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Un peu de silence ..
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8 octobre 2020

Pas contente !

Vous savez quoi ? Hier, j'arrive à l'orée des champs, innocente comme l'agneau qui vient de naître, et

QUE VOIS-JE ?

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Des marques de roues !

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Des grosses marques de grosses roues, même !

Le paysan est passé avec son tracteur plein de roues ! Non mais regardez ça ! Dans quel état il a mis MON chemin ! Ça glisse, ça fait des bruits de succion, c'est dégoûtant !

Quel sans gêne !

Et mon coin pipi ?

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Vous avez vu ce qu'il reste de mon coin pipi ?

Obligée de faire demi-tour !

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Groumph !

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Finalement, il ne doit pas avoir les yeux si bleus que ça ! Marronnasse, plutôt ! Oui, bleu marronnasse, ça c'est sûr !

Où je vais aller, moi, maintenant ?

Pas contente !

Pas contente !

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Et sous le pont, de pire en pire ..

Si ça continue je vais sortir en maillot de bain ..

 

Bonne journée à vous !

fleurs

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7 octobre 2020

Si peu de chose

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‘‘Mais t'es folle de te promener toute seule dans ces endroits déserts ! "

En plus d'être folle je suis une solitaire, et le moins qu'on puisse dire c'est que la pandémie n'arrange pas les choses.

Aussi, personne ne va patauger dans la boue, pas plus lorsque les chemins sont secs, alors, hop hop, à peine les champs en vue, je retire mon masque. Je sais, c'est vilain, je ne devrais pas, si je croise la gendarmerie à cheval j'aurai une amende, mais franchement, combien de risque y a-t-il que des gendarmes viennent marcher dans la boue pour sanctionner une folle toute seule dans ses bottes même pas de pêcheur ?

Marcher me fait du bien, la nature aussi, je suis en plein sevrage de beaucoup de choses, dont la natation, j'essaie de ne pas y penser mais parfois ça revient, surtout le soir puisque je n'ai pas eu ma dose, parfois ça me paraît si difficile que j'en pleurerais, puis après j'ai honte, j'ai honte parce que c'est rien, si peu de chose, en même temps le bonheur c'est juste ça, des riens et des peu de chose..

Je ressens à tort ou à raison une privation de liberté, puisqu'il faut apprendre à vivre en se réfrénant sur tout, sur les petites choses justement, les sourires qu'on ne voit plus que dans les yeux (ou pas), les bisous et les câlins, se voir se réunir se serrer. J'ai été élevée dans une famille qui avait l'esprit de famille, enfin je parle de celle de ma mère, mon père non, il y avait eu tellement de drames, tellement de choses dont on ne parlait pas, et celles dont on parlait étaient toujours les mêmes, elles dataient de la guerre, mon grand-père et son fils aîné s'empoignaient, lui le fils ne pardonnait rien, que ne pardonnait-il pas ? pas la moindre idée, mais jamais il n'a pardonné, jamais, il y a toujours eu cette haine, ces cris, et je me terrais dans mon coin et je pleurais tellement j'avais peur de ces deux hommes, mon grand-père et son  fils, quand toujours ils se criaient dessus avec leur monstrueuse voix.

Maman a réconcilié le fils cadet, mon père, avec le sien, elle a tout recollé avec des bouts d'amour, des assiettes pleines, c'était sa générosité, et mon père qui l'aimait a tout bien fait comme elle a dit, ou alors il s'est dit "Ça peut être ça une famille ? Autre chose que se taire tout seul dans un grenier froid, que des cris, que des coups, que des nœuds au cœur ?"

Et Papa a pardonné, et Papa a appris à aimer, jour après jour, année après année, m'offrant du même coup des grands-parents qui m'ont adorée.

Alors forcément, maintenant que les réunions familiales sont limitées, et que même, on compte en nombre de foyers, je repense au nôtre, celui de ma famille, composée de celle de ma mère, de celle de mon père et de tous ceux qui passaient par là. Je repense aux tables immenses, aux rires lancés au ciel à pleines mâchoires, aux chansons de l'arrière-grand-mère qui n'était même pas mon arrière-grand-mère et à son fils qui n'était pas non plus mon grand-père, et on dansait, et on riait, et on oubliait le gris et les coups et le brun*, et c'était bien, c'était de l'amour et c'était de la vie.

Qu'aurait été la mienne si mes parents ne s'étaient pas aimés ?

* Depuis mes échanges tel avec mon cousin du Nord j'apprends des façons de parler chti, dont celle-ci : "être dans le brun" (ou quelque chose comme ça :-))

6 octobre 2020

Un bleu insoutenable

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Hier je voulais aller de l'autre côté du pont. C'était ma troisième tentative. La seconde, j'étais toujours en pataugas, et malgré le ciel bleu de ce jour-là les choses s'étaient aggravées niveau flaques. Je n'avais donc pas pu traverser.

Hier, j'ai mis des bottes qui ne prennent pas l'eau.

Je pars et je m'aperçois qu'il pleut. Ça ne se voyait pas de l'intérieur, c'était une petite pluie fine. Elle faisait un joli bruit sur ma capuche, le même que sous une tente, c'était agréable et reposant. 

J'ai testé la veste imperméable. Elle l'est. Je suis contente !

Par contre, les chemins sont gluants de bouillasse et je suis obligée de faire attention en marchant (sauf si mon seul objectif de la journée est de me vautrer dedans).

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Une fois arrivée sous le pont, je constate que les mares de boue se sont encore étendues. Flûte ! Mais aussi, pourquoi je m'obstine à vouloir aller dans une zone inondable quand il pleut ? D'ailleurs, qui se balade dans une zone inondable quand il pleut ? (à part une folle, je veux dire ?)

J'essaie d'atteindre l'autre côté (je suis têtue !), pierre après pierre, celles déposées là en équilibre par quelqu'un d'aussi fou que moi (je ne suis donc pas seule ?), mais ça tangue, mazette ! Mes bottes, mes jolies bottes toute bien cirées s'enfoncent dans la boue avec un souiiiiiiiiiiiich de contentement, je les en arrache, elles me regardent en me lançant des éclairs furieux !

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Finalement, je fais demi-tour. Encore une fois. De toutes façons, de l'autre côté non plus je ne croise jamais personne. Enfin si. Le coupeur de luzerne (je le reconnais à son tracteur).

L'espace d'un instant, je me vois intégralement recouverte d'une purée marronnasse, moi qui ai réussi jusque là – un exploit quand on me connait – à ne pas me vautrer dans les chemins, aussi je monte à toute allure sur le rebord du champ pour éviter de me prendre une volée de boue au moment où il passe à ma hauteur. Pourtant, le beau paysan (oui, j'ai décrété qu'il est beau, qu'il est jeune, qu'il a les yeux bleus, bleus comme ces fleurs bleues quand elles se mettent à être vraiment bleues, et ce, bien que 1) soit je le vois en plein soleil et de dos, 2) soit je le vois en pleine pluie et sans essuie-glace), le beau paysan, disais-je, roule lentement, exprès pour moi, pour ne pas m'asperger de sa boue boueuse, il roule tout doucement, me jetant un regard lent et doux avec ses yeux d'un bleu insoutenable, et moi je piétine dans la boue de son champ, la tête dans les étoiles et la pluie sur le reste qui chante sa petite chanson, chabadabadabada, chabadabadabada ♪♫♪♫..

2 octobre 2020

Des bottes de pêcheur

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Hier j'avais envie d'aller dans un coin où il n'y a jamais personne, encore plus personne que dans les autres endroits où je vais (en même temps, c'est une zone inondable, ceci expliquant cela)..

Me voilà donc partie, le ciel est bleu malgré les annonces alarmistes de la météo qui de toutes façons passe son temps à dire n'importe quoi. M'en fiche : maintenant j'ai une veste im-per-mé-able ! En tout cas vendue comme telle, je ne l'ai pas encore testée, on verra !

J'arrive à l'entrée de tous mes espoirs, pour constater que, oh non !!!! Il y a plusieurs centimètres de flotte !! J'ai pensé à la veste, je n'ai pas pensé aux chaussures !

P1070649Oh lala, c'est sûr, elles ne vont pas aimer ! Et puis je n'ai pas-du-tout envie de me balader avec les pieds trempés ! Tant pis, tant pis, tant pis ! (je suis sous un pont, ça fait de l'écho !) je reviendrai avec des bottes de pêcheur !

Je fais demi-tour, je vais faire un autre circuit,

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un peu déçue mais bon, le ciel est toujours bleu, agrémenté d'un petit vent qui fait danser les maïs, un vent mignonnet, rien à voir avec Alex.

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Le soir je ne sais pas ce qui me prend, j'écoute les infos ! Qu'est-ce qui me prend d'écouter les infos ? Comme si je ne savais pas que ma région est écarlate! Ma fille parisienne a reporté (encore) sa visite pour cause de deux collègues malades, mes petits-fils que je devais voir dimanche itou !

Accepter ce qui est, positiver, franchement, ce n’est pas tous les jours facile !

En plus, OUI, les câlins me manquent ! Les bisous aussi ! Ras-le-bol ! Devoir accepter qu'on va vivre avec cette cochonnerie, c'est en tout cas ce que pense ma "pré-bru" (compagne de mon fils), contrairement à moi qui m'imagine que ça va disparaître d'un coup de baguette magique ! Ce qui prouve que ce n'est pas toujours les vieux (en l'occurrence, la vieille !) qui sont les plus sensés !

Malgré ces hauts et ces bas, la vie est belle quand on n'a ni bombe ni tempête Alex venue dévaster la maison, et puis aujourd'hui c'est la Saint Léger, il tombe bien celui-là ! Essayons de nous gaver de légèreté, en tout cas l'idée qu'on s'en fait, beaucoup plus sympathique que le nom dont il est inspiré (Leudgard)!

Allez, hop hop, que cette journée nous soit légère !

Je vous fais des bisous, plein, c'est le seul endroit où je peux me lâcher, j'en profite !

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Smouiiiiiiich !
29 septembre 2020

Une grande nouvelle!

P1070197 Fontainebleau

"Mama, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer !".

Mon Dieu. Je vais être grand-mère !

"On va reprendre un chat."

Oh.

"Deux, même !"

Ah ?

"Une portée de chatons a été abandonnée dans la rue, une dame les a recueillis, elle en a encore deux à donner".

C'est ainsi que, le temps d'un aller et retour, j'ai pu faire connaissance de mes "petits-fils félins". D'abord Rio, là depuis une semaine, puis Barry, plus maigre et plus faible, qui n'est arrivé que dimanche, après avoir été bichonné par les personnes qui les avaient recueillis, des gens qui adorent les chats, ils en ont sept ! Ils leur ont fabriqué un genre de volière géante où ils peuvent vaquer en toute sécurité, et le reste du temps ils sont dans la maison. Ce sont les rois.

2020 9-26 Nevers0002rr

2020 9-26 Nevers0006

Comme Rio, on va dire, qui se sentait chez lui lorsque son frère a débarqué. Il n'était visiblement pas au courant qu'il était censé le reconnaître et lui sauter dans les bras, enfin, dans les pattes. Il a sauté, ça oui, mais sur le crâne du pauvre Barry qui s'est mis à miauler à fendre l'âme. Ce furent des retrouvailles très animées !

P1070595 capture

Il paraît que depuis, ils se sont calmés !

C'est sur ces félines nouvelles que je vous souhaite, à tous,

une très belle journée !

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19 septembre 2020

À quoi servent les regrets ?

2015 5-15 Hauts de France0003

À vrai dire, je n’écoute pas les infos. Plus exactement, je regarde peu la télé. C’était déjà ainsi avant la pandémie, c’est devenu pire.

J’ai appris hier matin que le port du masque est obligatoire dans ma petite ville de 6000 habitants. Je suis partie à la recherche des infos à ce sujet : en fait, il l’est depuis une semaine déjà ! Je trouvais bizarre aussi de croiser tant de gens masqués ... on peut donc dire que j’ai eu de la chance ! J’ai croisé une fois une voiture de gendarmerie, ils ne se sont pas arrêtés.

Ça m’a fichu les boules, hier. Et puis ensuite je me suis fait la conversation. Était-ce si grave ? Ma vie est-elle en danger ? Ma ville est-elle bombardée ?

Ça fait des années que je veux lâcher sur le passé. Ça fait des années que je veux lâcher sur les scénarios catastrophe du futur (ma grande spécialité). Juste savourer l’instant présent.

C’est vrai qu’avant, quand j’allais nager et que je me baladais librement, que je faisais ma folle aux cours de yoga ou que j’allais à la mer avec mon frère, mes enfants et mes petits-enfants, c’était des moments de bonheur et de plaisir absolus. Mais étais-je vraiment dans l’instant présent ? Peut-être pas, finalement. Non, sûrement pas. Mon esprit était pollué par toutes sortes de pensées, avant, pendant, après. Je trouvais encore le moyen de râler intérieurement. Je n’étais pas dans le moment.

Il aura fallu ça pour m’obliger à accepter, à accepter vraiment, même si ce n’est pas facile. Même s’il faut recommencer, tous les jours.

Accepter.

Je pense à ma parente du Nord décédée en 2019. Elle me manque beaucoup. Ces derniers jours, j’ai relu toutes les lettres qu’elle m’avait envoyées. Quelle chance j’ai eu qu’elle aime autant écrire que moi !

Sa dernière lettre date de 2015, elle avait 95 ans. Ensuite, ses doigts ne lui ont plus obéi. Mais elle avait été généreuse aussi dans ses envois : ma boîte de lettres et mon cœur ont débordé.

Elle m’a fait ce cadeau : pouvoir caresser son écriture du bout des doigts. L'entendre dire "je vais te considérer comme ma petite fille, tu es si gentille avec moi", revivre nos échanges, sourire à sa façon de parler "du Nord". Ça me manque.

Elle disait, cette parente : "Il faut nous aimer avant".

Elle disait, cette parente : "Un conseil, profite bien de tes parents, aime-les, soigne-les, car un jour, quand ils nous quittent .."

Elle disait, cette parente : "Tout peut s’arrêter en un instant".

Elle disait : "Et à quoi servent les regrets ? Il faut nous aimer avant."

2015 5-15 Hauts de France0002

18 septembre 2020

Pour changer un peu

2020 9-17 foret0001Hier, pour changer un peu des champs je suis retournée à l'endroit où j'étais allée avec ma fille dimanche,

2020 9-17 foret0002

2020 9-17 foret0003au moins il y a de l'ombre...

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2020 9-17 foret0007Cela faisait longtemps que je n'étais pas allée en forêt, c'était une promenade très agréable, très rafraîchissante !

2020 9-17 foret0008

Bonne journée à vous !

 

je viens d'apprendre que le masque est obligatoire dans ma (petite) ville, même dans les champs ..

15 septembre 2020

Le truc immense qui fond (avec indice)

J'ajoute un indice en bas de cette note !

Bonne devinette !

 

Bonjour à tous,

Tout d’abord, de douces et compatissantes pensées à tous ceux qui, avec la chaleur de fou annoncée, travaillent et doivent porter le masque, en plus !

Voici enfin la réponse à l’énigme merveilleuse proposée bien involontairement par ma fille : ce qu’est le "truc immense et qui fond sous la pluie" qu’elle m’a offert pour mon anniv !

Tadadam !

Voici !

Mon fils aussi en a une immense (hm, dit comme ça, ça fait bizarre !), j’adoOore ! Chose que je ne manque pas de dire dix fois à chaque séjour chez eux !

(Super, hein, la conception de la déco chez mon fils ! Pas surchargée, ça va ! Pour son malheur, Gazelle n'a pas la même ! En même temps, c’est une femme ! Où cette pauvre fille range-t-elle ses fringues, maquillage, cours, livres, photos, etc etc etc ? (Réponse : dans leur chambre, généreusement octroyée par mon fils : c’est donc la seule pièce meublée de l’appart’ !))

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Me voici donc avec une pendule immense, je suis trop contente ! (des pendules, j’en ai partout, j’adore ça !) [Pour ce qui est de fondre sous la pluie, ma fille parlait de l’emballage, et elle n’avait pas tort : si elle l’avait trimballée le jour où elle devait venir, avec ce qu'il tombait ce jour-là ma superbe pendule aurait été endommagée !]

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Allez, hop hop !!

Une autre devinette !

2020 9-13 ac Adeline0018

Oui c’est ma fille !

Oui c’est une posture, heu .. originale !

Non ce n’est ni un montage, ni un trucage ! (je ne sais pas faire !)

Mais qu’est-ce qu’elle fait, dites-moi dis donc ?

Premier indice :

 

2020 9-13 ac Adeline0007

 

 

Bonne journée à vous !
13 septembre 2020

Ça y est !

2020 9 champs0005

Bonjour à tous !

Comment ça va, la vie ?

La photo en fond de blog a été prise par Bibique. Merci Dominique !

Photo pour rêver, comme les images d'Étretat vues dans le film la semaine dernière, "Les souvenirs", vous l'avez regardé ?

Dans le livre que je suis en train de relire, l'histoire aussi se déroule à Étretat ! ("Demain n'attend pas" de Céline Rouillé)

(❛‿❛✿̶̥̥)

Ça y est (1) ! La luzerne est empaquetée ! (Enfin, emballée, emballotée .. emmaillotée .... Comment dit-on ?)

2020 9 champs0007

(❛‿❛✿̶̥̥)

Ça y est (2) ! Ma fille doit venir aujourd'hui ! J'espère que cette fois, aucun contretemps ne viendra chambouler ce projet ! 

Quant à ma seconde fille, si les dieux de la SNCF lui ont été favorables elle est partie par le train de 5h50 pour assister à une session de yoga qui débutait à 9h dans la forêt de Fontainebleau !

La banlieue, c'est super, il faut juste aimer prendre des trains ! 

J'ai hâte d'avoir son debriefing : du yoga en forêt de Fontainebleau, quel pied!

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Belle journée à vous !
Smouiiiiiiiich !

(¯`*´¯)
`*.¸.*
¸.*¨ ¸.*¨)
(¸. .´ ¸¸.`¨
*

 

 

10 septembre 2020

Bip Bip

Pour commencer, je tiens à apporter une précision essentielle : j’avais toutes les bonnes raisons de me mettre à chanter à tue-tête au milieu de nulle part.

Que je vous explique.

Tout a commencé avec ma promenade quotidienne.

Je décidai ce jour-là de suivre un chemin qui allait, pour changer, me mener je ne sais où, ou alors j’ai oublié, depuis le temps – des années – que je n’arpente plus tous les sentiers du coin avec mon fils qui ne tenait pas en place.

Me voilà donc partie. Il fait un soleil magnifique , je m’arrête tous les trois pas pour faire des photos (je songe à ouvrir un blog de photos de maïs).   

En fait, mon rêve secret est de réussir à faire une boucle, c’est-à-dire de revenir à mon point de départ sans avoir à faire demi-tour (personne ne sait par quel miracle, vu que je n’ai aucun sens de l’orientation, sans compter que rien ne ressemble plus à un champ de maïs qu’un autre champ de maïs).

Mais ce n’est pas grave. Je ne vais pas me laisser arrêter à ces menus détails. Rome ne s’est pas faite en un jour. 

Donc, je marche. Le chemin se déroule à mes pieds, fabuleux. Enfin, c’est ce que je me dis pour me motiver, vu que je préfère quand même quand il serpente et que je me demande ce que je vais découvrir au tournant (oh ! du maïs !), ou en haut de la côte (oh ! du maïs !).

Là, pas du tout.

Devant, le chemin est tout droit.

P1060647Derrière, le chemin est tout droit.

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C’est comme ça que pour me tenir compagnie je me mets à chanter. ♫`♪ Lalala lalalala la ♪ ♫ ! Bon, en même temps je ne vois pas qui ça peut déranger, vu qu’il n’y a que moi !

Énième arrêt pour faire une photo. Pour changer un peu je m’en prends au ciel. Bleu avec des petits nuageons tout mignons. Tiens, je vais faire un pano, que j’me dis (à voix haute).

C’est vrai, quoi, maintenant que j’ai enfin trouvé comment en faire ! (que j’me réponds).

Et zou, l’œil dans le viseur, je tournicote sur moi-même, et je me retrouve nez à nez avec ..

un sourire !

Un sourire moqueur, même, plaqué sur un visage féminin qui ne l’est pas moins, planté sur deux jambes en parfait état de marche.

Super. Je passe déjà pour une zinzin dans ma ville, maintenant je vais passer pour une zinzin dans les champs !

Depuis combien de temps me voit-elle gesticuler toute seule ? (Oui, parce que je dansais, aussi). Depuis combien de temps m’entend-elle faire des vocalises dans le vent ?

Mais surtout : d’où sort-elle ? Mais boudi, d’où peut bien sortir cette femme ?

Je ne suis pas folle quand même ! Devant, il n’y avait personne ! Derrière non plus !

Ben si, je suis folle. Je ne vois que cette explication !

En une seconde, la femme m’a dépassée.

En trois secondes, elle a fait 100 kilomètres.

J’y suis ! Ce n’est pas une marcheuse : c’est Bip Bip !!

Bip Bip

 

PS La boucle, ce n’est pas encore pour maintenant. Au loin, j’ai reconnu l’église de la ville où habite mon frère, chose qui m’a été confirmée par mon zoom. Ne parlons pas des voitures qui filaient sur la Francilienne.

Je tournais donc carrément le dos à mon point de départ ..

7 septembre 2020

Bouif !

Je devais voir mes petits-fils, j’avais hâte qu’ils me racontent leur rentrée. Première déception, le cadet serait absent, il travaille ! Il a intégré une école d’apprentissage en cuisine, son rêve depuis toujours ! La rentrée était mercredi et déjà, "il a un mariage" ! (en fait il devait commencer le 17 août mais le restaurateur n'avait pas de boulot pour cause d'épidémie !)

Deuxième déception samedi, pas de train ! J'ai dit à ma fille de s'installer à Villedacoté comme ça au moins j'aurais pu venir à pied ! Heureusement que je n’avais pas encore décongelé ce que j’avais préparé à manger (j’aime bien cuisiner pour mes petits-enfants, ça me rappelle le temps où ils l’étaient encore ! Petits, je veux dire !).

Bouif.

J’ai rangé ce que j’avais commencé à préparer pour emmener, j’avais quand même une boule dans la gorge, rien de méchant, mais quand même.

J’ai appelé les garçons, ils m’ont raconté par téléphone. C’est bien le téléphone.

Ma grande devait venir dimanche, j’allais enfin savoir ce qu’est le truc énorme qui fond !

Je l’ai rappelée le soir pour lui dire que finalement je n’étais pas avec ses neveux : pas de train. Elle m’a dit de ne rien regretter de son côté, de toutes façons, elle n’aurait pas pu venir, elle ne peut plus marcher ! Après trois semaines de congés passés en baskets, elle a repris le boulot, chaussures à talon, elle a mal aux pieds !

Pf, week-end pourrave !

La petite boule dans la gorge avalée, je suis passée à autre chose. La pandémie m’a appris ça : relativiser ! M’aider à moduler ma capacité d’adaptation aux imprévus !

Ce mois-ci, le dernier de mes petits-enfants a treize ans ! TREIZE ANS ! Purée.

J’ai posé mentalement la soustraction trois fois. Rien à faire ! Je retombe toujours sur treize !

Comment ça se fait que je n’ai rien vu venir ?

L'homme idéal : il fait même la vaisselle ! :-)

 

Et vous ? Bon week-end ??

 

6 septembre 2020

Le pas nonchalant du taureau

Il m’est arrivé un drame dramatique ! Ma penderie s’est écroulée avec mes 72 robes ! (Je sais que j’ai 72 robes car, pendant le confinement, j’ai été atteinte de comptite aigüe. J’ai commencé par compter les jours, puis les mailles (je me suis remise au tricot), puis mes pas, et enfin mes robes).

Soixante-douze robes, ça peut sembler excessif, dit comme ça. Mais 1) comme pour les livres, ce n’est quand même pas ma faute si elles me sautent dessus ! 2) Tout dépend de quel point de vue on se place. J’aurais un dressing, par exemple, ça ne semblerait pas du tout excessif! Ça semblerait même totalement insuffisant ! Non, le vrai drame de ma vie, c’est que je n’ai pas d’endroit pour les ranger ! Figurez-vous qu’elles étaient stockées dans un espace de mon placard qui fait à tout casser 0,60 sur 1. Vous vous rendez compte ?

Inutile de préciser qu’elles ressemblaient plus à des sardines en boîte qu’à des robes en penderie ! Surtout suspendues comme elles l’étaient, sur une tringle fixée par moi quand j’ai emménagé (je suis aussi douée en bricolage qu’en cuisine. À la réflexion, je suis beaucoup plus douée en cuisine !).

Autant dire que la barre tenait par une sorte d’opération du Saint Esprit ! C’est même un pur miracle qu’elle n’ait pas cédé plus tôt !

Bref, tout s’est effondré, et mon moral avec.

Je suis restée de longues minutes le regard dans le vide, accablée devant ce fouillis de robes et de cintres entremêlés, que je venais de balancer rageusement sur mon lit et qui faisait une petite montagne vestimentaire multicolore.

Puis je me suis dit qu’il fallait que je trouve une solution.

Me décider à faire du tri dans mes robes, par exemple.

Mon cœur s’est effondré.

Comme la penderie.

Mes chères robes.

La prunelle de mes étés. Voire de mes printemps et de mes automnes.

Je ne sais pas vous, mais pour moi, tous les vêtements ont une histoire. Une histoire qui s’imprègne d’autant plus profondément que je les porte depuis longtemps.

Or, je porte toutes mes robes depuis longtemps !

Il y a les robes qui sont sorties avec mes petits-enfants.

Ce jour-là mes petits-fils m'ont prise pour une toupie, j'avais fini la journée à l'hôpital Begin ! (on était au Parc Floral)..

Il y a celles qui ont foulé les Hauts-de-France.

Il y a celles qui sont allées à la mer,

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Voire, dans la mer.

Il y a celle de Giverny

Et celles de Paris.

Bref, vous saisissez l’idée ..

La mort dans l’âme, j’ai commencé à faire une sélection.

Les robes au-dessus du genou, ce n’est plus de mon âge ! Tej !

Enfin, tej, c’est une façon de parler ! Quand j’ai dit à mes filles que ma penderie s’était effondrée, elles ont eu du mal à cacher leur joie ! J’ai même entendu la grande trépigner ! Je vous jure, faites des enfants !

J’ai aussi viré toutes celles qui étaient quelque peu échancrées, vu que par un phénomène resté inexpliqué à ce jour, mes seins n’arrêtent pas de diminuer ; un de ces quatre, je vais les retrouver dans mon dos ! C’est dramatique, car combien de robes auraient tout donné pour me grimper dessus ?

D’ailleurs, si vous les aviez vu tendre leurs bras, dans la crainte d’être choisies pour déguerpir !

Mais, comme dit le proverbe de Délia : "Rien n'est plus lent que le pas nonchalant d'un taureau au ralenti qui se demande de quel côté il va tourner la queue !"

Je n’ai aucune idée de ce que ça veut dire, mais franchement, un tel proverbe, reconnaissez qu’il eût été dommage qu’il restât au fin fond de ma messagerie !

 

Bon dimanche à vous !
2 septembre 2020

Vexée !

Bah dis donc ! Hier matin ce n’était pas la grande forme ! Je devrais lever le pied sur les nuits blanches, ce n’est plus de mon âge ! Mais aussi, je suis en plein sevrage ! Vous savez de quoi !

Je n’arrive pas à m’y faire, elle me manque, elle me manque, elle me manque ! Au point – ça en devient inquiétant – qu’hier, en rentrant de la balade, comme j’avais mal aux pieds je me suis préparé une petite bassine d’eau tiède pour les y tremper. Vous les auriez vus là-dedans ! Comme ils étaient contents ! comme ils revivaient ! Ils m’ont souri : je vous jure que c’est vrai, ils m’ont souri !

Ceci dit, à peine plongés dedans, devinez quoi, le téléphone sonne ! mais moi, quand je suis dans l’eau, je suis dans l’eau, hein ! Alors j’ai avancé comme j’ai pu, les pieds dans la cuvette. Je l’ai fait glisser jusqu’à l’endroit où s’égosillait le tel, à la façon dont on se déplace les deux jambes dans un sac. Sauf que là, pas de prise pour diriger le truc. Qui bien entendu n’en faisait qu’à sa tête. Franchement, c’est un mode de locomotion que je déconseille ! ou alors faudrait l’adapter (deux petites cuvettes avec lacets, par exemple).

C’était ma fille.

Elle venait prendre de mes nouvelles.

Je lui ai dit que j’avais les pieds dans l’eau, et qu’il avait fallu que je glisse jusqu’à l’appareil avec toute mon habileté légendaire. Elle a été rassurée : comme d’habitude, sa mère fait n’importe quoi, tout va bien.  

Le thème du jour était sa possible venue en province (pour elle, au-delà de 20 kilomètres de Paris, c’est la province) afin de m’apporter mon cadeau d’anniversaire, dont je sais deux choses : il est énoOOrme, et il fond sous la pluie (cette deuxième caractéristique ayant été formulée la dernière fois qu’elle devait venir : il pleuvait. Du coup, elle est restée chez elle).

Quel truc énoOOrme peut bien fondre sous la pluie ? (pour le truc énoOOrme, j’ai bien pensé à quelque chose, mais ce n'est pas censé fondre !)

Si je n’ai pas encore la réponse, c’est parce que le week-end où elle devait venir (pont du 14 juillet, enfin celui du 11 plutôt), tous les employés de sa boîte avaient été sommés de rester chez eux pour cause de suspicion de covid d’une collègue (pour finir, c’était une gastro).

Pour en revenir à hier matin, je me sens très proche de ce que vous m’avez écrits, mes choupinous. Smouiich ! Vous êtes trop mimis. Mais il ne faut pas vous inquiéter pour moi, un matin je suis toute bouif et une heure après je ne me rappelle même plus pourquoi. Déjà petite j’étais comme ça. Ma vie n’était pas merveilleuse (en tout cas pas tout le temps), et pourtant je la trouvais fabuleuse ! J’avais de la chance, j’étais bien, je ne retenais que le bon, d’ailleurs ça n’a pas tellement changé, je ne retiens toujours que le bon. J’ai appris récemment qu’on appelle ça de la résilience, un mot que je ne connaissais même pas. Je suis bourrée de résilience, comment peut-on être déprimée en étant bourrée de résilience ?

Ma résilience et moi-même sommes allées hier marcher, comme chaque jour. Le truc, c’est qu’il faut aimer le maïs. Toujours là, stoïque. Enfin, stoïque penché. Il est très très sec. Ne couve-t-il pas une petite déprime ? Je suis inquiète ! Où donc est le paysan ? Pas dans le maïs, c’est sûr.

Hier, il était dans un champ plein de fleurs bleues. Qu’est-ce que ça pouvait bien être, ces fleurs ? D’ailleurs, j’ai pris une photo, au moment même où le tracteur qui s’éloignait a fait demi-tour pour revenir vers moi !

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(le tracteur est au loin, là, au bout, vous le voyez ?)

Misère ! Il croit que je le prends en photo, lui ! Il revient pour me dire sa façon de penser ! Il imagine que j’en veux à son beau torse bronzé ! Au secours !

Une promeneuse pleine de résilience sauvagement roulocompressée par un tracteur.

Arrivé à mes pieds, vous croyez qu’il se serait prosterné ?

Même pas. Il refait demi-tour !

Pf.

Vexée !

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30 août 2020

Une jolie rigole

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De : Ambre@pascontente.fr

À : meteofrance@gmail.com

Cher Monsieur (si vous êtes de sexe féminin, veuillez lire : Chère Madame),

Depuis quelques temps je suis devenue une de vos lectrices les plus assidues. Ma préférence va à l’épisode "Pluie dans l’heure" sur lequel vous ne vous trompez jamais (à part la fois où vous avez écrit qu’il ne pleuvrait pas de la journée alors qu’il tombait des seaux d’eau dehors) (c’est bien regrettable que cette séquence ne me soit pas revenue, comme va le montrer la suite de l’histoire).

J’avais, disiez-vous, une heure devant moi.

Le ciel était gris, mais je suis d’une nature foncièrement optimiste : revêtue d’une robe et d’une veste légère (en même temps, si on ne peut pas sortir ainsi au mois d’août, quand le pourra-t-on ?), j’ai chaussé mes pataugas et je suis partie.

Un léger zéphyr ébouriffait les feuilles. J’ai fait demi-tour au bout de ma rue pour troquer ma veste contre une autre, plus chaude, chose en laquelle j’ai été bien inspirée, comme va le montrer la suite de l’histoire.  

Le ciel était gris, mais pas de pluie.

J’ai béni vos prédictions.

Au fur et à mesure que je marchais, j’ai commencé à regretter de ne pas avoir emmené un bonnet, une écharpe, que sais-je ? Toute chose qui m’aurait potentiellement protégée du vent froid sa mère qui s’engouffrait sous ma robe.

J'ai commencé à ne plus vous bénir du tout.

J’avais prévu de faire un circuit d’une heure, puisqu’une heure avais-je devant moi. Mais un éclair de lucidité (à moins que ce soit celui qui venait de zébrer les nuages noirs s’amoncelant au ciel) m’a fait rebrousser chemin, ce en quoi j’ai été bien inspirée (comme va le montrer, etc).

Je hâtai le pas quand j’ai senti sur mes jambes des gouttelettes portées par le vent.

Ça ne pouvait pas être de la pluie, vous me l’aviez assuré.

Ça n’en était pas, en effet : en une minute (environ), un monceau de grêlons m’est tombé sur la tête et je me suis retrouvée trempée et dégoulinante du haut jusqu’en bas.

Rapidement, le chemin recouvert de boue est devenu glissant. Ce n’est pas que j’ai une tendance à choir, mais j’ai préféré continuer dans l’herbe, quitte à avoir les mollets mouillés. Je serrais tendrement dans ma main mon appareil au fond de ma poche, dans la crainte qu'il ne prenne l'eau.

Le retour a été rapide. Je n’ai jamais marché aussi vite.

J’aime la pluie, ce n’est pas la question.

Mais pas la pluie qui mouille.

Je la sentais s’insinuer au travers de ma veste, et même de la capuche ! D’ailleurs, comment ça se fait qu’on nous vende des vêtements censément portables lorsqu’il pleut et qui ne sont pas imperméables ?

De retour à la maison, je me suis déshabillée intégralement dans l’entrée et j’ai tout jeté par terre. Ma robe m’a regardée avec des petits yeux ronds qui m’ont fendu le coeur, tout en dessinant une jolie rigole sur le carrelage.

Quant à mes pataugas, ils vont mettre trois jours à s’en remettre, je puis vous l’assurer.

Aussi, cher Monsieur (chère Madame), puis-je me permettre de vous suggérer de prendre quelque vacance ?

Allez donc en Bretagne, il y pleut tout le temps, paraît-il. Cela vous permettra d’étudier les diverses formes de précipitations.

Je vous prie d’agréer, cher Monsieur (chère Madame), l’expression de mes humides salutations.

 

Ambre Neige

 

 

24 août 2020

Message provisoire (5)

J’ai espéré très fort que tout redevienne comme avant. Mais rien ne redeviendra jamais comme avant.

Le plus gros changement qui s’est opéré dans ma vie quotidienne est la découverte de l’incroyable liberté dont je jouissais sans le savoir, celle d’aller et venir à ma guise.

J’empruntais des trains et des métros. J’empruntais des trains et des métros sans être obligée de porter un masque, sans craindre d’être trop proche des autres, j’empruntais des trains et des métros sans savoir que c’était du bonheur.

Je flânais dans les magasins. Tantôt des livres me sautaient dessus, tantôt c’était une robe magnifique qui s’envolerait autour de mes jambes plongées dans le bord de mer.

Je me posais à la cafète avec l’une ou l’autre de mes filles, je claquais des bises aux copines de yoga croisées ici ou là, à la dame de l’accueil de la piscine. Depuis dix ans que je la voyais régulièrement, elle faisait partie de ma famille.

J’allais à la piscine. Ma deuxième maison. Je ne peux même plus y penser. Si je tombe par hasard sur des images de gens qui se baignent, mon cœur tombe dans le coma. Ça me manque trop.

Je voyais mes enfants et mes petits-enfants. On s’embrassait. On s’embrassait.

J’allais à Nevers et dans les Hauts-de-France.

J’allais voir la mer.

Oui, j’étais libre et je ne le savais pas. Je passais mon temps à geindre sur tout et sur n’importe quoi, alors que j’avais tout : la liberté d’aller et venir, et celle de me plaindre.

Maintenant, je marche.

Le plus gros changement qui s’est opéré dans ma vie quotidienne est la découverte de l’incroyable plaisir que je peux avoir à marcher.

Simplement marcher.

Avant, je ne savais pas.

Je marchais dans la ville, je ne regardais rien, ou si peu de choses.

J’avais toujours un but, des courses à faire, une chose à acheter.

Je n’ai plus de but.

Je marche.

C’est tout.

piedsnus

 

14 août 2020

Dans mes yeux

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Une température respirable, enfin ! 

Reprendre avec plaisir le chemin des champs. Laisser le vent balayer les jambes d’un geste tendre, emporter la casquette .. pas résolu le problème du chapeau qui s’envole.

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Les maïs ont chaud, ils sont tout secs.

Je me demande pourquoi ils ne sont pas encore coupés. Un paysan au cœur tendre ?

Ne pas séparer les amants tendrement enlacés ?

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Poursuivre l’histoire de Julie, mon ancêtre, replonger avec délectation dans les verbes conjugués au passé.

Avoir la confirmation de tout ce que je sentais, depuis si jeune, depuis toujours. En être soufflée.

Chercher Élisa, la fille de Julie, dans les yeux d’une des miennes.

Dans mes yeux ..

Tisser des mots par petites phrases, pour que leurs silhouettes floues ne disparaissent jamais.

 

Ne plus pouvoir lire. Prendre un ouvrage et le poser.

En prendre un autre et le laisser.

Rêver à des romans qu’on n’aurait plus envie de lâcher.

 

Copier sur l’ordi des diapos de mes parents.

M’attendrir sur la peau dorée de Maman, le sourire de mon père.

Oublier la nuit. Mais pas les soleils.

 

M’ennuyer. Un peu.

Regarder sourdre le bleu du ciel.

Observer, sous la caresse du soleil, fleurir les jardins suspendus au-dessus de ma tête.

Savourer.

 

9 août 2020

Ballotée dans le ventre de Maman

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Depuis le corona, je nage dans ma tête.

Depuis la chaleur, je marche virtuellement.

Je n’ai jamais supporté la chaleur.

Je me rappelle, gamine, les longues balades dans les ruines de Paestum, et soudain une fontaine, surmontée du panneau ‘’aqua non potabile‘’. Ma langue pendait jusque par terre ! (Pauvre petite fille qui partait en vacances en Italie, lol)

Juste pour dire : je ne supporte pas la chaleur. Sauf si je suis à deux mètres de l’Adriatique. La Manche ou l’Atlantique, à la rigueur.

Dans ma tête, j’y suis. Mes parents m’ont faite avec une imagination débordante. Merci Papa, merci Maman ! Vous ai-je dit qu’ils m’ont conçue par une nuit d’orage, près du Puits d’Enfer, à deux pas d’une mer en furie ? Purée, je m’y vois encore, ballotée dans le ventre de Maman pendant qu’elle tient le piquet de la tente pour ne pas qu’elle s’envole ! Quel roulis, quel plaisir ! Hissons la voile, on va partir !

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 Août 2016 dans la Manche, avec mon fils

 

Et vous, la chaleur : votre tasse de thé ?

PS Un bonheur ne vient jamais seul : le chalazion est revenu ! Franchement, en envoyant toutes sortes de prières au Ciel pour retourner me baigner, je voyais autre chose que des bains d’œil à l’eau chaude ! 

20 juillet 2020

Un bain de maïs

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Je suis retournée chez la coiffeuse ! Que je suis contente d’avoir retrouvé mes cheveux d’avant ! Mon absence de cheveux, plutôt ! Je ne me lasse pas de croiser mon reflet dans le miroir, je me susurre : "T’as de beaux ch’veux, tu sais.." ..

Ça fait quatre mois et trois semaines que j’ai arrêté de nager ! Quatre mois et trois semaines, misère.. La dernière fois c’était le 29 février : j’ai arrêté d’aller à la piscine et aux cours de yoga avant tout le monde ! Sans doute influencée par ce qu'on entendait déjà sur le nouveau virus et aussi par mon cousin du Nord qui l’a possiblement eu en janvier quand on n’en parlait pas encore.

C’est dur, l’abstinence de natation, surtout à cette période ! Avant, c’était le moment où la piscine était ouverte tous les jours, donc je nageais tous les jours !

Hier, à défaut, j’ai pris un bain de maïs. C’était bien, il n’y avait pas un chat ! Enfin si, une meute, juste à l’entrée du chemin, un groupe de randonneurs qui ne randonnaient pas, ils devaient attendre quelqu’un.. Ils ne m’ont pas rendu mon bonjour, qu’est-ce que ça m’énerve les gens qui ne disent pas bonjour ! Ça m’énerve, mais pas longtemps !

Je me suis fait la réflexion que je n’avais jamais vu de randonneuse en robe, purée elles doivent avoir chaud !

À part ça les maïs ont bien poussé (oui, je sais, ma vie est palpitante), ça faisait un moment que je n’étais pas allée dans les champs ! En fait je cherche des trajets où il y a de l’ombre, il n’y en a pas beaucoup !

Voili, voilou.

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Et vous ?

Comment va votre vie ?

12 juillet 2020

Les cheveux au vent

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Je pourrais vous dire que je ne suis pas retournée à la piscine. 

Je pourrais vous dire que je suis allée chez le coiffeur, qui est une coiffeuse. Laquelle, à peine mon pied posé dans le salon, s’est exclamée, : "Je vous vois passer souvent, les cheveux au vent ! Ils sont magnifiques ! Il est hors de question que je les coupe !"

Je pourrais vous dire que je suis ressortie comme j’étais entrée, trois rebiques en moins.

Il faut bien se rendre à l’évidence : à part le fait que je n’ai jamais su m’imposer, rien n’est plus comme avant.

Ma fille parisienne a décommandé notre réunion de famille pour cause de suspicion de Covid dans son entreprise, tous les employés ayant obligation de rester confinés quatre jours (pont du 14 Juillet) en attendant le résultat du test.

Je vais refaire une banderole, tiens. 

"Je me contente de ce que j’ai". "De ce que je n’ai pas", plutôt (piscine).

J’ai mal aux pieds à force de marcher.

Je n’avais jamais mal aux pieds à force de nager !

Tant pis.

Tiens, je vais passer mon permis. Quelle idée fabuleuse ! Ensuite je m’achèterai une voiture et une route déserte pour pouvoir y circuler sans danger pour personne. Ce sera chouette ! J'irai voir la mer!

Je m’y vois déjà, chantant à tue-tête! Au volant d’une décapotable, tiens ! J’adore le vent ! Surtout maintenant que j’ai des cheveux magnifiques! (Même les coiffeurs refusent de les couper !)

Bon, en attendant cet heureux jour, je vous fais des bisous. Plein !

Na!

 

ℒ ℴ ν ℯ ✿

29 juin 2020

Tant d'amour

Ma fille me fait un geste discret. Je la suis dans sa pièce à tout faire. Elle saisit une boîte, je la connais, c’était la boîte à couture de ma mère.

Elle soulève le compartiment, me tend quelques feuillets. Des feuillets cachés là par ma mère. Quand ? Je ne me rappelle pas de lettres de mes parents à cet endroit.

Je les glisse dans mon sac.

Brusquement, un clash entre ma fille et un des garçons.

Des cris. Tant de violence. Des larmes. Les miennes me montent aux yeux.

Donc, je ne sais faire que ça ? Subir, pleurer ?

Je fais ce que je n’ai jamais su faire. Je prends l’enfant par la main. Ce grand enfant qui n’en est plus un.

On va dans le jardin. Il ne cesse de pleurer.

Je ne l’aime pas. Je ne l’aime pas. Je ne l’aime pas.

Il ne sait pas qu’un jour, les mères ne sont plus là. Que les mots que l’on dit, on peut les regretter.

Bon sang, que faire ?

Je pense aux baffes. Aux bleus de ma sœur.

Je pense chez moi aux portes dégondées.

La violence est-elle une fatalité ?

Ce soir, il dormira à la maison. Demain, on pourra parler. Dire, au moins essayer, de comprendre ce qui se cache derrière les mots mouillés.

Puis, pour lui, c’est l’heure de rentrer.

 

Seulement alors, mes larmes se mettent à couler. Je vide mon sac.

Les poèmes de mon père ! Je les avais oubliés.

Entre mes mains, je déplie les papiers.

Trois cœurs, un seul amour,

Les fleurs du printemps

Ont fructifié

Et ce fruit dort près de nous.

Et, entre parenthèses, rajouté de la petite main fine de ma mère,

mon prénom.

 

Tant d’amour. Et tant de violence.

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16 juin 2020

Petit à petit le forgeron fait son nid

J’ai du cholestérol !

C’est le dernier scoop de la doctoresse, que je trouvais pourtant extrêmement sympa ! En plus, sa balance m’a dit que je n’ai même pas grossi !

Que je vous explique.

Dans mes résolutions de fin d’année, il y avait celle de prendre du poids, vu que je suis tombée je ne sais comment à 46 kg (c’est peu). En fait, mon poids n’a jamais été un problème. La plupart du temps, je ne mange que ce que j’aime (des légumes et du chocolat) et je m’en porte très bien (50 kg).

Seulement voilà, je me suis mise à maigrir, personne ne sait pourquoi, si bien que, quand j’ai eu la grippe l’été dernier (je sais, je ne fais rien comme tout le monde), j’ai eu un mal de iench à me retaper. J’avais aussi tout le temps froid en nageant (enfin, quand je nageais encore).

Je me suis dit qu’être épaisse comme une allumette ne devait pas aider, je devais manquer de protéines. Alors j’ai prié veau, vache, cochon de me pardonner et j'ai décidé de manger de la viande tous les jours. Je me suis aussi fait des gâteaux bien consistants à base de tout ce que j’ai trouvé dans mes placards, et bien sûr, je les ai mangés !  

Ensuite il y a eu la pandémie. Entre deux torrents de larmes (on aurait dit la mer de Norvège), j’ai avalé des paquets entiers de madeleines industrielles, tout en continuant à ingurgiter les trucs bien gras que je préparais (je n’avais que ça à faire).  

Ce n’était pas une bonne idée.

Je suis rentrée de chez le médecin avec la mort dans l’âme et un médicament à prendre.

J’ai lu la notice.

Pour être sûre, j’ai regardé sur internet.

Je sais pourtant qu’il ne faut jamais regarder sur internet.

J’ai ressenti immédiatement tous les effets secondaires décrits alors que je n’avais même pas commencé le traitement.

J’ai appris aussi que le stress (c’est quoi, le stress ?) et le manque d’activité physique font monter le cholestérol. Ça va être de ma faute, maintenant, si toutes les piscines sont fermées !

Les jours suivants, j’ai commencé à éplucher la composition de ce qu’on mange : en fait, on a le choix entre trop de matières grasses ou trop de sucres ! Pfff ! C’est pas comme ça que je vais grossir !

Bon, allez, hop hop ! Pas de découragement !

Ne dit-on pas que petit à petit le forgeron fait son nid ?

four

31 mai 2020

La plus grande méditante de tous les temps

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Chaque matin depuis l'annonce de la pandémie, je dépose le feuillet de mon éphéméride dans une boîte.

Au début, c’était pour voir le tas de jours que ça ferait à la fin.

À la fin de quoi ? Je ne sais pas.

Maintenant, je le fais machinalement.  

On s’habitue à tout.

Mes habitudes ont changé. Il n’y a plus de natation. Ça a été le sevrage le plus douloureux. Être privée brutalement de ma dose d’endorphines régulières. Encore maintenant, mon corps a mal. L’eau avait ceci de magique qu’elle noyait les tensions, les fatigues musculaires, articulaires, et que dire du bien-être psychique ? Ce qui n’est pas le cas – en tout cas pas le mien – avec la marche, chose que je me suis décidée finalement à pratiquer après avoir boudé pendant plus d’un mois, ce qui ne m’a pas tellement réussi.

Donc, ça y est, j’ai intégré un quotidien sans natation. Sans ce Plaisir-là, mon premier plaisir, mon plus grand. Est-ce ma faute si je suis tombée dedans toute petite ? J’avais un an, c’était aux Sables d’Olonne. Je suis à oilp, Maman ne s’encombrait pas de pudeur superflue, elle était très pudique, mais aussi ouverte et libre. Maintenant que j’ai l’âge qu’elle a eu un jour, âge que, pauvre innocente, j’imaginais si loin de moi à l’époque, me viennent tant de pensées, tant de questions que j’aurais pu, dû lui poser. Et surtout une révision absolue de notre histoire, à présent que j’ai compris, compris et pardonné.

Donc, j’ai un an. Je suis assise dans l’océan Atlantique avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Les photos de mes frère et sœur bébés à la mer montrent des grimaces et des pleurs.

Moi, non. Je ris. Je prends mon pied.

À cette période, on snobait les piscines. Il nous fallait des vagues, du roulis, la bonne odeur de l’iode et les lames qui nous balançaient sur la rive comme des pantins désarticulés, le maillot rempli de sable, qui parfois glissait sur nos chevilles. Il nous fallait le goût du sel sur la peau. Avec mes parents on se baignait n’importe où, océan, mer, lac, comme en Suisse ou en Autriche où l’eau était si profonde qu’elle en paraissait noire, fleuve et rivière les week-ends, Allier, Eure à une température légèrement inférieure à celle de l’Adriatique où nous avions l’habitude de nager l’été.

Allons bon, où suis-je encore partie ? Loin dans ma tête, très loin de ce que je voulais dire.

Donc, je ne nage plus.

Je marche.

Cette activité me surprend : j’y découvre du plaisir, énormément de plaisir.

Et puis je redécouvre ma ville. Elle a changé. Beaucoup de constructions. Mais aussi les champs, toujours les champs, à perte de vue.

Ma ville ouvre pour moi ses paupières vertes, secoue ses jupes de blé et de maïs, chante sa joie par mille papillons dans un ciel avec de jolis petits nuages qui ne sont là que pour rendre le bleu plus bleu.

Évidemment, il faut aimer les champs. C’est mon cas. Je m’arrête un long moment pour regarder leur chevelure bercée par le vent.

Une autre chose : je ne mange plus devant la télé. Non pas que j’aime spécialement la télé, mais elle parle. Un peu de compagnie ne nuit pas.

En ce moment, c’est une compagne que je n’ai pas envie d’entendre. Je finirai toujours par être informée de l’essentiel.

Et puis franchement, pourquoi s’asseoir devant la télé quand on a la chance d’avoir des bambous dehors ? C’était bien une idée d’avant.

Je mange donc au soleil. Je regarde les bambous se multiplier et envahir (je les coupe régulièrement, pas sûre que les voisins aimeraient se retrouver à Anduze).

At last but not least, je me suis réconciliée avec la patience, l’instant présent et toutes ces sortes de choses.

Peut-être suis-je en train de devenir la plus grande méditante de tous les temps ?

20 mai 2020

Comme une offrande

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Ça pousse, hein ? Comme mes cheveux. À ma grande surprise, ça ne me dérange pas ! Pourtant, avant, je les rêvais courts. Je rêvais même, pourquoi pas, de les faire raser.

Et voilà que je les touche, voilà que je les caresse, et voilà que je guette dans le miroir leur douce abondance. Une invasion tendre. Une pluie. Une marée sans violence. Et qu’ils refluent en tous sens, quelle importance ?

Une image me vient depuis que ma cousine l’a évoquée : celle de notre arrière-grand-mère qui portait les cheveux si longs qu’elle en faisait une grosse natte retombant sur son épaule.

J’imagine sa grâce lorsqu’elle les déployait le soir. J’imagine la nuit abondante de ses cheveux. J’imagine ce cadeau qu’elle faisait à son époux, le seul à avoir le droit de la voir avec les cheveux ainsi étalés.

Je trouve cette image tellement jolie, comme une offrande.

Il est derrière elle.

Il sourit.

Il sourit.

Il sourit.

12 mai 2020

Ça va le faire !

La reprise de ma grande s’est bien passée ! Évidemment, elle a stressé à l’idée de reprendre les transports en commun, mais en même temps elle commençait à trouver le temps long sans voir personne et elle n’était pas mécontente que cette période se termine. C’est d’ailleurs la première chose qu’elle m’a dite, Oh maman j’ai passé une journée merveilleuse, j’ai vu plein de gens ! Ce n’est pas pour rien qu’elle vit à Paris, qu’elle ne quitterait pour rien au monde ! Parfois, on se demande comment on peut avoir des enfants si différents de soi !

Dans le RER peu de monde le matin, les gens respectaient bien les distances (au départ elle a songé à faire le trajet en trottinette, mais quand elle a vu qu’il pleuvait et ventait elle a renoncé. Finalement elle s'est félicitée de ce choix car le soir elle avait super mal aux jambes ! Plus l’habitude de marcher! Alors, trottiner!!!)

Dans son entreprise un quart des employés a repris en présentiel, la majorité continue de télétravailler. La journée s’est passée à détacher les masques qui vont être distribués aux employés, évidemment c’est inhabituel pour une hôtesse d’accueil, mais on s’adapte !

La compagne de mon fils reprend aujourd’hui ! J’espère que "ça va le faire ! ", comme elle dit !

Nos enfants sont drôlement courageux, être confrontés à une telle épreuve ça ne doit pas être facile. Me reviennent les angoisses que me confiait mon petit-fils de 16 ans bien avant la pandémie, sur le monde dans lequel on vit, l’état de la planète, etc… Il a un regard très lucide et je n’ose penser à tout ce qui doit tourner dans sa tête en ce moment..

Dire qu’à son âge, j’étais peace and love avec devant moi un avenir qui ne pouvait être que radieux !

 

11 mi Adeline reprise

Et chez vous, comment va la vie ?

 

Je vous souhaite une très belle journée!

ℒ ℴ ν ℯ

5 mai 2020

En plein dans sa nuit

Hier j’ai eu une sacrée émotion : la Gazelle, compagne de mon fils, me téléphone à 8 h du mat', son aube à elle, pour m’annoncer que la chair de ma chair est aux urgences, Rassurez-vous, rien de grave (comme si ça pouvait ne pas être grave pour qu’elle m’appelle en plein dans sa nuit). On a donc passé les trois-quarts-journée au téléphone (j’ai caché ma joie) pendant que mon fils passait la sienne dans un couloir avec un certain nombre d’autres personnes, vu que bien entendu les pompiers n’ont pas permis à Gazelle de l’accompagner.

Les examens n’ont rien révélé d’ennuyeux (ouf), et mon fils est rentré à pied : par les temps qui courent, prendre l’air est un plaisir qui ne se refuse pas !

Après Gazelle, j’ai eu ma fille Parisienne, complètement stressée depuis plusieurs jours à l’idée de reprendre lundi. Elle porte un masque depuis le début, donc bien avant la nouvelle directive, Tout le monde me regarde mais je m’en fiche, elle en a d’ailleurs commandé je ne sais combien je ne sais où (ils ne sont jamais arrivés) et utilisent donc des lavables qu’elle paie à prix d’or en pharmacie (au début elle se faisait un masque de fortune avec son bandana dans lequel elle glissait un filtre d’aspi ou du sopalin)(Mamoune je ne te dis pas comment j'ai du mal à respirer!).

Elle envisage de reprendre le boulot masquée, gantée et plexiglassée. Elle va être jolie comme tout, j’ai hâte qu’elle m’envoie une photo !

En attendant, je vous mets une photo de moi :

poney

 

 

Très belle journée à vous!

 

(✿̶̥̥)

 

2 mai 2020

Les yeux d'un petit enfant

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Aujourd’hui il fait gris, ce qui n’est pas pour me déplaire. Comme dit ma cousine, je préfère que le temps soit accordé à mon état d’âme. Et puis, il y a moins de monde dehors.

La prof de yoga nous a annoncé que les cours reprendront le 11 mai.. avec masque ! Franchement, je ne me vois absolument pas pratiquer une activité où la respiration est si importante, avec un masque sur le nez ! On étouffe là-dessous !

En revanche, j’attends avec impatience la ré-ouverture de la piscine. Si je savais dessiner des BD, je me représenterais avec des bassins dans les yeux, comme Obélix lorsqu’il est en manque de sangliers. Je ne savais même pas qu’on pouvait développer une addiction à la natation !

Dire que je venais de me procurer la bibliographie intégrale de Maud Fontenoy dans le but de prendre la mer !

Ben quoi ?

J’envisage de me procurer une tenue de plongée intégrale, avec masque de cosmonaute. Ils vont bien nous inventer ça, à Décathlon ! Dire que je n’ai jamais compris les personnes que je voyais nager avec pince-nez/lunettes/bouchons d’oreille/palmes pour les mains (palmes pour les mains !! J’ai mis un moment avant de comprendre à quoi servaient ces drôles de choses sur les mains des nageurs !!)/palmes pour les pieds/chaussettes de piscine .. Ça m’apprendra à me moquer ! Si j’avais su qu’un jour, je devrais envisager de nager avec une armure..

Moi qui voulais devenir un modèle de patience et de zénitude me voilà servie ! (La prochaine fois, je ferai très attention avant de lancer un quelconque souhait à l’univers !)

J’ai entendu dire que le sport en collectivité reste interdit. Cela me va très bien : ça ne me dérange pas du tout de nager toute seule dans la piscine. Et même, j’ai hâte ! J’espère qu’ils ne vont pas trop tarder à rouvrir rien que pour moi !

Que dire à part cela ?

À l’image du graphique de la pandémie, celui de mon moral monte et descend. Disons que je vais plus souvent le récupérer au fond du trou que l’inverse. À vrai dire, avant que tout cela ne débute, la doc venait de m’annoncer, en plus d’une mauvaise nouvelle, que je "fais une dépression". Était-ce ma nouvelle doc ? Ou mon cher médecin (celui qui m'a lâchement abandonnée pour profiter de sa retraite ?) Enfin, profiter de sa retraite... Si on peut dire! J’espère pour lui qu’il est parti loin, très loin!

Sur la Lune!

En fait je sais pertinemment que non. Après son départ j’avais écumé tous les cabinets médicaux de ma ville comme une âme en peine, et j’ai fini par apprendre que pour se distraire, il fait des remplacements. Ça ne m’étonne pas de lui ! (Je sais qu’il a fait de l’humanitaire et qu’il voulait repartir.) (Les derniers temps on se racontait nos vies, enfin surtout la sienne, puisque cet homme qui connaissait mes poumons par cœur, mon estomac et mes angoisses depuis trente-trois ans (c’est bien simple, on est arrivés en même temps dans la même ville, lui débutait sa carrière de toubib et moi celle de sa patiente – s’il a réussi on peut dire que c’est largement grâce à moi !), bref, le cher homme ne m’avait encore jamais parlé de ses désirs, de ses aspirations, de ses petits bonheurs du quotidien.

C’est ainsi que j’avais appris qu’il faisait : Vipassana, vous connaissez ? (oui), taï chi, kouwendo (connais pas, ça s’écrit comment ?), Compostelle, il avait aussi rencontré Matthieu Ricard et le Dalaï Lama ! Quelle joie inexhaustible de l’écouter me raconter tout ça et de voir ses yeux briller comme ceux d'un petit enfant ! D’ailleurs, au moment où il a commencé à me parler de ses arbres, des arbres de plusieurs mètres de diamètre devant lesquels il s'asseyait pour méditer, je crois que je l’ai perdu. Oui, mon ex-médecin aime les arbres. Dire qu’il aurait pu me quitter sans jamais me dévoiler cette information capitale !)

Pour en revenir à ma soi-disant dépression, je n’étais même pas allée chercher le médoc.

C’est vrai, quoi, franchement !

Si je suis dépressive, c’est maintenant, c'était pas avant !!

 

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27 avril 2020

Ainsi valse la vie

 

Devant le miroir, elle prépare sa bouche, elle la peint avec du brillant à lèvres. Elle oint sa peau de nectar d’abricot.

Elle la couvre de dentelle, puis se place devant la penderie pour choisir avec soin la robe qu’elle va porter.

Elle la glisse sur elle, se réjouit du contact fluide du vêtement qui tombe en corolle autour de ses cuisses.

Elle descend l’escalier.

Dans la cuisine, autour de sa taille elle noue son tablier.

La cuisine, c’est son refuge. Petite, c’est l’endroit où sa mère distribuait généreusement ses leçons de choses, leçons qui laissaient assez à désirer, mais leçons quand même – Maman avant-gardiste, Maman rebelle, elle ne la remerciera jamais assez.

Du vieux pick-up s’élevait Inch’Allah. Car sa mère, cette femme qui un jour a eu trente-deux ans, était tombée amoureuse d’Adamo.

Il lui en reste comme une nostalgie, la même qu’avec Non ho l'età des jours d’été en Italie.

Plus tard, elle a continué à aimer être dans sa cuisine. Elle y dansait.

Elle s’entend si bien avec elle-même, si vous saviez. Leurs pas sont parfaitement accordés.

Maintenant, la porte de la cuisine est dégondée.

Mais rien n’est grave.

Elle continue à y danser.

19 avril 2020

Desséchée des bisous

J’aimerais avoir quelque chose à écrire. Quelque chose de drôle. Naturellement, rien ne vient. Je suis desséchée de la rigolade.

En plus, je boîte. Non pas que ça m’empêche d’écrire. Encore que. Si je ne boitais pas je me serais sans doute amusée à faire la posture de l’arbre dans ma salle à manger et j’aurais eu quelque chose à raconter. Seulement voilà, j’ai mal aux jambes depuis que je ne marche plus (ce qui prouve qu’en temps habituel je peux marcher. C’est une chance !).

L’autre jour, pendant que j’appelais mon frère, chose que je fais régulièrement maintenant (je n’aime pas plus le téléphone qu’avant, mais là c’est un cas de force majeure), pendant tout le temps qu’on se parlait, je n’ai pas arrêté de marcher. Après tout, c’est ce que fait mon fils, il marche dans son appart’ pendant une heure. Mille pas par jour, je crois. Comment fait-il ? Au bout de trente minutes j’en avais ras le bol. Franchement, marcher sur du carrelage en chaussons, ça n’a rien de plaisant ! D’ailleurs, je boîte toujours.

À part les rires, je suis desséchée des bisous. Bon sang ! Pourquoi suis-je partie si vite la dernière fois que je suis allée voir mon fils ? Pourquoi ne lui ai-je pas fait un million de câlins et cent cinquante-deux mille bisous ? Quand sentirais-je de nouveau ses bras faire deux fois le tour de moi ?

Et mes filles ?

Purée, qu’est-ce qu’on va devenir si on ne peut plus se faire de bisous ?

 

2

 

16 avril 2020

Dans un bel ensemble

Pastelle-Katy 8 avril 19

© Pastelle

 

Hier, après une longue conversation avec moi-même où il appert que je ne suis pas près de retourner nager, j’ai essuyé mes larmes et pris ma spatule (le truc qui me sert à arracher le papier peint de la salle), chose que je n’avais pas fait depuis l’ouverture de la piscine aux horaires d’été. 

Chaussée de mes lunettes de piscine, j’ai escaladé mon mini escabeau et me suis attaquée aux endroits de la salle que j’avais copieusement dédaignés, malgré leurs petits yeux implorants visant à exprimer le fait qu’ils auraient tout donné pour que je les arrache.

Eh bien, allez réparer le mal que vous faites ! Je me suis vite rendu compte qu’ils ne voulaient absolument pas quitter leur mur chéri.

Ils bou-daient.

Vous le croyez, ça ? Ils boudaient !

Marie, toi qui as posé des kilomètres carrés de papier peint, t’aurais pas une astuce, quand on n’est pas à main, pour réussir à décoller du foutu gfdgjdhgdkpapiergfdshfspeint de bazar de mince ! ??

Ah mais, c’est vrai ! Tu m’as dit que tu recollais par-dessus l’ancien ! C’est vilain, ça, Marie ! Moi, je fais les choses bien ! Pas vite, mais bien ! En même temps, si je recollais par-dessus le papier existant, tout s’effondrerait dans un bel ensemble !

Mais au fait, la voilà la solution ! Je vais en recoller par-dessus !

Toujours est-il que je pleure moins.

Je marche à angle droit en me tenant les reins, mais je pleure moins ..

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© Emmanuel Charmeline

 

Et vous ? Celles et ceux qui ont la chance de ne pas devoir (télé) travailler, comment occupez-vous vos journées ?

9 avril 2020

Un coin tranquille

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Ces jours-ci, je me réveille épuisée. Tantôt je traverse le lac Léman à la nage, tantôt j’arpente, comme cette nuit, la plage de Berck le nez levé vers des ciels immenses aux cirrocumulus pommelés, les pieds enfoncés dans le sable chaud (parfaitement, Sylvie ! Le sable de Berck est chaud !).

Cette histoire de confinement est en train de me monter à la tête. Je passe des heures entières devant le lavabo. Chaque fois que j’ouvre le robinet, je vois les gouttes se multiplier, gonfler comme des pains au four, elles se mettent à danser dans mes yeux affolés. Vite, un seau, une bassine, une citerne ! Tel le loup de Tex Avery, mes globes oculaires menacent de sauter hors de leurs orbites.

Je m’assois dans ma baignoire vide, une cuvette serrée sur mon cœur. Après tout, c’est plutôt tranquille comme coin. Pas beaucoup de passage. Je me demande si je ne vais pas y passer tout mon confinement.

Puis finalement non, je me lève, ma cuvette toujours serrée contre moi. Allez, viens, chantonne-je, dansons !

Et me voilà tournant et virevoltant, ma cuvette tendrement serrée dans mes bras, le genre de danse qui aurait fait dire à mon fils, s’il habitait encore ici, à quel point il a une mère géniale (enfin, il aurait plutôt dit quelque chose comme "Ma mère est complètement folle !", ajoutant à mi-voix "Je m’en tire ‘achement bien !" mais je sais qu’il employait ces qualificatifs dans le sens que je suis une personne absolument unique. Mon fils a toujours été extrêmement sagace.)

À d’autres moments, je m’imagine creuser une piscine dans mon jardin, de nuit, pour plus de discrétion (il ne faudrait pas faire des envieux).

QUOI ? Un mètre sur un, c’est mieux que rien !

Je serais juste obligée d’inventer une nouvelle nage. Une nage assise. Sur place, même, vu la taille de ma piscine.

Tiens c'est une idée ! Je l’appellerais © Nāgeenlotūs. Ça en jette, hein?

Je déposerais un brevet ! Je deviendrais célèbre ! Tout le monde viendrait pour m'admirer !

Oups.

Pardon.

Bon. Où ai-je fourré ma pelle ?

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