons et 52 kilos en rêve. J’ai les cheveux bruns, des petits seins espiègles et des cuisses contre lesquelles il n’y a pas eu de réclamations à ce jour. Je suis née en 1976, une année pourrie pour les cultivateurs et carrément détestable pour Mao qui est mort dix jours avant ma naissance. Car oui, vous avez bien compté : j’ai 39 ans !!! Bon ceci dit j’ai l’impression d’en avoir 17, et je pense que c’est à peu près ça, à la différence près que je paie mon loyer et que j’ai quelques marques de la vie sur le visage! Je suis Vierge, autant dire que la sagesse est ce qui me définit le mieux!! Enfin, ce qui définit le mieux la partie en moi qui est sage, parce que pour ce qui est de l’autre....

En amour, je n’irai pas par quatre chemins : je rame. Depuis que je m’envoie en l’air en espérant retomber du bon côté de la tartine, j’ai bien l’impression de passer mon temps rétamée du mauvais côté. Sur quoi ma mère m’assure que je dois avoir Confiance dans la Vie : "Cent fois sur le métier remets ton ouvrage.... " qu’elle me disait toujours quand j’étais petite…

Bilan : je passe mon temps à m’envoyer en l’air.

J’ai eu de vraies histoires quand même, eh oh, me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Une notamment. Il s’appelle François (récemment promu au rang de François 1er pour cause de concurrent de prénom) et c’est mon meilleur Meilleur Ami. Je l’aime mon François d’amour, malgré son caractère de cochon psycho-rigide la manie qu’il a de casser toutes mes baraques dès que je commence à me prendre pour la Princesse au Bois Dormant. Oui parce qu’en fait, je suis une crème. Tout le monde le dit : "T’es belle, t’es jeune, t’es gentille", et patati patata. Alors pourquoi suis-je encore célibataire à l’âge où ma mère pouponnait son troisième enfant (mon Petit Frère d’Amour), HEIN ???

Quoi d’autre ? Je fais partie d’une meute de gothiques à l’occasion, je m’amuse, faut dire que j’ai été en couple pendant 15 ans (voir plus haut), pas que je me sois ennuyée avec lui, bien au contraire ce fut une très belle histoire, mais le temps passant nous sommes devenus plus différents qu’on ne l’était déjà quand on s’est connus et on n’aspirait plus aux mêmes choses … On s’est donc quittés mais .... on est devenus AMIS !!! Et quand je dis que c’est mon ami je devrais dire en fait : c’est ma meilleure copine !!! Car en fait je n’imagine pas ma vie sans lui. Enfin, ma vie, je ne peux la voir qu’avec lui.

Mais sans lui.

Bilan je l’appelle quasiment tous les soirs, alors vous me direz, pour lui dire quoi ?? Ben on se raconte nos vies, nos histoire de sexe, le boulot, les emmerdes, les amis… Comme une copine, quoi !! Oui car malgré mes 843 amis sur Facebook que je connais tous en vrai, en réalité j'en ai que trois des vraies copines : François donc, ainsi que Sandie et Lili.

Alors Lili, la première fois qu’on s’est rencontrées, je lui ai dit "Mais qu’est-ce que t’es belle !" elle en est restée toute coite, et depuis, elle m’en veut à mort. "Mais pourquoi t’es pas un homme ?!! Moi je rencontre un mec qui me dit la moitié de ce que tu me dis, j'l’épouse !!!".

En attendant qu’elle croise cette rareté, régulièrement on s’offre des fleurs et on se donne des petits rendez-vous en amoureuses au restaurant.

À part ça, je suis une vraie fille : je sais me battre aux soldes, me vernir les ongles sans dépasser et mettre du rimmel dans le métro.

Je suis donc prête à rencontrer l’Amour de ma Vie.

D’ailleurs ça vous dirait qu’on le cherche ensemble ? J’espère juste que vous avez du temps devant vous!

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18 décembre 2017

Les hommes sont vraiment spéciaux

 

adopteunmec

13h, par téléphone

(Fille Aînée) Ça y est Maman j’me suis inscrite sur un site de rencontres ! Ça s’appelle "adopteunmec.com", tu vois tu te balades sur le site et chaque fois qu’il y a un mec qui te plaît tu le mets dans ton caddie !

(moi, interloquée) Ah ?

(Fille Aînée) J’en ai déjà sélectionné trois, et je les ai rencontrés, mais le dernier oh lalalala qu’est-ce qu’il est bizarre !

(moi, des images de mecs entassés dans un caddie plein les yeux) Ah oui ?

(Fille Aînée) Ben oui il était spécial, comment dire, si.. fougueux, si empressé ! Oh lala j’ai cru qu’il allait me sauter dessus, me dévorer toute crue !

(moi) En même temps si tu t’es pointée au rendez-vous comme quand tu vas à tes soirées gothiques avec ton corset vinyle, ta jupette en voile noir et tes épaules nues, il a des circonstances atténuantes le pauvre !

(Fille Aînée) M’enfin Môman pas du tout, j’étais en tailleur tout simple, normal quoi ! En plus il a bien mis sur son profil qu’il cherche un CDI ..

(moi) Un CDI??

(Fille Aînée) Oui enfin une histoire sérieuse quoi.. tu sais c’est comme ça qu’on met sur adopteunmec ..

(moi) Un CDI! Mais c’est bien sûr, où avais-je la tête ..

(Fille Aînée) .....Oh lalalala Môman pourquoi il m’a toujours pas rappelée ?? Les hommes sont vraiment spéciaux il faudrait la notice je te jure ! C’est bête parce qu’il me plaisait bien ! On dit les femmes ceci cela mais tu vois les hommes hein c’est pas mieux ! Pourquoi i’m’appelle pas ?

(moi) Ben ma chérie peut-être il a peur de te faire peur ? Peut-être il aime prendre son temps (au contraire de quelqu’une que je ne citerai pas) ?

(Fille Aînée) Oh lalalalala que j’aime pas attendre, que j’aime pas attendre !! Mais pourquoi il m’appelle pas ?

(moi) Oui là je ne sais pas quoi dire car l'impatience c’est pas du tout mon genre, t’as dû hériter ça de ton père ..

(Fille Aînée) Franchement il exagère !!! Je sais pas si je vais tenir longtemps ..

(moi) Ceci dit faudrait peut-être quand même mieux que tu attendes qu’il se manifeste ..

(Fille Aînée) Maman ça c’était de ton temps !!! (gloups, merci ma chérie!) C’est plus comme ça maintenant ! Bon, quand est-ce qu’il appelle ????

 

15h

(Fille Aînée) Ça y est Mamoune il m’a recontactée !!!!!!!!!!!!!

(moi) Eh bien tu vois, yavait pas de quoi t’inquiéter !

(Fille Aînée, sur un ton comme si c’était de ma faute) Maman, est-ce que tous les hommes pensent aux fesses ?

(moi) Heu .. heu.. heu ..

(Fille Aînée) .. parce que tu sais pas ce qu’il m’a dit ? "Je t’invite à boire un verre, puis je te prends et je passe la nuit avec toi !"

(moi) Ça a le mérite d’être clair !

(Fille Aînée) Ben oui mais pour qui il me prend ? Ça va un peu vite là ..

(moi) Ah c’est sûr, c’est absolument pas toi qui, il y a une heure à peine, était en train de me dire que tu n’aimes pas attendre .. Ah ça non, c’était pas toi ..

(Fille Aînée) J’aime pas attendre, mais j’aime pas qu’on me presse non plus !

16 décembre 2017

Notre seul territoire

babooshka

J’ai commencé un livre que j’avais offert à ma mère pour son dernier anniversaire. Évidemment, personne ne pouvait savoir que ce serait son dernier anniversaire. Cinq mois après elle n’était plus là. Mon Dieu.

Maman, comme moi, adorait les livres. Comme moi elle en avait toute une pile à son chevet mais elle les aimait différemment. Elle ne les marquait pas, rien, à peine si sur certains elle a laissé la date au crayon du jour où elle l’avait lu, de sa petite écriture légère, une caresse, à peine.

Et puis elle ne lisait absolument pas le même genre de livres que moi. Maman avait une passion pour les récits vécus, alors premièrement tout ce qui avait trait à la montagne, aux expéditions polaires et antarctiques, aux histoires de volcan, et deuxièmement un truc sur lequel je ne la suivais absolument pas, toutes les histoires de maladies, de détresse, quelque chose de vrai disait-elle, de vrai oui mais de pas gai. Misère, alors là, pas gai du tout ! Plus c’était dramatique, plus ça lui plaisait !!

C’est donc en tenant compte de ses goûts (et un tout petit peu des miens) que je lui avais offert "L’exil est mon pays" d’Isabelle Alonso, auteure que je ne connaissais pas du tout à ce moment-là. Depuis, et par hasard (vous savez comme il peut être taquin, le hasard !) j’ai lu quelques livres d’Isabelle Alonso et je les ai tous adorés. C’est là que je me suis rappelé que j’avais offert un livre d’elle à Maman, un livre comme elle les aimait, super triste à tous les coups.. avec un titre pareil !

Alors je l’ai cherché, où avais-je bien pu le fourrer ?? (les livres de Maman je les ai mis de côté pour la raison que je viens de vous expliquer).

Et j’ai commencé à lire..

En tournant les pages, je me demandais si Maman avait eu le temps de le lire avant de mourir. Je ne le saurais jamais, surtout que comme je vous l’ai indiqué, ses livres restaient comme neufs (alors que moi en une soirée j’ai déjà surligné plein de trucs). Je ne le saurais jamais et ça me fait suer. Ça m’aurait bien plu de lire des lignes que ma mère avait lues. Un peu comme la tendresse particulière que je garde pour le film "Braveheart", parce que c’est le dernier film dont mon père m’a parlé pour la raison que c’est le dernier film qu’il a vu. Et quand je pense au titre, "Braveheart", là encore je me dis qu’il n’y a pas de hasard..  

Parce que je vais vous dire un truc : je crois que d’une certaine façon, l’exil était aussi le pays de Maman. Je commence à avoir une idée infime de ce qu’elle a pu ressentir tout au long de sa vie. Elle avec son idéal avorté de Fils Parfait. Ce Fils tant attendu tant aimé tant adoré qu’elle n’a jamais eu, en réalité. Elle qui si souvent avait des "contractions de l’oephage" comme elle disait, elle contractait même le mot. Je sais ce que ça fait parce que j’en ai eu après sa mort, après sa mort j’ai développé tous les symptômes qu’elle avait, et les contractions de l’œsophage, un truc de fou, c’est pas grave mais ça fait un mal de chien ! Le docteur m’avait dit que c’est quand on mange trop froid, qu’on avale trop vite, sans prendre le temps. Des noeuds de froid au coeur, quoi. No comment. Maman en avait tout le temps.

Elle qui avait des sensations d’étouffement, l’air ne passait plus, elle allait le chercher Dieu sait où, et rien. Tout restait en dedans, toujours. Elle ne lâchait rien ma mère, purée, elle ne lâchait rien ! Seulement vous le savez, on est construits comme des poupées russes. Si on nous épluchait façon oignon on mettrait à jour, les unes après les autres, les versions successives de nous au fur et à mesure que l’on a grandi et vieilli. Comme nous tous, Maman trimballait au secret la tribu cachée et bien vivante des enfants qu’elle avait été, la petite fille d'à peine deux ans exilée en Suisse loin de sa mère, celle de six ans exilée chez son autre grand-mère "qui ne l’aimait pas parce qu’elle n’aimait que les garçons", chacune de ces fillettes qui étaient déjà elle, et que sa mémoire, malgré le cholestérol, les prothèses de hanches et le reste, n'avait jamais oubliées..

Ces petites filles sont-elles mortes avec elle ? Ou l’une d’elles a-t-elle sauté en marche pour aller se cacher dans les souvenirs de la génération suivante ?

La mémoire est-elle notre seul territoire ?

16 décembre 2017

La dernière ligne droite

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Bonjour à vous,

en ce doux matin gris, mon fils arrive de sa Bourgogne prénatale avec sa Gazelle et une semaine d’avance pour cause de plus de place dans le train la semaine du 24. Quand je pense que lorsqu’il s’est expatrié là-bas j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en imaginant que je ne le verrais plus ! Au final ils sont tout le temps fourrés à la maison! Comme quoi, hein, il ne faut jamais écouter la petite voix dans la tête qui nous parle quand on a peur (dit-elle, absolument pas convaincue).

Pour en revenir à nos moutons, de ce fait il est possible que je me connecte moins, mais je vais essayer de continuer à publier un texte par jour comme promis (Courage ! C’est la dernière ligne droite!).

Je vous souhaite une bonne journée et un bon week-end !

      (¯`v´¯)
     (¯`::´¯) 
                    ...   (_.^._)*•.¸¸.•*`*•.¸¸

15 décembre 2017

Dance in the kitchen

danse fenetre

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours aimé danser. C’est sans doute grâce à mon père. Le dimanche, sur son pick-up il passait des 33t de Brel, d'Aznavour, de Piaf, avec tous leurs tremolos dans la voix, il mettait le volume très fort et déjà à ce moment, haute comme trois pommes, j’avais la peau parcourue de frissons. Mon père ne chantait pas, il sifflait, il sifflait très juste d’ailleurs. Et puis surtout il aimait danser et le faisait merveilleusement bien. C’est lui qui m’a appris toutes les "danses de vieux" (dixit mon fils) et notamment la valse. Oh lala ! La valse ! Se sentir portée, transportée en toute légitimité dans les bras d’un homme !!! D’aucuns vont dire que je me traîne un vieux complexe d’Œdipe. Tant pis. La valse, c‘est beau.

On était une grande famille et on se réunissait tous les samedis. On mangeait, on riait toute la nuit, on buvait, enfin surtout les autres, moi je ne bois pas, enfin si à un moment je buvais un peu. Mais j’ai vite compris qu’il serait déraisonnable d’aggraver l’état dans lequel je suis sans même avoir bu.

Et donc, on dansait toujours beaucoup.

J’ai appris le tango avec mon cousin germain, celui que je voulais épouser. Pour finir on ne s’ est pas mariés, enfin si, mais pas ensemble.

Le tango, c’est bien. On se touche les mains, on se touche les joues, on se cramponne l’un à l’autre, d’ailleurs avez-vous remarqué que de nos jours les gens ne se touchent plus ? Pour une personne aussi tactile que moi, c’est triste. J’aime toucher l’autre. Il m’arrive souvent, tout en discutant avec quelqu’un, de lui toucher le bras, la main. Et quand je fais la bise, j’embrasse vraiment (je prends dans les bras). Oh ! Ne vous méprenez pas ! Il n’y a là aucune connotation sexuelle, d’ailleurs je touche autant les hommes que les femmes. Et puis j’ai appris avec le temps à reconnaître ceux que je peux toucher tout mon saoûl, sans ambiguïté, et puis les touche-moi-pas.

Quant aux hommes, pas d’équivoque possible : vous savez bien qu’un homme qu’on touche en discutant au troquet du coin, ce n'est pas un homme qu’on a envie de toucher.

Celui-là, il nous laisse tétanisée, asphyxiée, retour à la case gaga. On le toucherait qu’on ne pourrait plus se décoller. La seule option pour se lâcher serait de se trouver seuls tous les deux dans un petit coin loin des regards.. Mais qu’est-ce que je raconte encore?

Bon, revenons à notre danse.

J’ai eu ma période discothèque (maintenant je n’y vais plus, je suis une mémé calme et posée) (posée n‘importe où, mais bon).

Pour en revenir à la discothèque, c’est quelque chose de GÉANT. Comme les concerts. Quoique, les concerts, depuis que le festival en plein air sur l’île de Wight est dépassé, c’est plus ce que c’était pour danser, faire l’amour et toutes ces sortes de choses. Mais je m’égare encore.

Aller en boîte, disais-je, c’est hallucinant. La musique me pénètre de haut en bas, elle se répand dans tous les petits creux de mon corps, et si je ferme les yeux, c’est encore meilleur. Je dois être une des rares personnes qui ne va en boîte que pour danser. Je ne bois pas (voir plus haut), je ne parle pas (il faut crier, c’est relou), je ne drague pas (ou alors sans faire exprès) (quand il y a des slows par exemple) (or, il n'y en a plus beaucoup). Non, moi, je bouge mon corps dans la musique, ça m’excite et ça me détend tout à la fois, ça me réconcilie avec la vie, celle qui est laide, celle qui fait mal, ça me donne envie de hurler, comme Lavilliers lorsqu’il dit que la musique est un cri qui vient de l’intérieur,

je danse et je ne suis plus une petite chose perdue, je danse et enfin, enfin, enfin, je me rassemble, je danse écrasée dans trois millimètres carrés entre deux cent personnes, mais je danse. J'oublie le regard des autres, je me libère enfin ..

D’ailleurs ça me fait penser à une scène merveilleuse du film "Les enfants du silence", lorsque l'héroïne, une jeune femme sourde et muette se met à danser: son mouvement est langoureux, sensuel, bien sûr elle n’entend pas, mais elle ressent, elle ressent sur le sol et autour d’elle les vibrations émises par la musique, "Existe-t-il un monde où nous puissions vivre heureux, un monde entre le monde du silence et celui du bruit ?"

.. celui de la musique peut-être ..?

C’est fou quand même. Je me rends compte qu’en vieillissant, insidieusement, j’ai enfermé et retenu tout ce qui est ma raison d’être : les gestes, les mots, les éclats du cœur, les éclats de larmes, les bouche-touche-cherche, les enroulades de l’autre ..

Ambre Neige, 18 janvier 2007

14 décembre 2017

La reine en zénitude

bricolage gil elvgren

© Gil Elvgren

J’ai décidé de me lancer dans la réfection de mes fenêtres et volets ; oui, vous avez bien lu : une nouvelle Ambre est en train de naître, une nouvelle Ambre est née !

Bon, le truc c’est que je n’ai jamais fait ça de ma vie. Enfin si, mais il y a longtemps. Très.

Mais bon, rien ne peut arrêter la nouvelle experte es-rénovation de fenêtres et volets que je suis devenue en moins de trois secondes.

Or donc, je vous narre comment je vois la chose :

1) Munie de l’outil adéquat (c’est-à-dire le seul truc en ma possession)(j’ignore comment ça s'appelle. Tout ce que je sais c'est que ça a l'air de servir à gratter), donc, munie de l'outil adéquat, je gratte d’un geste altier.

2) La peinture s’envole toute seule dans un léger nuage parfumé.

3) Je repeins. En deux jours, tout est plié.

Au lieu de ça, il appert que la couche de peinture n’est pas décidée à se laisser gratter. Mais alors pas du tout. Elle s’agrippe de ses petits doigts musclés en hurlant "faudra d’abord me passer sur le corps". En plus, en fait de nuage parfumé, je me retrouve couverte de poussière blanche de la tête aux pieds, ce qui me fait tousser comme une dératée. Je risque l'intoxication pulmonaire. Imaginez ce que ça peut me faire, à moi une faible femme toute pétrie de bonnes et on ne peut plus récentes intentions de rénovation. Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? Hein ? Je vous le demande ?

Eh ben c’est ce que j’ai fait. Je lui ai poussé ma chansonnette :

Il était une petite peintureuuu, il était une petite peintureuuuu

Qui n’avait ja-ja-ja-mais été grattée qui n’avait ja-ja-ja-mais été grattée

Ohé ohéééééééééé!!!

C'est là que mon fils surgit, avec tout un pan du cerveau encore en plein sommeil paradoxal vu qu'il n’est que treize heures du matin. Et qu'est-ce qu'il voit ? Sa mère, recouverte d’une poudre blanche de la tête aux pieds, équipée d’un espèce de masque trouvé avec l’outil adéquat et des lunettes de plongée de son fils, fils qui, comme saisi d’une mini-attaque, reste accroché à la poignée de la porte, les yeux écarquillés et la bouche itou.

- Tu te prépares pour le Carnaval ?? C’est quoi ce souk ??" qu’il me fait, l’indigne chair de ma chair.

- Ça se voit pas ? Je gratte !" lui geins-je d'une voix d'outre-tombe à cause du masque.

- Môman, j’t’arrête tout de suite : là, tu grattes pas.Tu fracasses ! mes tympans, en l'occurrence !!"

Imaginez mon trouble. Personne n’aime croiser le chemin de quelqu’un qui vous assène que vous fracassez. Fut-ce des tympans en l'occurrence.

C’est dans des moments comme ça qu’on voit à quel point je suis devenue une reine en zénitude. Voyez, hier encore, j'aurais trépigné, quitte à en perdre tous mes moyens. Ce qui aurait été navrant, vous en conviendrez.

Ben là, avec une parfaite maîtrise de la nouvelle moi parfaitement zen, je lui tends mon outil adéquat et je lui fais :

"Tu dormais ? J’en suis fort aise. Eh bien, tu grattes maintenant !"

24 mai 2011

12 décembre 2017

Un seul tout de diverses parties

un seul tout 1

Dire que j’ai été surprise qu’aux aurores hier quelqu’un frappa à la porte serait exagéré. Ma sœur Brie m’avait prévenue qu’elle m’avait expédié quelque chose, ce qui fait que je n’ai eu aucun mal à briller par une sorte de préscience en annonçant à l’entourage, au nombre de deux de mes petits-fils, qu’au bout des doigts qui toctocquaient à la porte se tenait le facteur. Ceci dit, le facteur, on l’a à peine vu, dissimulé qu’il était derrière le volumineux paquet scotché par ma sœur comme si sa vie en dépendait. Quant au contenu du colis, pas de surprise : un des derniers envois étant un bureau/tabouret pour mon petit-fils number two, quoi de plus attendu que le dernier en réclamât autant ? Avec une difficulté supplémentaire, tant qu'à faire (un casier sous le bureau) !! Mais vous savez maintenant qu’à ma sœur (secrétaire de direction, à la base), rien d'impossible. Or donc, dans le colis, un joli tabouret couleur poussin, humant bon comme le précédent la menthe du jardin sororal.

 un seul tout 2

Mais pas que. La vie réserve tant de mystère. Il y avait une surprise, qui surgit devant mes yeux ébaubis et mon âme tout autant : une robe ! Que, comme vous supputez immédiatement, je me suis précipitée pour l’essayer. Enfin, essayer, c’est vite dit. Je suis restée coincée au milieu, la tête aussi rouge que la robe.

Alors mes amis, je vous le demande : à une pauvre femme au bout du rouleau, fragilisée par la désertion absolue de son humour suite à des trucs dans sa vie (vous savez, les trucs qui vous rendent plus forts quand ils ne vous tuent pas), auriez-vous l’idée de lui balancer une vérité sous forme de robe qui lui immole l’ego ? N’eût-on pas dû lui laisser ses illusions de nana super marrante bien qu’elle ne le sachât pas quand elle l’était encore ? N’eût-ce pas été là le vrai amour de la prochaine ? La vraie compassion qu’on doit avoir pour l’autre (surtout quand c'est sa sœur ?). C’est ça la tige en empathie qui penche vers celle qu’on chérit ! Et fi de la dictature du réel quand votre sœur est à terre !

Mais fi de ce fait. Ma soeur ne cherchait pas à mal. Comme tout le monde elle me voit encore comme celle que j’ai été longtemps, si fine, si drôle, si douée en informatique que tout le monde faisait des détours par Paris pour me voir.

C’est pourquoi j’ai quand même cherché une idée pour la remercier. Parce que je ne sais vous, mais moi, le geste charitable d’un cœur tendu vers un autre comme le bambou qui vient de naître, il faut que ce soit réciproque sinon on part sur du bancal.

Et le bancal, ça nuit.

Voire, ça fuit.

Or donc, virevoltant de-ci delà sur les blogs de bricolage, j’ai cueilli un truc dont elle se sert sans même savoir ce que c’est, si ça tombe : le tenon-mortaise.

Ah, le tenon-mortaise !!! C’est autre chose que le chevron de douglas, je vous prie de croire ! Déjà, vous sentez comme il fond en bouche ? Comme il est chaud, comme il est doux, comme il est fruité ?

Tenon et mortaise sont comme .. comment pourrions-nous dire ? Comme un homme et une femme au commencement du monde. Le tenon, ce vif mâle à la partie saillante prête à bondir, est prévu pour se lover dans la mortaise rouge de confusion. Seulement voilà. Vous voulez que tout ça tienne et que ça résiste au temps. Vous avez bien raison. C’est pour ça qu’il faut que votre tenon corresponde aux mesures de la dame. Heu, de la mortaise, veux-je dire. Entre parenthèses, il vaut mieux un tenon trop gros qu’un trop étroit. Avec l’étroit vous ne pouvez rien faire. S’il est étroit, il est étroit. Un trop gros par contre, vous pouvez toujours le limer jusqu’à ce que ça rentre ! Il est important, que dis-je important, il est ESSENTIEL que la mesure de votre mortaise soit en parfaite adéquation avec le tenon. Le seul truc, c’est qu’il ne faut pas être pressé. Si vous avez envie que ce soit fini avant même d'avoir commencé, ce n'est même pas la peine ! Il faut y aller par petites touches, tout en douceur, glisser votre tenon dans la mortaise à petits coups discrets, histoire qu'elle se creuse sans s'en rendre compte. Eh oui, il faut de la patience pour que le résultat soit solide! Tenon et mortaise doivent s’emboîter sans forcer. Si la mortaise résiste, c’est foutu !!

Pour l'ouvrir avec délicatesse, une seule solution: limez votre tenon, cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, car voyez-vous, le tenon-mortaise, c'est, comme disait Nico,

Se hâter lentement, et, sans perdre courage,
Polissez-le sans cesse et le repolissez :
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;
Que le début, la fin répondent au milieu ;
Que d'un art délicat les pièces assorties
N'y forment qu'un seul tout de diverses parties.

 

19 octobre 2012

11 décembre 2017

Le coup de la panne

24 sept 2015 pet pet (2)

Sur une petite route de la Nièvre...

Des champs à perte de vue, et là, au milieu, vous voyez ce minuscule point noir ? Qu’est-ce donc ?

Eh bien c’est une petite voiture, vous savez, de celle que l’on dit "voiture sans permis". Au volant, la chérie de mon fils, Gazelle de son état vu que c’est le surnom que mon fils lui donne (c’est mignon non ?). Oui donc, Gazelle au volant de sa boîte à sardines, fière comme je ne sais quoi, tandis que Gazon (ben oui, elle est un peu féministe sur les bords la Gazelle, alors du coup mon fils elle l'appelle Gazon), Gazon, donc, se cramponne à la portière... Vous savez ce que c’est, les femmes au volant!! Quand bien même elles roulent à 30 40 à l’heure!

Ils viennent de faire les courses, la voiturette est blindée, elle a le Q qui traîne par terre... (Je parle de la voiture, hein!). Quand soudain, teuf, teuf, teuf.

Teuf.

(Gazon) T’as pas besoin de me faire le coup de la panne hein, on couche déjà ensemble !

(Gazelle) Mais i’va où lui? J’te fais pas le coup de la panne ! ON EST VRAIMENT EN PANNE !

(Gazon) Comment ça on est en panne ? Où ça on est en panne ? T’as vu la chaleur qu’i’fait ? Et toutes les glaces qu’on a achetées, elles vont fondre ! Arrête ta mytho, démarre !

(Gazelle, qui remet le contact) Je démarre!! Tu vois bien que ça marche pas !

(Gazon, qui s’énerve) File-moi la clé !!!! Tu tournes dans le bon sens, au moins ?

(Gazelle) C’est ça oui, genre tu sais conduire toi maintenant ! Allez descends !

(Gazon) Descends?? Où tu vois que je descends ?

(Gazelle) Eh!!!! Tu crois quand même pas que c'est moi qui vais chercher un garage avec la chaleur qu'i'fait!! T'as vu où on est????

 

Des champs à perte de vue, et là, au milieu, vous voyez ce minuscule point noir ?

Serait-ce mon fils, une batterie de voiture dans les mains, perdu au milieu de nulle part sous un soleil de fou, qui grommelle "Mais que diable suis-je allé faire dans cette galère!!??!"

4 juillet 2015

8 décembre 2017

Pré-scriptum

Bonjour à vous,

je me permets de vous rappeler que je suis en train de faire un "calendrier de l'Avent blogguesque". Cette illumination merveilleuse m'est venue alors que toute inspiration m'a désertée, c'est la raison pour laquelle je vous raconte de vieilles anecdotes...

Merci à toi, Andiam', tu m'as inspiré sans le vouloir l'idée du post du jour!! En même temps, si je commence à vous raconter toutes mes histoires de gadin, on est tranquilles jusqu'à Noël de l'an prochain!!! rire

Bonne journée à vous, et bonne lecture!

20150603_160517

6 décembre 2017

Ma première fois

C’était en Yougoslavie, puisque quand j’avais dix-sept ans cette partie du monde s’appelait encore ainsi. Il y avait tout ce qu’il faut : le ciel infiniment bleu, le soleil infiniment chaud, la plage infiniment douce, la mer infiniment pleine de mazout (enfin ce n’est pas grave ce n’est pas dans le mazout que ça s’passe).

Bien entendu, il y avait eu quelques petits exercices pour me mettre en condition, sur le sable des déclarations enflammées, en tout cas c’est ce que je me plaisais à imaginer vu que je ne comprends pas le yougoslave. Il y a un mot qui revenait souvent, c’est cepalovici, ça veut dire brochette je crois mais j’espère que je me trompe.

Oui donc, qu’est-ce qu’il m’a fait comme plan celui-là : un air tout malheureux, il avait une de ces façons de plisser les yeux pour me mener où il voulait avec la pointe de son regard.. Il faut dire que c’était l’homme le plus beau que j’eusse jamais rencontré (si si, il méritait largement l’imparfait du subjonctif!).

MIAM. Mon petit cœur faisait Boumboum.

Mon Yougoslave s’appelait Jozsef. Ce n’est pas terrible comme nom, mais on ne peut pas toujours choisir (même si certains prétendent que si).

À vrai dire, j’étais très amoureuse.

Mais pas de lui.

L’autre (celui qui me plaisait) ne voulait pas de moi. Enfin si, il aurait bien voulu, c’est mon père qui ne voulait pas. De toutes façons celui qui me plaisait je ne l’avais pas sous la main, il était resté en France. Alors quitte à l’attendre, autant appréhender l’attente de façon ludique.

Bref. Pour vous expliquer mon état d’âme, j’ai fini par suivre Jozsef par dépit. Ce n’est pas une mise en condition faramineuse mais bon. Donc, il m’a emmenée très gentiment dans un petit coin isolé, abrité sous des pins, ça sentait bon, le sable était doux, etc, tout ce que j’ai déjà décrit plus haut.

Il m’a dit :"Comme j’ai envie de toi !" enfin, d’après ce que j’ai pu comprendre dans le laser de ses yeux.

La seconde d’après, j’étais toute nue.

La seconde d’après, il m’a dit "Comme tu es belle !" (toujours ma traduction approximative) (de toutes façons vous avez déjà essayé de répéter du yougoslave, vous ???)

La seconde d’après, il m’a écarté les cuisses.

La seconde d’après, il s’est mis à me laper consciencieusement de la hanche gauche jusqu’au pied gauche. Calamité. Qu’est-ce qu’il fait ? Ne devrait-il pas plutôt rentrer dans le vif du sujet ? Mais non, il s’acharne, trop content d’avoir trouvé un point sensible, et même deux, puisque j’ai deux jambes. Et toujours à me dire des mots doux auxquels je ne comprends rien. Et pourtant je vous prie de croire que son cinquième membre était en état d’éveil avancé. Mais combien de temps ça va durer, ce manège??? Si c’est ça les préliminaires, moi je ne prélimine plus jamais !

Puis d’un coup le voilà qui me pénètre. J’avais imaginé les cieux s’ouvrir, dans ma tête monter un hymne genre "la Marseillaise", ben au lieu de ça s‘impose à moi une phrase, "C’est à cette heure-ci que tu rentres ?", entraînant aussitôt un fou rire d’autant plus incontrôlable qu’il aurait été inopportun qu’il éclate. Je m’écrase les mains sur la bouche, pendant que Jozsef s’agite en hurlant qu’il m’aime. Ça j’en suis sûre, en yougoslave c’est volipte, j’ai appris très jeune comment on dit "je t’aime" dans toutes les langues, je me disais que ça peut toujours servir. La preuve.

La seconde d’après, il s’est écroulé sur moi en soufflant comme un âne atteint d‘emphysème.

Alors là, question : c’est fini ou c’est l’entracte ? Purée il ne bouge plus. Il a donc bien fallu que je me rende à l’évidence : c’était fini.

La première leçon a donc été rude, mais en fin de compte, c’est ce qui m’a donné envie de voir chez d’autres hommes s’il y avait plus à en apprendre.

Donc, Jozsef, je te dis: M E R C I !

16 janvier 2007

1974 8-3 n°9

Et vous, dites-moi?

Votre première fois?

 

5 décembre 2017

Les yeux plein d'extase

Je me suis intéressée toute petite à la seule chose qui vaille la peine en ce bas monde, en tout cas à mon sens : l’amour. Et plus précisément, l’amour entre un garçon et une fille, parce que j‘avais cru comprendre qu’on pouvait faire ensemble des trucs super chouettes qui nous assuraient le bonheur pour toute la vie, comme se marier et avoir beaucoup d’enfants (enfin, surtout, les faire).

Tout naturellement, je me suis d’abord tournée vers ma maman pour avoir de plus amples précisions.

C’est comme ça que j’ai appris que l’amour, c’est beau et pur. Tellement pur que quand Papa voulait lui prouver le sien, Maman esquivait (en tout cas au début. Je ne savais pas encore que c‘est une stratégie féminine, ah ! ah !) oui donc chaque fois que Maman le repoussait, Papa rentrait chez ses parents super contrarié et jouait du piano avec de grands gestes désordonnés si bien que toutes les touches volaient en éclat. Ce qui, il faut bien le reconnaître, ne mettait pas ma grand-mère dans les meilleures dispositions possibles au sujet de celle qui deviendrait un jour sa bru : qui pouvait bien mettre son fils habituellement si calme et si docile dans un état pareil ?? Sans compter que les rendez-vous de mes parents finissaient par lui coûter cher en touches de piano.

Or, donc, disait Maman, l’amour c’est bôô et pûûr.

"J’avais plein de copains", disait encore Maman, "j’étais un vrai garçon manqué, je n’me suis jamais entendue avec les filles. Les filles, beurk !! c’est faux-jeton et compagnie !! Mes copains, je partais camper avec !" (Chouette! me disais-je, on va rentrer dans le vif du sujet !) "Ton père ça le rendait fou !", continuait Maman, "Mais bon, on cam-pait, hein ! Je couchais pas !!" (Oh non !! FLÛTE!!)

- Ton père, ça a été le seul ! (Ah, tout de même!! Et alors ??)

- Et alors quoi ? Ben j'me suis retrouvée avec toi !

Quatre lettres. Pas mieux : BIDE.

Bon, me suis-je dit la mort dans l’âme. Il va falloir chercher ailleurs.

Il s’appelait Jean-Paul. En plus j'me disais que c’était forcément un bon filon parce que ses parents avaient cinq enfants. C’est dire s’ils devaient connaître le mode d’emploi ! Las !! Jean-Paul était super timide. Pourtant, il y avait eu des épisodes d’investigation très prometteurs dans les caves de l’immeuble où nous habitions, mais ils n’ont jamais abouti à ce qu’il était censé m’enseigner pour la bonne raison qu’il devait chercher lui-même ce que j’espérais qu’il m’apprenne.. (Comme quoi, hein ! Il ne faut jamais se fier à un garçon à qui on est obligée d'apprendre à faire du patin à roulettes !)(Jean-Paul, pitié si par extraordinaire tu tombes sur ce blog : JE PLAISANTE !)

Alors sinon, il y a eu Dominique. Le problème c’est qu’il était très grand (ou alors c’est moi qui étais très petite, c‘est selon)(en âge, veux-je dire !). En plus, Dominique ne jurait que par le cochon. Le jeu du "cochon qui rit", vous connaissez ? Il devait se dire que c’était bien le seul truc potable qu’il pouvait faire avec une minote comme moi.

Or donc, je vous laisse imaginer la scène : la moi petite, assise par terre, en face d’un Dominique super concentré sur son (-« (« ç_è_èàçç-(-ç( de purée de jeu de cochon.

Je l’observais du coin de l’œil, mon Dominique au corps de braise, - oui, je sais, j’étais précoce - en train de taper ses viriles cuisses chaque fois qu’il jetait un 6 aux dés. On ne peut pas m’enlever que j’ai toujours su très jeune ce que je voulais (même quand je n’arrive pas à l'avoir, mais c‘est une autre histoire). Et puis comme disait ma grand-mère, "Si tu décides pas qu’un homme est un homme, n’espère pas t'en servir un jour".

Or donc, j'observais mon Dominique dans un but totalement désintéressé, seulement voilà, j’avais beau mettre et remettre le contact à coups d’œillades appuyées qui ont largement fait leurs preuves depuis, tout ce que j’ai réussi à allumer c’est mes nerfs chaque fois qu’il s’esclaffait en vissant une queue à son cochon.

Finalement, c’est mon cousin.. Pas celui que je rêvais d’épouser, mais son frère, l’aîné de la cousinade. Un espèce de grand ténébreux tout timide, taciturne et solitaire, toujours seul dans son coin. C’était le seul de mes cousins avec qui je n’avais pas tellement de relations rapport aux traits de caractère que je viens de mentionner. Or, à l’époque où il a fait son service militaire, on s’est mis à s’écrire assidûment, moi parce que j’ai toujours aimé ça, lui parce qu’il s’ennuyait ferme. Du coup, quand il avait des perms, il venait me chercher - normalement je n'avais pas le droit de sortir, mais là, c'était différent, mon père avait toute confiance, puisque c'était avec mon cousin ..

C’est comme ça qu’un jour, il m’a emmenée aux Vingt-Quatre Heures du Mans. On avait dormi chez un pote à lui, avec tout un tas d’autres potes à lui, tous plus vieux que moi, évidemment, puisqu’ils avaient l’âge de mon cousin. Le soir, ils discutaient sans accorder la moindre attention à l’insignifiante gamine que j’étais pour eux. Et bien sûr ils parlaient des filles.. et de tout ce qu’on peut leur faire avec un brin d’imagination ..

Et voilà comment j'ai su.

Bon, le truc, c’est qu’à les entendre j’ai cru longtemps que le .. enfin, le .. le "machin" des garçons était comme qui dirait, téléguidé, qu’il trouvait le chemin tout seul, et qu’en plus, ça faisait direct crier et se tordre les filles de plaisir, qu‘elles en mouraient de volupté avec les yeux plein d’extase, si bien que j’ai été un peu surprise lorsque pour moi la chose fut venue..

Mais ceci est une autre histoire ..*

 

femme

 

* Si vous voulez que je vous la raconte, dites-le moi en commentaire! content1 (2)

 

 

4 décembre 2017

Chez le dentiste

Surprise : ce n’est pas la même assistante dentaire que d’habitude. Et non seulement ce n’est pas la même, mais c’est une que je connais bien vu qu’on a habité longtemps dans le même coin.. On commence donc par se taper une petite causette, on se donne des nouvelles de nos fils. Elle me sert l’apéro comme elle dit (le gobelet que tous les dentistes proposent quels que soient les soins, avec juste de l’eau).

La dentiste arrive sur ces entrefaites et demande si elle nous dérange ? C’est qu’elle a une anesthésie à me faire, elle ! Pf, quelle rabat-oij! Je ne sais pas si je vais la garder dans mes relations, celle-ci.. Surtout que, je ne sais pas vous, mais moi les piqûres, j’aime pas ! Et les piqûres d’anesthésie dans la gencive, encore moins que pas ! J’essaie donc de l’amadouer, mais rien n’y fait. Elle arrive avec sa grosse seringue, et le pire de tout, c’est qu’elle commente.

(la dentiste) Alors là voyez-vous, j’enfonce bien pour que ce soit parfaitement insensibilisé..

(moi) Hhhhh..

(la dentiste) Allez, encore un p’tit coup ici !

(moi) Rrrrrhhh..

(la dentiste) Ah oui, je sais, dans la gencive c’est très très sensible ..

(moi) Rrrrrrrrhhhh..

(la dentiste) Eh hop ! Un dernier pour la route !

(moi) Rrrrrrhhhhhhhh..

Bon. L’anesthésie est faite.

(la dentiste) Bien. Maintenant vous vous reposez. Pourquoi vous êtes tendue comme ça aujourd’hui ? D‘habitude vous êtes pas comme ça ?

Pourquoi j'ai choisi cette dentiste, déjà? Ah oui: son humour!!

(la dentiste) Vous voulez de la lecture ?

(moi) Vous auriez pas du thé plutôt ?

Ben non, pas de thé.. L’assistante vaque. La dentiste surfe.

Cinq minutes s’écoulent..

(moi) C’est normal que je ne me sens pas du tout ankylosée ?

(la dentiste) Absolument. C’est une toute nouvelle anesthésie composée uniquement avec des plantes. Il n’y a pratiquement pas d’effets secondaires parce qu’elle est toute douce. Vous voyez on n’a plus la bouche déformée comme avec les anciennes anesthésies. D'ailleurs je la teste sur vous.

(moi) Oh ! Joie !

(la dentiste) C’est pour ça, dites-moi bien comment vous vous sentez ?

(moi) Oh bah j’me sens de rentrer chez moi là tout de suite ?

(la dentiste) Ah !Ah ! Toujours le mot pour rire ! Je vous reconnais bien, là !

Quinze minutes..

Je compte les carreaux au plafond, de toutes façons il n’y a rien d’autre à faire, et puis j’avoue que je commence à somnoler sérieux. Je me demande si c’est déjà arrivé qu’une de ses patientes s’endorme pendant qu’elle lui arrache une dent ? Ce serait une première ! Quelle gloire pour son produit anesthésiant à bases de plantes douces ! Allez tiens, je vais piquer un p’tit roupillon..

RATÉ. La dentiste rapplique juste au moment où je commençais à fermer les yeux ! On ne peut jamais être tranquille, c’est insensé cette histoire !

(la dentiste) Bon je teste ! Je vais vous donner quelques coups vous me dites si vous sentez quelque chose ?

(moi, la bouche grande ouverte) Hhhhh !

(la dentiste, à grand renfort de BAMBAMBAM !) J’vous fais mal ??

(moi, la bouche grande ouverte) Hhhhh !!

(la dentiste) Parfait. On y va. Je prends ma pince.

(moi, la bouche grande ouverte) HHHH !

(l’assistante, à la dentiste) Vous croyez que cette pince est assez solide ? (puis se tournant vers moi) Vous comprenez, avant, j’étais coiffeuse, alors j’ai pas l’habitude !

(moi, la bouche grande ouverte) HHHH ?

(la dentiste) Bon ! On va y aller en plusieurs fois, elle est grosse !

(l’assistante, à moi) La dent, pas vous ! Ah !Ah !

(moi, la bouche grande ouverte) HHH ?!

CRRRRRRR CRRRRRRRRRRRRR !!

(l’assistante, me hurlant dans l’oreille) Ça fait du bruit hein ??? C’est horrible hein ??? Ça fait pas mal, mais qu’est-ce que ça fait comme bruit !!!

(la dentiste) Et d’un !!!!!

(l’assistante, à la dentiste) Au fait vous êtes sûre que c’est la bonne ?

(la dentiste) Arrêtez, j’ai un doute maintenant ..

(l’assistante, à la dentiste) Ça saigne beaucoup ! (puis se tournant vers moi) Vous comprenez, je débute, j’ai pas l’habitude ..

(la dentiste) Et de deux !

(l’assistante, à la dentiste) Le morceau qui reste il a l’air coton ! On va être obligées de le casser à coups de pioche ah !ah !ah ! Que je suis drôle !

CRRRRRRRR CRRRRRRR BAMBAMBAM !!

(la dentiste) Et voilà ! C’est fini ! Bon…. Je vous mets un coton hémostatique. Appuyez bien dessus !

(l’assistante, à moi) Oui, serrez bien le coton. Je reste à côté de vous ! Je vais vous faire la conversation, vous êtes contente ? Vous comprenez, j’ai l’habitude de parler aux gens, rapport à mon métier d’avant.. Coiffeuse… D'ailleurs c’est pour ça que la dentiste m’a choisie.. Le seul truc c’est qu’ici les gens peuvent pas me répondre ! Ils ont tout le temps la bouche ouverte ! C’est bête, hein?

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Ah bah ça, pour être bête, C'EST BÊTE!

22 octobre 2009

 

2 décembre 2017

Réconciliation

Ma grand-mère n’a pas toujours été une grand-mère. À quinze ans, c’était une pure blonde à la peau diaphane avec de grands yeux azur. Des yeux de myope. Ce sont les plus doux, m’a-t-on souvent dit. Surtout que ma Mamy était bien trop coquette pour accepter de poser sur son adorable petit nez les affreuses binocles de l’époque!

Quinze ans, donc. Et cet air que certains ados d’aujourd’hui arborent à grand renfort d’extasy, ma Mamy l’avait naturellement: regard rêveur, transparent, pailleté d’étoiles. Seulement voilà, ce beau petit bout de nana habitait la région parisienne, c’est-à-dire à plus de deux-cent kilomètres de son prince charmant.

Par chance, le destin s’en est mêlé. Des volontaires pour un atelier de cheminots, sis dans le Pas-de-Calais? Allez zou! Toute la famille, les parents, les sept enfants, les deux chiens, la tatie - veuve d’un Comte de Brunswick, s’il vous plaît - vient s’installer à deux pas du destin et de ma conception à venir.

Prenez maintenant le Don Juan du coin. Dix-sept ans, le cheveu noir, hérité d’une lointaine, mais noble, cousine basque, l’œil de braise, le menton fier, un je ne sais quoi d’altier dans le port de tête, dans l’allure. Le genre de celui qui a gagné le gros lot à la loterie génétique. Tous les attributs que l’on croyait morts avec Arthur et les Chevaliers de la Table Ronde, mon futur grand-père les a. Que dire encore ? Qu’il est loyal, franc et courageux, qu'en toutes circonstances il va droit au but. Un homme qui ne s’embarrasse pas de fioritures, et qui même s’amuse à surprendre, voire à choquer : vous aurez une petite idée de l’homme que fut mon grand-père. Impulsif, impatient, ses colères sont pourtant vite oubliées. Oui, mon grand-père est tout, sauf ennuyeux. Certes, ma grand-mère en fera les frais, car en amour, il aime POUR LA VIE, seulement voilà, il aime souvent ..

Voyons la suite.

Très simplement. Au cours d’un bal. Bien sûr, comme ma Mamy n’a pas encore 15 ans, son grand frère la chaperonne.. (si par extraordinaire, un jeune me lisait, je précise que ce verbe désuet n’a que peu de rapport avec le Chaperon Rouge). Il faut croire que des obligations l’ont appelé ailleurs, le grand frère, parce qu’aussi sec, mes futurs grands-parents se connaissent (au sens biblique, veux-je dire). Et se mettent à ne plus voyager que sur une mer de phéromones. C’est ma grand-mère, surtout, qui n’arrive plus à atterrir. Genre de petite nana à avoir avalé le résumé de Roméo et Juliette. Le bout de ses doigts, de son cœur, de son esprit, la moelle de ses os semblent complètement imprégnés de lui. Il est sa première et sa dernière pensée de la journée. Tu me manques, lui dit-elle avec des cœurs dans les yeux. Je meurs d’impatience de te voir. Quand est-ce qu’on se voit? Bientôt? N’importe quand! Est-ce que je t’ai déjà dit que tu me manques?

Et le grand frère, me direz-vous? Eh bien le grand frère, voyez-vous, s’est lui aussi trouvé une princesse. Alors pour la surveillance, il y a eu comme qui dirait du laisser-aller.. Si bien que ce qui devait arriver arriva, sous forme de menstruatum interruptus merdouilloum ...

Du jour au lendemain, les valises sous les yeux de ma Mamy ressemblent aux autoroutes qui ne sont pas encore construites dans le coin.

Maria, la mère de ma Mamy, est du genre pragmatique. Elle attrape sa blondinette par la main et va aussi sec exprimer ses revendications matrimoniales aux pieds d’Olympe, ma future arrière-grand-mère (j’avoue, rien que son nom fait frémir !!).

Olympe éclate de rire, dévoilant une quantité phénoménale de dents. Comme elle parlait chtimi, la traduction approximative donne ceci : "Min garchon est trop jeune pour se marier, il doit vivre sô vie! J’ai lôché min coq, fallô rintrer vos poules!"

Et elle conclut l’entretien par un sourire rectangulaire.

Ma petite Mamy s’effondre dans un torrent de larmes. Elles lui sortent par les yeux, par le nez, par les oreilles (si,si !). En quelques jours, sa petite vie proprette est transformée en un diagramme de Venn, avec des cercles et des flèches dans tous les sens.

Mais bon hein. Des milliers de femmes accouchent tous les jours, ça ne doit pas être si terrible que ça ! Une de ces choses dont on se fait tout un monde, mais dont on finit bien par en voir le bout (un peu comme la grosse lessive au lavoir dans l’eau glacée !).

Bien, bien. Ma Mamy s’y est donc collée. Surtout qu’au terme des neuf mois réglementaires (enfin, huit pour ce qui concerne son premier-né), il a bien fallu qu’elle s’y colle. C’est comme ça que mon papa est venu au monde, pas franchement, franchement désiré.

Du coup, enfant, il en a cultivé comme un ressentiment. Solitaire et studieux, il s’enfermait avec ses cahiers très bien tenus, ses stylos à encre de diverses couleurs, qu’il remplissait dans de petites bouteilles Waterman, ses petits soldats de plomb et ses livres écrit en vieil allemand (avec lesquels, plus tard, il m’a fait apprendre cette langue).

Mon père n’a jamais su parler ses sentiments, mais il parlait très bien le piano. Le piano était sa respiration, sa voix, son évasion. Il déroulait les touches du clavier comme la brodeuse les vingt-six lettres de l’alphabet au point de croix.

La colère, les genoux tremblants, la gorge sèche, et le piano devenait son exutoire, son punching-ball. Enfin il s’abandonnait, enfin il lâchait prise. Il se mettait à son piano et le piano venait à lui, comme une grâce tombée du ciel, qu’il ne cherchait pas, n’attendait pas, ne méritait pas, mais qui le surprenait toujours. Son piano était le rayon de soleil qui le consolait de ses colères, l’ami qui le touchait en plein cœur quand il était triste. Son seul ami à vrai dire..

Lorsque nous étions petits, mon père jouait du piano tous les dimanches. Et je ne peux plus en entendre sans frissonner..

 

1957-Nad 2 ans piano

le piano de mon père et moi

 11 mai 2007

1 décembre 2017

Calendrier de l'Avent

2010 13 aout 144

 

Bonjour à vous,

en ce premier jour de décembre, j'ai décidé de vous proposer un texte par jour en guise de "calendrier de l'Avent blogguesque". Ne cherchez pas, ça vient de sortir, enfin je crois!

Aussi, n'hésitez pas à me donner votre retour! Dites-moi si l'idée vous séduit et si vous aimez mes textes..

On commence par le commencement?

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