Message provisoire
Ce matin je me suis réveillée avec un mal de poumon. J’ai essayé de ne pas paniquer et j’ai pris un Xanax. Je sais d’expérience qu’un mal de poumon qui passe avec un Xanax, ce n’est pas le poumon, c’est la tête.
Je me suis remise au chaud dans mon lit, cet endroit où je suis dehors. Je veux dire : je rêve que je suis dehors. En ce moment, je n’ai jamais autant marché la nuit.
Deux heures plus tard, je me réveille, je pleure. Une fois de plus. Je ne le fais pas exprès, je n’y pense pas, je pleure. Voilà.
Je ne pleure pas mon petit confort, je ne pleure pas mes plaisirs enfuis. Du confort, j’en ai comme jamais je n’ai eu. Certes, nager me manque affreusement. Même marcher dehors .. dehors, mot magique .. dehors..
"Avant", quand je nageais avec un ciel bleu magnifique au-dessus de ma tête, ça me faisait un bien fou.
"Avant", quand je sortais de la piscine, caressée par les petites fleurs des arbres fruitiers balayées par le vent, ça me faisait un bien fou.
"Avant", toutes mes cellules absorbaient le soleil et sa lumière. Ma vie était une chanson.
Qu’est-ce qui a changé ? Le ciel bleu est toujours bleu, en tout cas en ce moment. Le soleil aussi. Enfin, je veux dire, il est toujours là.
La seule chose qui a changé c’est ma façon de les percevoir. J’en conclus que, malgré ce que je crois, je n’ai rien accepté du tout. Je ne vais quand même pas passer mon temps, dans la situation privilégiée dont je jouis, à pleurer toute la journée. Je dois trouver un moyen d’intégrer la nouvelle donne afin de ne plus l’éprouver comme un facteur paralysant à éliminer à tout prix, mais comme un élément qui ne requerra aucune attention spéciale.
Il faut donc que je m’adapte. Il faut que j’arrête de comparer avec avant. Comparer avec "avant" ne me sert à rien, puisque ce n’est plus comme avant. Ce ne sera plus jamais comme avant, c’est en tout cas ce que j’espère, car si ce que nous vivons ne nous apprend rien, alors c’est à désespérer de la race humaine.
Après, je ne sais pas si je vais y arriver, mais en tout cas, il faut que j’essaie.
Premier jour : chaque fois que je passe devant la fenêtre ouverte, je regarde le ciel bleu et le soleil, et je me sens bien..