Nous sommes lundi, jour du "devoir de Lakevio du Goût".
Je me suis bien amusée à lire vos histoires, alors il n’y a pas de raison hein ! Je vais vous raconter la mienne.
Cette maison vide, elle me fait penser à Blanche-Neige, vous savez, au moment où après que le valet ait essayé de la trucider, elle s'enfuit en s’enfonçant dans la forêt.
Là, si vous le voulez bien, faisons une pause pour nous extasier. Que de merveilles ! Comment Blanche-Neige a-t-elle pu ignorer si longtemps la beauté de ce qui l’environnait? Au lieu de ça elle astiquait de bêtes escaliers plein de marches ... Quel temps perdu! Elle se met à chanter (une seconde nature chez elle et une véritable torture pour les arbres, qui, n’ayant pas comme les oiseaux des ailes pour fuir, tentent de se boucher les oreilles avec leurs branches, gestes qui ont été interprétés par Walt Disney – à tort – comme le fait que BN (Blanche-Neige) aurait été terrifiée par la forêt. Comme si on pouvait être terrifiée par une forêt ! On prend vraiment les enfants pour des ânes!).
Bref, toute à sa joie de découvrir les beautés de l’endroit, BN braille à tue-tête en courant de-ci de-là telle une gazelle décervelée, quand soudain, tadadam ! Une porte.
Une porte ouverte à tout vent, véritable invitation à suivre le chemin qui se déroule vers où et l’amène devant quoi, je vous le donne en mille ? Une petite maison.
Imaginez, vous êtes dans la forêt, vous chantez, tout ça, vous arrivez nez à nez avec une maison. Vous faites quoi, vous ? Vous toquez. Enfin, je suppose. Ben BN, pas du tout. Elle rentre. Comme chez elle, la nana. Elle rentre puisque (comme par hasard) la porte n’est pas fermée à clé. Ce qui prouve bien que nous sommes dans un conte de fée.
Enfin, quand je dis, elle rentre : elle se penche pour rentrer. Oui, parce que dans cette petite maison, tout est petit. La porte est petite, la salle est petite, la table est petite, recouverte d’une petite nappe, avec sept petites assiettes et sept petites cuillères, sept petites fourchettes et sept petits couteaux, et bien sûr : sept petits gobelets.
Dans la chambre, sept petits lits alignés les uns à côté des autres et recouverts de sept petits draps.
BN meurt de soif (tu m’étonnes, après avoir braillé tout l’après-midi !). Elle boit un peu dans chaque verre et mange un peu dans chaque assiette (comme chez elle, je vous dis !) après quoi, repue, elle essaie chacun des petits lits et finit par s’allonger sur le septième qui est parfaitement à sa taille.
Là-dessus, elle s’endort......
Lorsque BN se réveille, elle n’en croit pas ses oreilles : ces petites voix mâles qui murmurent tout autour de sa couche, qu’est-ce donc?
"SEPT HOMMES !" se dit-elle, "Serais-je au Paradis ? Un mec pour chaque jour de la semaine ! Trop d’la balle ! Et puis sait-on jamais, peut-être que dans le tas, il y en a un qui trouvera les identifiants pour entrer dans mon système d’exploitation ?..."
Comme elle veut se présenter, toute émue voici qu’elle bafouille :
- On-our !
Ils la regardent, se regardent entre eux, tout étonnés. BN veut leur demander comment ils vont, tout ça, faire amie-amis quoi, mais toutes les consonnes lui collent aux dents sous l’effet du stress de découvrir sept merveilleux hommes à ses pieds (c’est une image mais bon, vous saisissez l’idée ?). Pendant que lesdits hommes (enfin, les sept) lui disent des trucs qu’elle n’arrive pas à imprimer, elle se redresse dans le lit, ce qui a pour effet de faire tomber son sac (ben quoi ? Toutes les femmes ont un sac !), lequel se renverse aussi sec par terre : pluie de pièces et autres tampons. Les sept Dalton se précipitent pour ramasser, ce qui a pour effet de rendre à BN toute sa capacité vocale car elle se met à hurler : NOOOOOOON !! C’EST RIEN !!!! (Vous savez comment sont les femmes dès qu’on touche à leur sac !). Ces cris, quoique fort mélodieux, transpercent de part en part la cervelle des pauvres garçons. Mais au moins, elle a retrouvé l’usage de la parole et peut enfin se présenter et raconter son histoire, certaine de susciter en eux une avalanche de compassion.
Au lieu de ça, ils l'inondent d'une avalanche de revendications : "Si tu veux t’occuper du ménage, faire à manger, faire les lits, laver, coudre et tricoter (Ah bon, coudre et tricoter aussi?), si tu tiens tout en ordre et en propreté, avec nous tu peux rester" (oui, parce qu’en plus, les sept font des rimes, ce sont des nains poètes).
BN répond Oui et franchement, elle se dit qu’elle a bien fait. Peut-être est-ce à cause du jour (veille du 6 août, jour de la Transfiguration) car pour être transfigurée elle se sent drôlement transfigurée : plus de palais de dix-huit pièces à récurer, à la place sept petites assiettes, cuillères, fourchettes à laver, sept petits lits à faire, sept petits repas à préparer. Bref, elle gagne au change, même si elle se demande à quel moment le Prince Charmant va finir par se pointer.
C’est vrai quoi, du ménage, encore du ménage, toujours du ménage, ça devient lassant à force ...