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Un peu de douceur ..
15 décembre 2017

Dance in the kitchen

danse fenetre

Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours aimé danser. C’est sans doute grâce à mon père. Le dimanche, sur son pick-up il passait des 33t de Brel, d'Aznavour, de Piaf, avec tous leurs tremolos dans la voix, il mettait le volume très fort et déjà à ce moment, haute comme trois pommes, j’avais la peau parcourue de frissons. Mon père ne chantait pas, il sifflait, il sifflait très juste d’ailleurs. Et puis surtout il aimait danser et le faisait merveilleusement bien. C’est lui qui m’a appris toutes les "danses de vieux" (dixit mon fils) et notamment la valse. Oh lala ! La valse ! Se sentir portée, transportée en toute légitimité dans les bras d’un homme !!! D’aucuns vont dire que je me traîne un vieux complexe d’Œdipe. Tant pis. La valse, c‘est beau.

On était une grande famille et on se réunissait tous les samedis. On mangeait, on riait toute la nuit, on buvait, enfin surtout les autres, moi je ne bois pas, enfin si à un moment je buvais un peu. Mais j’ai vite compris qu’il serait déraisonnable d’aggraver l’état dans lequel je suis sans même avoir bu.

Et donc, on dansait toujours beaucoup.

J’ai appris le tango avec mon cousin germain, celui que je voulais épouser. Pour finir on ne s’ est pas mariés, enfin si, mais pas ensemble.

Le tango, c’est bien. On se touche les mains, on se touche les joues, on se cramponne l’un à l’autre, d’ailleurs avez-vous remarqué que de nos jours les gens ne se touchent plus ? Pour une personne aussi tactile que moi, c’est triste. J’aime toucher l’autre. Il m’arrive souvent, tout en discutant avec quelqu’un, de lui toucher le bras, la main. Et quand je fais la bise, j’embrasse vraiment (je prends dans les bras). Oh ! Ne vous méprenez pas ! Il n’y a là aucune connotation sexuelle, d’ailleurs je touche autant les hommes que les femmes. Et puis j’ai appris avec le temps à reconnaître ceux que je peux toucher tout mon saoûl, sans ambiguïté, et puis les touche-moi-pas.

Quant aux hommes, pas d’équivoque possible : vous savez bien qu’un homme qu’on touche en discutant au troquet du coin, ce n'est pas un homme qu’on a envie de toucher.

Celui-là, il nous laisse tétanisée, asphyxiée, retour à la case gaga. On le toucherait qu’on ne pourrait plus se décoller. La seule option pour se lâcher serait de se trouver seuls tous les deux dans un petit coin loin des regards.. Mais qu’est-ce que je raconte encore?

Bon, revenons à notre danse.

J’ai eu ma période discothèque (maintenant je n’y vais plus, je suis une mémé calme et posée) (posée n‘importe où, mais bon).

Pour en revenir à la discothèque, c’est quelque chose de GÉANT. Comme les concerts. Quoique, les concerts, depuis que le festival en plein air sur l’île de Wight est dépassé, c’est plus ce que c’était pour danser, faire l’amour et toutes ces sortes de choses. Mais je m’égare encore.

Aller en boîte, disais-je, c’est hallucinant. La musique me pénètre de haut en bas, elle se répand dans tous les petits creux de mon corps, et si je ferme les yeux, c’est encore meilleur. Je dois être une des rares personnes qui ne va en boîte que pour danser. Je ne bois pas (voir plus haut), je ne parle pas (il faut crier, c’est relou), je ne drague pas (ou alors sans faire exprès) (quand il y a des slows par exemple) (or, il n'y en a plus beaucoup). Non, moi, je bouge mon corps dans la musique, ça m’excite et ça me détend tout à la fois, ça me réconcilie avec la vie, celle qui est laide, celle qui fait mal, ça me donne envie de hurler, comme Lavilliers lorsqu’il dit que la musique est un cri qui vient de l’intérieur,

je danse et je ne suis plus une petite chose perdue, je danse et enfin, enfin, enfin, je me rassemble, je danse écrasée dans trois millimètres carrés entre deux cent personnes, mais je danse. J'oublie le regard des autres, je me libère enfin ..

D’ailleurs ça me fait penser à une scène merveilleuse du film "Les enfants du silence", lorsque l'héroïne, une jeune femme sourde et muette se met à danser: son mouvement est langoureux, sensuel, bien sûr elle n’entend pas, mais elle ressent, elle ressent sur le sol et autour d’elle les vibrations émises par la musique, "Existe-t-il un monde où nous puissions vivre heureux, un monde entre le monde du silence et celui du bruit ?"

.. celui de la musique peut-être ..?

C’est fou quand même. Je me rends compte qu’en vieillissant, insidieusement, j’ai enfermé et retenu tout ce qui est ma raison d’être : les gestes, les mots, les éclats du cœur, les éclats de larmes, les bouche-touche-cherche, les enroulades de l’autre ..

Ambre Neige, 18 janvier 2007

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Commentaires
D
AH ouais, le duo des Auvergnats ! c'est chouette, hein ça. Ce que j'aime sur les blogs où j'échange, c'est cette complicité induite qui se crée comme ça de manière naturelle et sans ombrage. Voilà. <br /> <br /> Quand je dis que ton humour a de beau restes, j'aime en lui cette subtilité , cette petite touche de rien juste ce qu'il faut mais pas plus et qui nous fait sourire. La subtilité ne va pas sans l'humour et l'humour sans elle n'est qu'un rire trop gras pour mon régime. Mais ne trouve tu pas que l'humour, le sens de la dérision, et de l'autodérision sont la matière qui nous fait avancer, en particulier quand tout va mal ? Ce qui ferait que les trucs qui t'ont rendu plus forte, vu qu'il ne t'ont pas tuée, ce qui est quand même heureux, ont du même coup renforcé ce sens de l'humour, en le modifiant certainement un peu ? Dommage que nous ne t'ayons pas connue plus tôt, dans le fond , il y a si peu, ça et là de gens capables de rires et de faire rire !
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A
Le duo des Auvergnats:<br /> <br /> je vous assure que ce n''est rien comparé à "avant" (vous savez, avant les trucs qui vous rendent plus forts quand ils ne vous tuent pas). Vous comprenez (tremolos in ze voice), mon humour, c'était le pilier de mon édifice, la charpente de ma maison, la cloche de mon église! L'humour de my life, quoi! Qu'est-ce que je vais devenir sans lui? Bouuuuuuuh, je vous en supprie mon Dieu (parfaitement! Je le supprie!), je vous en supprie, dites-lui de reveniiiiiiiiiiiiiiir!!
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D
Perdu ton humour ? ben y a de beaux restes, alors !
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X
Ah, je n'avais pas vu que vous ressortiez des "vieux textes"! Peu importe! C'est quand même bien écrit.
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D
Tu parles bien de la sensation que te procure le plaisir de danser. Tes textes venus de tes archives, semblent toujours avoir était écrits à vif et sur l'instant. Tu as une espèce de don pour faire passer les messages, teinté d'un humour décapant, ce qui n'est pas pour me déplaire.
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