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30 mars 2020

Là-haut sur la colline

Cette semaine, Le Goût nous suggère de parler de la liberté, de l’évasion.

J’ai cherché ce que je pourrais bien vous proposer. Je me suis finalement arrêtée sur une histoire qui, à défaut d’être totalement dans le sujet (chassez le naturel..), présente l’avantage d’avoir quelques rebondissements. Si ça vous plaît, cela va donc nous occuper toute la semaine ! (je précise que c’est une histoire hautement véridique ! D'ailleurs, tout ce que j’écris est toujours absolument vrai !)

Je vous souhaite une bonne lecture et une belle journée !

Ouaf ! (Ça, c’est pour Narco !)

rousse robe

Il y a très longtemps vivait dans la lointaine Irlande une très belle et très rousse reine guerrière qui répondait au doux nom de Mebd (Maëva en langue moderne), nom qui signifie "ivresse". L’ivresse, Mebd en effet était prompte à en jouir, que ce soit d'alcool, au combat ou tout endroit où elle pouvait s’abreuver de mâles. Pour tout dire, Mebd est l’exemple le plus abouti de la souveraineté féminine absolue. Autour d’elle gravitait un nombre impressionnant d’amants, ce qui donne une petite idée du statut qu’avait la Femme chez les Celtes, et on ne peut que regretter que l’homme actuel n’ait pas hérité de leur lucidité et de leur perspicuité.

Un jour que Mebd se promenait dans les montagnes galloises, elle s’arrêta pour brosser ses longs cheveux (oui, en plus d’être super belle, elle avait de beaux cheveux longs) lorsque soudain, elle vit quelque chose bouger dans les buissons. Elle se pencha avec grâce (non contente d’avoir une chevelure de feu elle était aussi gracieuse : le monde est d’une injustice !) et vit que c’était un homme. Justement, elle commençait à être lasse de ses trois maris qu’elle avait d’ailleurs épuisés, aussi entreprit-elle de séduire ce pourvoyeur potentiel de sensualité qui répondait au nom d’Ailil et dont elle fit son quatrième mari. (En fait, il suffisait qu’elle regarde un homme pour qu’il ait envie de lui sauter dessus, ce qui était quand même, il faut bien le reconnaître, drôlement plus efficace que de s’inscrire sur Adopteunmec).

Pendant que se déroulaient ces événements d’une sensualité inouïe, régnait un peu plus au nord un certain Fergus Mac Roeg, géant de son état dont on disait qu’il était aussi fort que sept cent hommes, ce qui fait quand même beaucoup. Ses repas se composaient de sept bœufs et de sept porcs et il lui fallait sept femmes tous les soirs, vu que ses attributs virils avaient, disait-on, la taille de sacs de farine (je n’aurais pas aimé être à la place d’une de ses femmes).

À la suite d’une bataille amicale dont les Celtes avaient le secret, Fergus dut s’exiler et les pas de son cheval le portèrent chez le roi Ailil et la reine Mebd. Vous devinez la suite ? C’est bien ça : par une belle nuit de Samaïn, Fergus devint l’amant de la reine qui avait un sens aigu de l’hospitalité, sens qui n’eut pas l’heur de plaire à Ailil (les maris je vous jure, quels rabat-oij !).

Dans un accès incompréhensible de jalousie, il fit zigouiller Fergus par ses hommes  – enfin quand je dis ses hommes, ça devait plutôt être son armée : pour un géant flanqué de deux sacs de farine il a sûrement fallu ça !

Après quoi, épuisé par toutes ces émotions, Ailil alla siffler là-haut sur la colline afin de méditer sur les malheurs de sa vie. Or, comme je l’ai précisé, ces événements d’une violence extrême se déroulaient pendant la nuit de Samain, autrement dit le moment le plus terrible de l’année, celui où commence la saison sombre et où les portes du monde des morts s’ouvrent pour laisser libre accès aux fées et aux sorcières.

Aglagla.

C’est ainsi que devant les yeux estomaqués d’Ailil apparût en cette funeste nuit une femme d’une blondeur extraordinaire, munie d’une harpe dont les notes l’invitaient à monter direct au septième ciel. Ailil ne se sentit plus de joie : en trois secondes il ressemblait au loup de Tex Avery langue dépliée, ouvrant et fermant les yeux pour trouver la force qui était en lui. Las ! Ce n’était qu’un faible mâle, et plutôt que de supputer des débordements innommables où la belle serait à sa merci, où sa prosopopée aurait dépassé ses pensées, où son corps, lourd comme un cheval mort .. Bref, comme fou le roi se saisit de sa lance pour en transpercer la jeune fille (c’est une image, hein, je ne voudrais pas heurter mon lectorat fidèle en lui assenant des scènes trop crues), lorsque d’un seul coup, la délicate jeune fille se transforma en une espèce de géante (magnifique, certes, mais vraiment très très grande) entourée d’une fulgurante et éblouissante lumière.

"Crois-tu vraiment pouvoir me transpercer de ton dard ? Stupide mortel, ne m’as-tu donc pas reconnue ?"

Derrière l’immense et lumineuse créature babillaient des oiseaux échappés de l’histoire de Blanche-Neige. Et, en cette dernière nuit d’octobre qui donnait à la belle un visage un peu blême, le roi Ailil n’eut plus aucun doute : il était face à Áine, la reine des fées, la déesse de l’Amour et de la clarté du soleil ...

 

À suivre..

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28 mars 2020

☼ Ça va aller de mieux en mieux ☼

Depuis le début du confinement je ne sortais plus de chez moi. Je ne comprenais rien à leurs consignes, à quoi avait-on droit exactement ? Alors je restais à la maison, et, privée de ma délicieuse dose d’endorphines liées à la pratique de la nage et de la marche sous le ciel bleu et sous la pluie, je déprimais avec méthode.

Puis je vous ai écrit et cela m’a fait du bien. Je crois que c'était après la BD que j’ai lue sur le blog de Saby, enfin plutôt un lien qu’elle a mis, celui-ci : CLIC.

J’ai beaucoup aimé les dessins, alors je me suis mise à lire sans méfiance, et d’un seul coup toutes mes vannes ont lâché, je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer.

Ensuite vous m’avez écrit. C’était des bonbons à sucer. J’ai séché mes larmes, j’ai redressé la tête, j’ai pris ma liste du jour (j’ai toujours adoré les listes, chez moi il y en a dans tous les coins) et, après avoir relu les consignes sur l’autorisation de sortie, j’ai écrit : sortir un peu.

J’avais décidé d’aller jusqu’aux champs. C’est un des endroits de ma ville où je vais d’habitude en étant sûre de n’y croiser personne.

Comme il faut s’y attendre, ce ne fut pas le cas. Pour m’y rendre j’ai croisé des gens, seul ou à deux, chacun, moi y compris, marchant au milieu de la route (j’habite une petite ville où il y a peu de circulation en temps habituel), de manière à gagner chacun son trottoir quand on se croisait. J’avais le cœur qui battait. Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, j’aurais eu une envie folle de croiser un piéton normalement.

Quand j’ai emménagé ici, on avait vue sur des champs, des champs, des champs (maïs, petits pois). Maintenant, à la place des champs, on a vue sur des immeubles (avec, en ce moment, plein de gens confinés dedans).

Je traverse la cité, suivant le principe dit plus haut (milieu de route, trottoir opposé, etc).

Me voilà face à mes champs. Oui, je sais, je suis possessive. C’est comme ça.

Je me gave de leur vue. Je me gave du ciel. Je pense à Marie, je pense à toutes les personnes mal loties.

Je pense au mail que nous a envoyé la prof de yoga, à se répéter en boucle jour et nuit, pour soi et pour toute la Planète : "Ça va aller de mieux en mieux. Ça va aller de mieux en mieux."

Sur le chemin un couple de femmes arrive en face. Zut. Le chemin est étroit, je fais demi-tour ; au bout d’un moment, je jette un œil derrière moi, les deux femmes ont bifurqué, je refais demi-tour et reprends ma marche.

Allons bon, un homme maintenant ; tant pis, on se croise, chacun de son côté. Est-ce que le chemin fait un mètre de large ? Je n’en ai aucune idée.

Au retour, je m’arrête devant un forsythia. Je me gave de son jaune d’or, de sa chaleur. Mon père en avait un dans son petit jardin.

Courte mais rassérénante, cette petite balade. Ça m’a fait du bien, et hier, j’ai recommencé.

Puis, comme je ne pleurais plus, je me suis mise à penser.

Au début de l’année, j’avais pris des nouvelles de mon parent du Nord (le fils de ma cousine âgée que j’aimais tant), il était malade, une sorte de bronchite, il avait peur d’avoir le coronavirus, il en mourrait c’est sûr. De quoi parlait-il ? m’étais-je demandé. Je l’avais trouvé bien déprimé.

Une semaine plus tard je l’ai rappelé (je savais son traitement terminé), il était guéri.

En février, le virus s’était propagé. On n’en parlait toujours pas. Ou si peu.

Pour ma part, j’avais commencé à ralentir ma chère piscine, car s’il y a bien un endroit où les virus prennent leur pied, c’est la piscine ! Surtout depuis que, pour une raison totalement incompréhensible pour moi, on n’y met plus d’eau de Javel! (Des gens ont-ils râlé à cause de l’odeur ? Ou parce que ça piquait leurs petits yeux ?)

C’est comme ça que je me suis dit que finalement, les balades, même courtes, même pas loin, ce n’est pas une bonne idée, puisque ce n’est ni indispensable ni de "première nécessité".

Donc, deuxième jour : je regarde pousser le forsythia de mon voisin, et j’en éprouve du bien-être.

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26 mars 2020

Message provisoire

Ce matin je me suis réveillée avec un mal de poumon. J’ai essayé de ne pas paniquer et j’ai pris un Xanax. Je sais d’expérience qu’un mal de poumon qui passe avec un Xanax, ce n’est pas le poumon, c’est la tête.

Je me suis remise au chaud dans mon lit, cet endroit où je suis dehors. Je veux dire : je rêve que je suis dehors. En ce moment, je n’ai jamais autant marché la nuit.

Deux heures plus tard, je me réveille, je pleure. Une fois de plus. Je ne le fais pas exprès, je n’y pense pas, je pleure. Voilà.

Je ne pleure pas mon petit confort, je ne pleure pas mes plaisirs enfuis. Du confort, j’en ai comme jamais je n’ai eu. Certes, nager me manque affreusement. Même marcher dehors .. dehors, mot magique .. dehors..

"Avant", quand je nageais avec un ciel bleu magnifique au-dessus de ma tête, ça me faisait un bien fou.

"Avant", quand je sortais de la piscine, caressée par les petites fleurs des arbres fruitiers balayées par le vent, ça me faisait un bien fou.

"Avant", toutes mes cellules absorbaient le soleil et sa lumière. Ma vie était une chanson.

Qu’est-ce qui a changé ? Le ciel bleu est toujours bleu, en tout cas en ce moment. Le soleil aussi. Enfin, je veux dire, il est toujours là.

La seule chose qui a changé c’est ma façon de les percevoir. J’en conclus que, malgré ce que je crois, je n’ai rien accepté du tout. Je ne vais quand même pas passer mon temps, dans la situation privilégiée dont je jouis, à pleurer toute la journée. Je dois trouver un moyen d’intégrer la nouvelle donne afin de ne plus l’éprouver comme un facteur paralysant à éliminer à tout prix, mais comme un élément qui ne requerra aucune attention spéciale.

Il faut donc que je m’adapte. Il faut que j’arrête de comparer avec avant. Comparer avec "avant" ne me sert à rien, puisque ce n’est plus comme avant. Ce ne sera plus jamais comme avant, c’est en tout cas ce que j’espère, car si ce que nous vivons ne nous apprend rien, alors c’est à désespérer de la race humaine.

Après, je ne sais pas si je vais y arriver, mais en tout cas, il faut que j’essaie.

Premier jour : chaque fois que je passe devant la fenêtre ouverte, je regarde le ciel bleu et le soleil, et je me sens bien..

24 mars 2020

La Grenouille qui voulait ...

Mardi, jour de yoga sans yoga.

Et encore, il ne faut pas que je me plaigne, notre prof nous envoie des petits exercices à faire par audio..

C’est vrai qu’on a une chance inouïe. La même situation il y a seulement vingt ans et là, on aurait vraiment été coupés de tout. En fait, comme le disait Heure-Bleue, quand on pourra ressortir on remarquera des choses auxquelles on ne faisait même pas attention d’habitude. Et ce sera savoureux.

Ceci étant, rien ne nous empêche de commencer maintenant.

Chaque jour qui passe et qui me permet de m’endormir sans avoir appris qu’un de mes proches est malade : MERCI.

Chaque jour qui passe et qui m’offre lumière, soleil, ciel bleu : MERCI.

Chaque jour qui passe où je suis là, tranquillou, bon OK j’ai mal partout parce que je ne peux plus nager, mais je suis quand même tranquillou pendant que des gens se battent pour nous, prennent soin de nous, prennent des risques pour nous : MERCI. Pour eux, il faudrait inventer un mot, des mots.

Il faudrait surtout inventer une attitude, modifier celle qu’on a, tellement on est habitués à leur générosité. Ceci étant, j’ai toujours été infiniment reconnaissante à cette multitude d’inconnus à qui je dois d’être encore en vie : les pompiers qui m’ont ramassée sur le trottoir le jour de la péricardite (j’avais 30 ans), le chirurgien qui m’a opérée du pneumo (32 ans), une infirmière, ou était-ce une aide-soignante ? totalement anonyme, totalement inconnue, qui a alerté le chirurgien parce que j’étais en train de mourir étouffée en revenant du bloc, où je venais de me faire alléger d’un truc quelconque pour la cent-vingt-deux millième fois, j’étais donc censée jouir d’un repos bien mérité dans la chambre où on m’avait ramenée, quand ma gorge (au sens propre, hein : ma gorge, pas mes seins !) ma gorge, disais-je, s’était mise à gonfler comme celle de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, et la voilà qui enfle, qui enfle, prête à m’exploser à la face alors que je ne lui avais rien fait.

Dégoûtée. Dégoûtée et très légèrement cramoisie, la face, ce qui avait attiré l’attention de cette sainte femme qui passait par là. Sans elle, plus d’Ambre, couic, dégagée !

Bref, retour au bloc à tout berzingue, tout le monde s’agite autour de moi, me croyant déjà passée de vie à trépas, "Madame Neige ? vous m’entendez ??"

Ben oui j't’entends imbécile !!! Mais j’te signale que je boude !! J’en sors du bloc, il est hors de question que j’y retourne !!!

Vous croyez qu’on m’aurait écoutée ?

Bref, les bras fermement croisés sur la poitrine et avec un air définitivement renfrogné pour bien leur montrer ma désapprobation, je m’étais fait endormir pour la deuxième fois de la journée... Journée que je ne suis pas près d’oublier puisque c’était celle de mon anniversaire ! (48 ans)

Après, tout avait été très bien.

Enfin, tout, sauf les bras que je n’ai pas pu desserrer pendant quinze jours, je ne sais pas pourquoi ..

 

24 mars 2020

Mamy se prend un gadin

Exercice d'écriture sur une proposition de Le Goût.

Je rends mon devoir en retard.. j'espère que je ne serai pas punie!

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La mer ne nous veut pas toujours que du bien, la preuve tout de suite !

C’était un jour de juin 2015, mon fils séjournait à la maison avec sa chérie et, avant qu’ils ne rentrent chez eux, il avait eu envie de revoir la mer.

Ni une ni deux nous voilà partis comme un seul homme, on voulait retourner à Équihen, une plage découverte la semaine précédente, super chouette et complètement déserte (maintenant on sait pourquoi, comme va le prouver la suite de l'histoire). Cette fois-ci j'avais tout prévu, mon maillot et des serviettes, pour n'avoir pas comme la dernière fois à me contorsionner dans la voiture pour me changer intégralement.

On arrive, le ciel est bleu et la mer est haute, d'ailleurs elle bat comme une folle contre les rochers au point que de plage, point. Folle de joie je commence à trépigner sur mon siège, c'est tout juste si je ne pique pas une tête avant même que la voiture soit arrêtée,

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nonobstant la couleur marronnasse de la mer qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille (comme va le prouver la suite de l'histoire).

Vous commencez à me connaître, rien ne m'arrête, et me voilà qui avance dans les vagues, armée de mon meilleur ami (mon APN) qui n'en menait pas large, ce en quoi il avait bien raison (comme va le prouver la suite de l'histoire).

Mon fils était comme moi les pieds dans l'eau, enfin quand je dis les pieds c'est une façon de parler puisqu'en cinq minutes trois quarts on était éclaboussés jusqu'à la taille. Seulement voilà, brave mais pas téméraire il s'est dit comme ça qu'il n'allait tout de même pas se prétendre plus fort que les éléments, ce en quoi il a eu raison (comme va le prouver, etc). Moi, toute à ma joie de faire des photos merveilleuses, je m'approche des rochers quand soudain, une vague m'attaque par derrière (à moins que ce soit une algue qui se soit sournoisement entortillée autour de mes chevilles), je me retrouve les quatre fers par terre mais surtout, contrairement à la fois où il m'était arrivée le même genre de tribulation à Étretat, je n'ai pas eu le temps de lever les bras pour protéger mon cher appareil que j'entends me dire glou-glou dans un adieu déchirant. Alors là je ne suis pas contente!

Et encore moins quand je m'aperçois que je me suis étalée sur une espèce de machin en ferraille, j'ai un genou qui pisse le sang et l'autre qui n'est pas mieux, je hurle à la mort en brandissant mon appareil qui me regarde avec des yeux étonnés, jamais il ne m'a vue dans cet état, habitué qu'il est à ce que je sois calme et posée.

Suite du programme, trouver une pharmacie ouverte à 13h30 pour acheter tout un attirail de compresses et autres pansements - donc j'ai déboulé en ville en maillot de bain où j'ai fait mon petit effet à défaut de faire un effet certain (je ne voulais pas mettre du sang plein mon pantalon!!), puis retour hors ville (quand même) pour me changer.

Pour terminer cette journée palpitante, et malgré ma grande blessure, direction Calais car mon fils avait envie de rêver devant l'Angleterre...

 

Belle journée à vous! ♥

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21 mars 2020

Arrête de te plaindre

En temps habituel, je vis au rythme de mes activités quotidiennes. Maintenant que les journées se suivent et se ressemblent, je me surprends à ne plus savoir spontanément quel jour on est. Ça me manque de marcher, mais plus encore de nager. J’essaie de ne pas y penser, mais mon corps n’est pas content et n’arrête pas de râler.

Ma tête lui dit : arrête de te plaindre, tu fais partie des privilégiés. Tu as un toit sur la tête, ce qui n’a pas toujours été le cas! Enfin quand même pas, mais disons que je sais ce qu’est la précarité, que j’ai connue à une époque où le RSA n’existait pas. Pendant plus d’un an (de mémoire) sans autres ressources que les cours que je donnais à la maison au noir, je n’ai obtenu pour mes filles qu’une aide alimentaire de trois mois (la somme allouée était à leur nom) de la part de la DDASS (de mémoire, toujours – il y a peu j’ai jeté au feu tout ce qu’il restait de ce passé).

J’ai un toit sur la tête, donc.

J’ai à manger dans mon assiette. Et même dans mes placards. D’ailleurs, j’ai aussi des placards. Je le souligne, car ça ne fait pas si longtemps que ça.

Je me demande comment les SDF vivent "le confinement". Où sont-ils confinés, eux ? Quel est leur abri ? Leur toit sur la tête, où le trouvent-ils ? Que deviennent ceux qui mangent aux Restaus du Cœur ou à la Croix Rouge ? (fermés maintenant, en tout cas c’est ce que m’ont dit les personnes qui y vont habituellement).

Alors, oui, poursuis-je à ma tête : arrête de te plaindre. Tu es chez toi, puisque tu as la chance d’avoir un chez-toi. Tu es privée du superflu, tu t’en remettras. Tu en as vu d’autres, et des pires. C’est le moment d’être créative. Toi qui aspires depuis quelques temps à te détacher de tout, c’est le moment où jamais.

Je lève les yeux.

En face de moi, une photo prise le mois dernier, devant l’étang Grénetier. Je me sens bien, paisible. Je suis au bras de mon fils, le "beau géant", comme l’appelle mon amie Marie.

Nous sourions.

Pourtant, combien de larmes ai-je versées quand il est parti ! À ma décharge, nous sommes passés brutalement d’une relation très fusionnelle à une brisure nette et précise, paf ! Du tout au rien, une grande spécialité familiale.

C’est bizarre, je l’avais senti. Je l’avais senti tout de suite que cette fois, c’était la bonne. Ne me demandez pas pourquoi, mais vous savez, il y a des choses que l’on ressent et puis voilà. Sous des couverts de "Je pars quelques jours", je savais qu’il ne rentrerait pas, qu’il allait vers son destin, à un gros paquet de kilomètres de chez moi. J’avais des sanglots bloqués, de mes yeux jusqu’au plexus solaire. Dès la porte de chez Elle refermée sur lui, mes vannes ont lâché. Je me suis mise à pleurer, je me suis mise à pleurer toutes les larmes que je retenais depuis des jours, je me suis mise à pleurer tous les câlins qu’on ne se ferait plus, toutes les conversations qu’on ne se dirait plus, toutes les taquineries qu’on ne partagerait plus dans des grandes crises de fou-rire. Car mon fils, c’était ça aussi : grand pourvoyeur de rire devant l’Éternel. Et d’un seul coup, ses bras autour de moi, ses bras de fils mais des bras d’homme, aussi - ses bras disais-je, m’avaient manqué dans un mal lancinant.

Alors j'avais pleuré puisqu’il n’était plus là pour le voir, j'avais pleuré puisqu’il n’en saurait rien, j'avais pleuré et je pleurais tellement que j’avais la sensation que jamais, jamais je n’allais pouvoir m’arrêter. Je me suis vidée, vidée de tout, vidée de lui. Ça a duré un jour. Ou un mois. Ou une éternité.

J’avais la sensation que ma vie s’était arrêtée.

Et je nous regarde maintenant, tous les deux. On sourit. Lui dans son bonheur d’homme amoureux, moi dans ma jolie vie avec mon toit sur la tête et mon assiette remplie. Toujours autant de kilomètres entre nous, mais plus de larmes, sauf celles, peut-être, de se retrouver mieux.

C’est une des choses que son départ m’a appris : on ne sait jamais rien des choses, on ne sait jamais ce que la Vie nous réserve, cette Vie qui a tellement, tellement, plus d’imagination que nous.

2020 2-8 Etang Grenetier0002

18 mars 2020

Avantage

2015 6-21 Gerberoy0012

 

 

Appel de mon fils hier :

"L’avantage du confinement, c’est que je suis sûr de te trouver chez toi !"

Oh mon fils, comme tes petites remarques rigolotes, positives, pleines de bon sens me manquent !

Ben oui, je réponds au tel, maintenant : pas de cours de yoga hier, et cette aprèm je n’irai pas nager. Ça me manque horriblement, mais bon. Est-ce si grave ? J’essaie de ne pas y penser.

Je pense plutôt à ce que j’ai et que tant d’autres n’ont pas. Je veux dire : j’y pense plus que d’habitude. Je suis retraitée et je n’ai pas de garde d’enfants à gérer. J’habite une ville que j’adore. Ouhlala, une ville ! Pas bon d’habiter la ville en ce moment, parait-il. Pourtant, ma sœur, dans son Gard (très) postnatal est confinée chez elle aussi, comme tout le monde.

Côté mes enfants ma fille aînée est en chômage technique. OUF. Elle respire, moi aussi. Elle m’a dit qu’elle ne bouge plus de sa couette pendant deux semaines. Elle a fini par trouver du PQ, mais pas de litière pour son chat. Bah ! m’a-t-elle dit, quand il n’y en aura plus je lui prêterai mon PQ !

Reste ma seconde fille, qui travaille en crèches, lesquelles continuent d’assurer l’accueil des enfants des soignants, policiers, pompiers, etc. Elle ne sait pas encore dans quelles conditions elle va travailler, Va mettre un masque à un bébé, me dit-elle !

Et puis alors, il y a mon frère.. Et là, c’est très très compliqué de lui faire comprendre la situation..

Sinon, pour le reste, oui nous sommes confinés. Nous sommes confinés avec la peur, en tout cas en ce qui me concerne, non pas que je sois une nana anxieuse (vous me connaissez), mais parfois, s’invitent des scénarios dont je me passerais bien. Alors je respire. Je respire comme je le fais depuis quelques années déjà.

En même temps, c’est un bon moyen de rester en vie.

Bien alors sinon, quitte à rester cloîtrés, je me suis dit que j’allais vous proposer la même chose que ce que je faisais avec mes petits-enfants les longues soirées d’hiver journées de printemps : vous raconter une histoire.

J’en cherche une, je vous la soumets, vous me dites si vous aimez. Oki ?

Allez, hop, hop ! Hauts les cœurs, comme disait Maman !

PS Je vais aussi vous proposer quelques réflexions de mon fils, soigneusement collectées du temps où il vivait encore avec sa vieille mère avant de l’abandonner lâchement pour aller vivre sa vie d’amoureux transi (on se demande bien à quoi pensent les fils !).

Rire, pour rester en vie, c’est important aussi !

 

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Belle journée à vous!

17 mars 2020

Les gens n'ont rien compris!

Hier, j’ai pris par téléphone des nouvelles de ma fille parisienne, celle de mes enfants qui est la plus angoissée : elle ne peut pas télétravailler, elle est hôtesse d’accueil !

"Comment te dire, Maman, maintenant, quand je sors, j’ai peur ! Je vais travailler, j’ai la boule au ventre ! Comment veux-tu qu’on reste à un mètre des gens, à Paris ! En plus, ça fait deux semaines que je ne trouve plus de litière pour chat ni de boulettes ! Tu peux me dire à quoi ça rime de faire des stocks de litière pour chat ? Non mais franchement, les gens marchent sur la tête !!! Je n’ai même plus de PQ, il n’y en a plus nulle part ! Quand bien même il en manquerait .. Comment on faisait avant, un gant un peu d’eau et hop ! (chuchoté) J’en ai chipé un à ma boîte.. Les gens sont fous. On a dit partout qu’il n’y aura pas de pénurie mais ils écoutent pas.. (revenant sur son boulot) Tu peux me dire pourquoi ils m’obligent à venir bosser ? Tu entends le téléphone sonner ? Non ! Ah si, quand ça sonne, les gens me refilent leurs angoisses !! J’ai eu une femme ce matin qui m’a dit pendant une demi-heure "Qu’est-ce que je vais devenir ?" Eh moi, Madame, qu’est-ce que je vais devenir ? Ils me demandent ce qu’il faut qu’ils fassent, et que je leur donne des conseils ! Non mais ça va, oui ! Et puis c’est glauque Paris maintenant c’est glauque, tout est fermé absolument tout, les cinémas les cafés, tout ! Ça n’arrive jamais ! Dans le métro on se croirait au mois d’août .. Hier ils sont pas allés voter mais ils sont tous sortis dans les parcs parce qu’il faisait beau ! M. Macron a dit de rester chez soi et que font les gens, ils vont tous se faire bronzer parce qu’il fait beau ! T’aurais vu Montmartre, le monde, j’étais hallucinée ! Ou alors dans les cafés pour se changer les idées ! C’est pour ça que maintenant les cafés sont fermés ! Mais qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans "Limitez vos déplacements au maximum" ?

- Ben.. J’avoue que moi aussi je continue à sortir..

- Mais toi Maman c’est pas pareil ! Tu marches dans les champs, ya pas un chat ! C’est pas comme une grande ville ! Pis t’en a qui partent de Paris !

- Ben ils vont où ?

- Je sais pas, à la campagne, peut-être qu’ils ont une maison de campagne.. T’en as d’autres, ils se croient en vacances ! Et tu sais pas où ils partent ? En Italie !! Les gens n’ont rien compris !! J’espère que M. Macron va demander le confinement, je ne sais pas si je vais pouvoir tenir encore longtemps comme ça.. Il doit parler à la télé ce soir..

- Ah bon ? Encore ?

- Oui-oui, certains parlent de confinement de quarante-cinq jours..

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À vingt heures, ma fille m’a rappelée pour pouvoir écouter l’allocution via mon téléphone, vu qu’elle n’a pas la télé ..

Ce matin elle est sur son lieu de travail, elle saura à midi si elle doit continuer à aller travailler ou pas..

16 mars 2020

La plus sexy du monde

Sur une proposition d'écriture du Goût (CLIC)

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(elle, in petto) Bon, la mer c’est bien joli, mais qu’attendez-vous, au juste ? Pourtant, je suis blonde, ne dit-on pas que les hommes préfèrent les blondes ? Pour une fois que j’ai les cheveux bien rangés, façon Bonduelle ! Patate, au lieu de regarder la mer, regardez-moi ! Je suis allée exprès pour vous chez la coiffeuse (elle m’a demandé s’il fallait qu’elle me remette les cheveux en pétard comme quand je suis arrivée, j’ai dit non). On ne se connait pas encore très bien, alors pour vous permettre de mieux me connaître je vais vous parler un peu de moi. Il y a une chose qu’il faut que vous sachiez, j’ai toujours rêvé d’avoir de beaux et longs cheveux (comme ma sœur en fait). Mes cheveux ont beau avoir la couleur la plus sexy du monde, il n’en reste pas moins qu'ils sont si fins que s'ils étaient ronds on jurerait que j'ai des confettis sur la tête. Si au lieu de regarder bêtement la mer, vous tourniez la tête vers moi, vous constateriez que mes yeux sont comme mes cheveux (blonds), et que ma silhouette est plutôt attractive, surtout au niveau du ventre qui, depuis quelques temps, pointe en avant comme si j’étais enceinte de deux mois. Mais rassurez-vous, je ne suis pas enceinte, vu que pour ça il aurait fallu que je satisfasse un des besoins primaires que tous les humains ont, parait-il : celui de se reproduire. Or, c’est précisément la raison pour laquelle il me siérait tant que vous fissiez quelque chose. Non pas pour me reproduire (c'est déjà fait) mais pour satisfaire mon besoin. Vous rétorquerez avec raison que la reproduction est un besoin pour l’espèce, mais l'est-elle pour l’individu, en l'occurrence moi ? Ne serais-je pas plutôt pas en train de vous saouler grave  vous importuner inutilement tant l’ardeur me brûle ? Je vous répondrai sur le même ton qu’effectivement, si je ne puis me croire assez heureuse pour que vous partagiez en silence l’envie de me sau les sentiments que vous avez fait naître, au moins que j’obtinsse de vous la permission de les entreprendre !

14 mars 2020

On s'est aimés dans les maïs

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Un peu déçue par mes photos d’hier où j’ai, à vue d’envie de pipi, marché pendant une heure ; je ne sais pas pourquoi, quand je nage je ne suis dérangée par absolument rien, mais quand je marche j’ai envie de faire pipi toutes les cinq minutes (elle est passionnante ma vie, hein ?). Comment font les gens qui randonnent ? Emmènent-ils une "poche" avec eux, comme les cyclistes ? Tiens c’est une idée, ça ! Quelle idée révolutionnaire ce serait ! Enfin, surtout pour les hommes (je parle toujours des randonneurs) qui doivent être las, las, oh si las de devoir s’arrêter sans arrêt pour permettre aux dames de faire leur petit pissou ! Surtout que je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le pipi, chez les dames, c'est contagieux ! "Je vais faire pipi, tu viens avec moi ?" "Oh bah tiens, je viens aussi !" "Oh, vous allez aux toilettes ? Attendez-moi, les filles !"

Et voilà nos bonshommes bloqués pendant quinze minutes, à tambouriner sur les sacs à dos..

On appellerait ça la "randopoche" ou la "pipipoche" ! Ça fait envie, hein ? C’est mignon, ça donnerait presque envie de s’en servir à la maison ! Ah mais il faudrait aussi prévoir un petit robinet pour se laver les mains. La pipipoche serait donc agrémentée de deux petits bras latéraux (un avec de l’eau savonneuse, l’autre avec de l’air soufflant).

Comme ce serait chouette ! >>>> soupir <<<<< Si seulement j’en avais eu une hier, dans les champs où j’ai eu la bonne idée de me rendre, où à perte de vue pas le moindre arbrisseau au pied duquel m’accroupir ! Pas le moindre maïs non plus, pourtant, toute cette terre, c’est du maïs je le sais ! Ça ne doit pas être la saison (je n’y connais rien en maïs !). Mais aussi, quelle idée de rester sous terre, celui-là, quand on a besoin de lui !

Ça me rappelle ..

 

♫`♫♪ On s’est aimés dans les maïs,

T’en souviens-tu mon Anaïs,

Le ciel était couleur de pomme

Et on mâchait le même chewing-gum.. ♫¸♪

 

Mais ceci est une autre histoire !

Et puis j’étais jeune ...

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Belle journée à vous! ♥

 

♫¸♪ Copyright Hubert-Félix Thiefaine

13 mars 2020

Les rêveries d'une promeneuse solitaire

Quand j'ai emménagé dans la commune que j'habite actuellement, nous avons laissé derrière nous une sacrée tripotée d'amis (avec le père de mes filles le logement ne désemplissait jamais), dont un couple avec qui j'avais une affinité particulière. Lui était tout timide, réservé (ça me changeait diablement de l'homme avec qui je vivais), et pour occuper ses longues journées solitaires cet homme si doux s'adonnait à la poterie. La poterie ! J'avais découvert ça dans mon jeune temps, au cours d'un stage, et j'avais adoré.

Un jour, son épouse vient me rendre visite dans mes nouveaux appartements, et m'emmène, avec nos quatre filles (deux chacune) en un endroit merveilleux où depuis, je suis retournée souvent.

Approchez-vous, et vous allez voir ..

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Vous allez voir un drôle de petit château unique en son genre, flanqué de tours tronquées.

Le Château de la Chasse, puisque c'est son nom, est une reproduction miniature d'un château féodal construit au XIIe siècle à l'emplacement du Castellum de Chassia, château fort dit imprenable, mentionné par Éginhard, l'historien de Charlemagne. Il est petit, et pourtant un grand nombre de personnages importants y ont séjourné (François 1er, Louis Bonaparte, le tsar de Russie !) et il a même servi de garnison pendant la guerre de Cent Ans ! (À l'époque il possédait bien sûr un pont-levis). 

Je ne me lasse pas du plaisir de faire le tour de l'étang (même si maintenant, JE SAIS où sont tous les gens qui ne sont plus dans les magasins).

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Je devrais dire, des étangs, puisqu'il y en a deux, un devant, avec toutes sortes de canards et même des mouettes ! Et un derrière, deux fois plus petit.  

Au XIXe siècle, cet espace enchanteur avec ses arbres plus que centenaires était fréquenté par tous les bourgeois, mais aussi par Rousseau, ce qui lui a inspiré ses Rêveries de Promeneur Solitaire, ou encore Victor Hugo lors de ses séjours à Montlignon.

Quand on passe devant le château pour suivre le chemin et monter en sous-bois, on longe une immense clairière que les corbeaux affectionnent particulièrement. Un croisement, et un peu plus loin, la Fontaine Sainte-Radegonde, dont on croyait que l'eau guérissait les maladies de peau et la stérilité.

De Radegonde, l'une de nos plus remarquables reines mérovingiennes, je vous ai parlé là : CLIC.

En tout cas, mes diverses prières devant ladite Fontaine n’ont pas bien marché (je n'ai jamais eu de triplés), ou alors la communication est mal passée, je ne sais pas, puisque c’est ma nièce qui se retrouve avec des jumeaux DONT ELLE NE VOULAIT PAS ! (CLIC) Deux d’un coup, purée, la vie est d’une injustice ! Enfin bon !

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Je vous souhaite une belle journée, malgré tous les malgré !

10 mars 2020

J'ai demandé à la lune

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C’était il y a quelques d’années.

J’étais en train de me rhabiller à la piscine, en pleine rénovation à ce moment-là et, de ce fait, désertée, enfin.. désertée + une, puisque d’un seul coup, j’avais entendu une voix s’élever d’une autre cabine. D’abord un murmure, puis de plus en plus fort... ♫`♫♪ ♫¸♪ J’ai demandé à la luuuune ♫`♫♪ ♫¸♪

L’instant de bien-être que je ressens toujours juste après avoir nagé, mêlé à la voix qui s’était mise à résonner dans un silence parfait, c’était quelque chose de fabuleusement beau, comme un sourire bleu.

Ce jour-là, la chanson d’Indochine m’avait trotté dans la tête jusqu’au soir, et depuis, chaque fois que je l’entends, ce joli moment me revient..

5 mars 2020

Demain ça s'ra vachement mieux!

Avertissement: message pas marrant!

pluie

 

Difficile d’avoir la pêche en ce moment.

Samedi, lorsque je suis allée au Leclerc après la piscine – j’y vais pour regarder les livres, je ne fais jamais de courses un samedi ! – il n’y avait pas un chat. UN SAMEDI ! LE DERNIER JOUR DU MOIS ! Je n’en revenais pas. À la piscine non plus, d’ailleurs, il n’y avait pas un chat. D’ailleurs, ça fait plusieurs fois qu’il n’y a plus de chats à la piscine.

Hier je ne suis pas allée nager. J’essaie de ne pas tomber dans la parano, mais je ne sais plus trop ce qu’il faut faire ou ne pas faire.

Parfois, une pensée éphémère me traverse l’esprit : c’est le juste retour des choses. Ça fait un bail que l’Humain fait n’importe quoi. Comme disait ma mère, tout se paie un jour.

Comme vous voyez, ma cervelle est encombrée de pensées plus merveilleuses les unes que les autres.

Et je ne parle ni du gris, ni de la pluie ....

Allez hop, hop !

Demain ça s’ra vachement mieux* !

 

*Higelin

4 mars 2020

Le Salomon des Francs

Bonjour à vous,

j’ai toujours adoré raconter des histoires, et c’est ce que je vous propose aujourd’hui.

N’hésitez pas à me dire si vous aimez et si vous en voulez d’autres!

Je vous souhaite une très belle journée !

Dagobert

Chers amis,

je comprends votre désarroi, que dis-je, votre désarroi ? votre détresse, à vous qui vîntes de tous les coins de France et de Navarre pour savoir si Dago la portait à l'envers, et qui pour toute réponse vous heurtâtes à un silence vertigineux.

On se moque de nous à la fin ! Remboursez !

Mes amis, mes amies, du calme : l'heure de la vérité a enfin sonné. Vous croyiiez jusqu’alors (puisqu’on vous l’a pernicieusement fait croire) que ce bon vieux Dagobert était tellement distrait qu’il se prenait les pieds dans les tapis et chutait, sous les regards ahuris de ses sujets, emberlificoté dans ses braies enfilées à la va-vite. Eh bien c’est vrai. Mais pas parce que c’était un Pierre Richard de l’an 700. Non-non : Dagobert était un Don Juan et passait sa vie à se déshabiller et à se rhabiller n’importe comment.

Je sais : ça fait mal d’apprendre ça.

Que je vous narre la chose par son début.

Tout commença un beau jour de 603 à Clipiacus (Clichy), avec la naissance d'un petit être fragile et chou que son papa, le trop célèbre Clotaire II (fils des non moins célèbres Chilpéric et Frédégonde) appela Dagobert, ce qui signifie "grand jour", tellement il était content que la Providence lui accordât encore un héritier pour ses vieux jours, vu qu’il avait zigouillé tous les précédents (ceci dit, Dagobert portait bien son nom, car - Dieu soit loué - il n’avait pas grand-chose à voir avec ses terrifiants aïeux, puisque lui, lorsque par un pur hasard son frère Charibert est mort en 632, il a juste fait assassiner son neveu, mais c’était dans un noble but de conciliation : éviter un nouveau partage) (vous vous rappelez que chez les Francs, au contraire des Bourbons et autres Valois beaucoup plus tard, le royaume était censé être partagé en parts égales entre tous les fils) (tradition à laquelle, entre parenthèses, Dagobert est le premier à ne pas se soumettre, comme on va le voir pas plus tard que tout de suite - et là, on peut dire que c’était un précurseur, et pas seulement en matière de mode vestimentaire).

Quand Dago eût atteint l’âge vénérable de quinze ans, son père qui n'était toujours pas mort décida de l’associer au pouvoir royal afin de pouvoir se la couler douce entre les bras de la jeune et sublime dernière arrivée dans son harem, à savoir Sichilde. Comme Clotaire avait finalement un bon fond malgré tout ce qu’on a raconté à son sujet, il décide de faire profiter son fils de l’aubaine et lui colle dans les bras la sœur de Sichilde, Gomatrude, en lui sommant de l’épouser.

Mais Dago n’est pas dupe : ce n’est pas une vulgaire femelle qui va lui faire oublier que son père ne lui a refilé qu’un tout petit bout de l’Austrasie. S’ensuit une joyeuse joute verbale dont les Francs ont le secret, au terme de laquelle Dagobert récupère la Champagne et la Brie. 

Quant à la pauvre Gomatrude, elle ne fait pas long feu dans la couche royale puisqu’à peine quelques mois s’écoulent avant que le roi d’Austrasie ne croise la route de la douce Nanthilde, ce qui fait qu’aussi sec il répudie Goma.

Il faut dire que, tout comme les femmes romaines, les femmes franques étaient si peu de choses .. On les épouse, on les viole, on les répudie, on se demande même si elles ont une âme ..

À Clipiacus, Dagobert et Nanthilde, s’étant aimés tout l’été, se trouvèrent fort dépourvus quand la bise fut venue : pas l’espoir du moindre petit Dago en vue, malgré toute l’énergie qu’ils mettaient à l’ouvrage. Or, le roi allait sur ses trente ans, autant dire qu’il avait déjà un pied dans la tombe. Il lui fallait un héritier, et vite.

C’est comme ça que - uniquement par devoir - il se résolut à chercher une autre femme. Comme les filles du palais n’avaient pas été renouvellées depuis son mariage avec Nanthilde et qu’il les avait déjà toutes mises dans son lit du temps de Gomatrude, il entreprit de faire un petit voyage de prospection dans la région d’Augustomagus (Senlis), où les femmes avaient la réputation d‘être belles et ardentes. Naturellement, il emmena Nanthilde avec lui car il la savait de goût très sûr.

Nanthilde n’était pas une nounouille comme Gomatrude : elle n‘embêta pas Dago avec une bête jalousie déplacée, ce qui lui permit de rester dans la place quand le roi jeta son dévolu sur la charmante Ragnétrude qui lui donna un fils (Sigebert) en 631.

Pour fêter cet heureux événement, il prit une nouvelle concubine du nom de Wulfgunde, laissant Ragnétrude pleurer dans les bras de la reine Nanthilde.

S’ensuivit de la part de Dagobert une frénésie amoureuse qui lui valut le surnom de "Salomon des Francs". Exit le grand roi qui avait gouverné pendant quinze ans, entouré d’excellents conseillers comme le bon Saint Éloi qui remettait tout à l’endroit, exit le souverain qui avait assuré la soumission absolue de son royaume et dont le prestige était tel qu’aucun roi des Francs ne l’égala plus jusqu’à l’avénement de Pépin le Bref...

Si bien que, miné et affaibli par toutes ses orgies, Dago s’éteint à trente-six ans, complètement rétamé. On l’inhume selon ses vœux dans la basilique de St Denis (à sa suite, l‘abbaye accueillera la quasi-totalité des rois de France). 

tombe Dagobert

 

Mais je vous vois déjà vous agiter : St Denis ? Quid St Denis ?

Eh bien voilà. Un jour, Dago fut atteint de lèpre. Il se dit comme ça : je vais aller faire un petit pèlerinage pour demander à Dieu de me débarrasser de cette cochonnerie. Et il emmena une de ses femm sa femme pour le soutenir dans cette rebutante mission. Ils s’arrêtèrent en chemin et s’étendirent sur un pré fleuri pour y batifol dormir. Cela se passait à Catulliacum (St Denis). Au réveil, le contact de sa peau avec la rosée avait rendu saine une partie de son corps. Du coup il y vit comme un signe divin et s’immergea complètement dans l’herbe fleurie, toujours en compagnie de sa belle (c’est de là, d’ailleurs, qu’il prit l’habitude de faire des pèlerinages dans les buissons avec une personne du sexe opposé : pour remercier le Seigneur).

Et c’est comme ça qu’il fonda l’abbaye de St Denis sur le lieu du miracle..

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