Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un peu de silence ..
maman
2 mars 2018

Assise par terre

P_20180301_182232a

J’imagine ma mère revenir à la vie et qui me demanderait : "Mais qu’est-ce que tu fabriques assise par terre à ne rien faire ??"

Je fais partie d’une génération où l’oisiveté, ou du moins, ce qui peut être considéré comme telle, n’était pas bien vue. Gamine, je lisais les BD en cachette, enfin quand je dis BD, je parle des illustrés bien sûr : Les Pieds Nickelés, Bibi Fricotin, Placid et Muzo, Tartine (je l'ai découverte en Italie (et en italien) sous son nom d'origine, Nonna Abelarda, puisque comme vous le savez peut-être, ce personnage est la Popeye italienne (sans les épinards)), ah et puis Popeye... Bref, juste pour dire que lire des illustrés ou écouter des 45 tours était considéré comme du temps perdu, en tout cas pour mon père.. Pas sûre de m'être débarrassée de cette culpabilité de faire quelque chose avec plaisir.

D’ailleurs, qu’avait pensé Maman lorsque j’étais allée au cours de yoga pour la première fois ? Que c'était encore une de mes drôles de lubies? Lui en avais-je parlé ? Je ne m'en souviens plus ..

C’est bizarre.. J’étais très proche d’elle, dans tous les sens du terme (le détachement et moi !), on se parlait tout le temps!

Mais se parlait-on vraiment ?

 

   (- ̮-)
         .__/l\__.  

 

Publicité
Publicité
23 janvier 2018

Tu fais n'importe quoi!

20150621_160159a

Fête de la Rose à Gerberoy, 21 juin 2015

 

Quand je regarde en arrière et que je pense à ce que j’ai fait de ma vie, je me dis que je n’ai rien fait. Rien du tout. Je la trouve morne ma vie. Triste et morne.

Et puis l’autre soir, j’ai eu une discussion avec ma fille aînée, elle me faisait part de sa peine, de son chagrin immense de n’être jamais mère. D’une manière tout-à-fait fugitive j’ai pensé à tout ce qu’elle avait pu faire (comme partir en Corée) précisément parce qu’elle n’est pas mère, mais je me suis dit que ce n’était vraiment pas le moment de montrer les éventuels bons côtés d’une vie de patachon puisque, précisément, elle exprimait ce jour-là la souffrance qu’elle ressent de plus en plus de ne pas avoir d'enfant, maintenant qu’elle a franchi le cap des 40 ans qu’elle s’était fixé. Ceci dit, c’est tout à son honneur ! Si tout le monde réfléchissait autant qu’elle a réfléchi avant de faire un enfant, le problème de surpopulation serait réglé en trois coups de cuillères à pot ! Mais ça non plus, je n’en ai rien dit. Et puis voilà qu’elle me sort "Même toi tu m’as dit que si j’avais vraiment voulu un enfant je l’aurais déjà !". Je modère ses propos (mais oui, je modère ! Je sais faire ça maintenant !) : "Je ne pense pas t’avoir jamais dit une telle chose... Tout au plus j’ai pu dire quelque chose comme : tu ne voulais pas d’enfant À TOUT PRIX comme moi !"

"Ah oui, c’est ça !" reconnait-elle. "Tu comprends," a-t-elle poursuivi, "je veux aussi continuer à travailler, faut bien vivre ! Je ne me vois pas faire un enfant et le faire garder par quelqu’un !"

Oh oui, je comprends ! (Qu’est-ce que cette gamine me ressemble, c’est fou!). C’est eg-zactement ce que je m’étais dit lorsque, à mes débuts d'instit’, je m’étais retrouvée enceinte d’elle. Pourtant, Dieu sait que "maîtresse", c'était le métier dont j’ai toujours rêvé ! Le seul, l’unique, depuis toute petite : à tous les Noël, une mallette de "maîtresse d’école", avec images, bons points, petits tableaux et bâtons de craie. J’avais réalisé mon rêve, j’étais instit’, fonctionnaire, avec la garantie de l’emploi et un salaire plus que confortable pour une jeune femme de 21 ans (choses dont je ne me rends compte que maintenant quand je regarde mes bulletins de paie de l’époque !). Seulement voilà, je n’ai pas, comme ma grande, réfléchi au comment du pourquoi ! (En même temps, si un enfant se faisait en réfléchissant, ça se saurait !). Je voulais un enfant, que dis-je un enfant, des jumeaux, des triplés, plein ! Si bien que quand je suis tombée bêtement amoureuse (là encore, c’est la nana que je suis devenue qui s’exprime, mais à l’époque je trouvais ça très intelligent d’être tombée amoureuse comme une dingue!)(peut-on être amoureuse autrement que comme une dingue?), si bien, disais-je, que follement amoureuse m’est venu aussi sec le désir d’avoir un enfant. J’avais 19 ans à l’époque, et le bougre, qui n’en avait que 18, m’a fait languir une année. Je vous prie de croire qu’il l’a vue passer, je l’ai travaillé au corps pour lui démontrer tous les avantages d’un tel projet! Bref. C’est comme ça que j’ai eu son autorisation d’arrêter la pilule. Le mois d’après j’attendais Fille Aînée.

J’ai passé neuf mois sur un petit nuage, parmi les plus beaux neufs mois de ma vie. J’avais arrêté de fumer (quand même) mais pour le reste, je n’ai rien changé à ma vie d’alors. Mon ventre et moi, on s’est bien marré. Sauf à l’accouchement, qui m’a quelque peu surprise vu comment Maman m’avait présenté la chose – je vous raconterai, si vous voulez.

Or donc, ma fille est née. C’est là que j’ai réalisé : il m’était viscéralement impossible de confier mon bébé à qui que ce soit. Car si le rêve de toute ma vie était d’être instit’, l’autre rêve de toute ma vie était de faire des enfants et de m’en occuper. Pas de les mettre en nourrice, à la crèche ou Dieu sait quoi. 

En fait j'avais aussi un troisième rêve de toute ma vie qui était d'être fille-mère. Mais vous savez comment ça se passe : le Destin n'en fait qu'à sa tête, vous fait tomber bêtement amoureuse du premier beau jeune homme plein de sève qui passe et hop! Tous vos plans tombent à l'eau!

Enfin bref.

Puisque donc il était inenvisageable pour moi de laisser ma fille en garde, j'ai filé ma dém’ à l'Éducation Nationale. Je sais, c’est un peu radical comme décision. Mais je n’ai jamais franchement été dans les nuances. À ma décharge, on ne "communiquait" pas comme aujourd'hui, il n’y avait pas moyen de s’exprimer, de trouver des compromis (mettons de côté le fait que ce mot bizarre, "compromis", n’est apparu dans ma vie que très récemment, de toutes façons). Et quand bien même… Quand j’avais une idée en tête .. Et puis j’étais "à bonne école" : mon père m’avait reniée (carrément !) le jour où j’ai décidé d’aller vivre avec mon ex qui n’était évidemment pas encore mon ex, aux prétextes fallacieux qu’il était trop jeune (17 ans), qu’il avait les cheveux longs, ne bossait pas et habitait encore chez ses parents. La mère que je suis devenue comprend les craintes de mon père à ce moment-là, mais de là à me virer comme une malpropre ! Va, vole, et ne reparais jamais devant ma face ! Mon père, ce n’était pas franchement les nuances non plus !

Comme on habitait la même ville, forcément je le croisais. Il m’ignorait superbement ! Papa, purée ! Qu’est-ce que j'ai dérouillé! Sais-tu que c’est à cause de toi qu’après, j’ai enchaîné les mecs qui ne me regardaient pas, que je suppliais à genoux de m’accorder quelques miettes ? Enfin passons. Tu t’es bien rattrapé en tant que grand-père, alors je te pardonne. Et puis de toutes façons, pf.. je t’ai toujours aimé.

Bon, où en étions-nous ? Ah oui, mes rêves. J’ai donc choisi mon rêve de trois kilos deux versus ma carrière professionnelle. Mes parents ne me l’ont jamais pardonné. Déjà que j’avais fait fort en épousant un bab cool, alors là je les ai achevés. "Tu fais vraiment n’importe quoi !" m’a seriné ma mère tout au long de sa vie.

Je me demande si ce n’est pas pour ça, ce sentiment que j’ai d’avoir tout raté ?

Or, comme vous le savez maintenant, je suis devenue une femme calme et posée. Enfin, pas encore tout-à-fait posée, mais je sens que ça vient. La preuve: j’ai décidé d’essayer d’être fière de ma vie.

Fière de ma vie morne et monotone jalonnée de couches et d’enfants (j’en ai élevé sept, dont trois à moi). Fière d'avoir donné des heures et des heures de cours, même le dimanche matin ! Fière d'avoir chanté des berceuses, raconté des histoires, passé des nuits blanches à consoler des chagrins, fière d'avoir lavé des mètres carrés de sol, des mètres cubes de vaisselle, tout autant de linge, d'avoir plié, repassé, épousseté, rangé, d'avoir fait des dessins, organisé des jeux, cueilli des légumes, ramassé des fruits, confectionné des gâteaux, préparé des confitures, soigné les bobos, écouté les jérémiades, pansé les blessures, fière aussi d'avoir pris soin de l’homme quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, de l'avoir écouté, bichonné, d'avoir compati à tout, d'avoir trié des papiers, payé des factures, écrit des lettres, géré des comptes, affronté les mécontents et trouvé des compromis, moi la moins grande comprometteuse de tous les temps! Fière d'avoir rassuré, concilié, arrangé, de m'être occupé des mamys autant que des petits! Fière de n'avoir "rien fait de ma vie" !  À part trois enfants...

Trois enfants. TROIS.

C’est énorme, quand on pense à toutes les personnes qui ont envie d’être parents et qui ne le sont pas, pour diverses raisons. C’est énorme: c’est ce dont je rêvais!

1976

Au mariage de mon cousin (celui que je n'ai pas épousé ;-))

enceinte de six mois..

16 décembre 2017

Notre seul territoire

babooshka

J’ai commencé un livre que j’avais offert à ma mère pour son dernier anniversaire. Évidemment, personne ne pouvait savoir que ce serait son dernier anniversaire. Cinq mois après elle n’était plus là. Mon Dieu.

Maman, comme moi, adorait les livres. Comme moi elle en avait toute une pile à son chevet mais elle les aimait différemment. Elle ne les marquait pas, rien, à peine si sur certains elle a laissé la date au crayon du jour où elle l’avait lu, de sa petite écriture légère, une caresse, à peine.

Et puis elle ne lisait absolument pas le même genre de livres que moi. Maman avait une passion pour les récits vécus, alors premièrement tout ce qui avait trait à la montagne, aux expéditions polaires et antarctiques, aux histoires de volcan, et deuxièmement un truc sur lequel je ne la suivais absolument pas, toutes les histoires de maladies, de détresse, quelque chose de vrai disait-elle, de vrai oui mais de pas gai. Misère, alors là, pas gai du tout ! Plus c’était dramatique, plus ça lui plaisait !!

C’est donc en tenant compte de ses goûts (et un tout petit peu des miens) que je lui avais offert "L’exil est mon pays" d’Isabelle Alonso, auteure que je ne connaissais pas du tout à ce moment-là. Depuis, et par hasard (vous savez comme il peut être taquin, le hasard !) j’ai lu quelques livres d’Isabelle Alonso et je les ai tous adorés. C’est là que je me suis rappelé que j’avais offert un livre d’elle à Maman, un livre comme elle les aimait, super triste à tous les coups.. avec un titre pareil !

Alors je l’ai cherché, où avais-je bien pu le fourrer ?? (les livres de Maman je les ai mis de côté pour la raison que je viens de vous expliquer).

Et j’ai commencé à lire..

En tournant les pages, je me demandais si Maman avait eu le temps de le lire avant de mourir. Je ne le saurais jamais, surtout que comme je vous l’ai indiqué, ses livres restaient comme neufs (alors que moi en une soirée j’ai déjà surligné plein de trucs). Je ne le saurais jamais et ça me fait suer. Ça m’aurait bien plu de lire des lignes que ma mère avait lues. Un peu comme la tendresse particulière que je garde pour le film "Braveheart", parce que c’est le dernier film dont mon père m’a parlé pour la raison que c’est le dernier film qu’il a vu. Et quand je pense au titre, "Braveheart", là encore je me dis qu’il n’y a pas de hasard..  

Parce que je vais vous dire un truc : je crois que d’une certaine façon, l’exil était aussi le pays de Maman. Je commence à avoir une idée infime de ce qu’elle a pu ressentir tout au long de sa vie. Elle avec son idéal avorté de Fils Parfait. Ce Fils tant attendu tant aimé tant adoré qu’elle n’a jamais eu, en réalité. Elle qui si souvent avait des "contractions de l’oephage" comme elle disait, elle contractait même le mot. Je sais ce que ça fait parce que j’en ai eu après sa mort, après sa mort j’ai développé tous les symptômes qu’elle avait, et les contractions de l’œsophage, un truc de fou, c’est pas grave mais ça fait un mal de chien ! Le docteur m’avait dit que c’est quand on mange trop froid, qu’on avale trop vite, sans prendre le temps. Des noeuds de froid au coeur, quoi. No comment. Maman en avait tout le temps.

Elle qui avait des sensations d’étouffement, l’air ne passait plus, elle allait le chercher Dieu sait où, et rien. Tout restait en dedans, toujours. Elle ne lâchait rien ma mère, purée, elle ne lâchait rien ! Seulement vous le savez, on est construits comme des poupées russes. Si on nous épluchait façon oignon on mettrait à jour, les unes après les autres, les versions successives de nous au fur et à mesure que l’on a grandi et vieilli. Comme nous tous, Maman trimballait au secret la tribu cachée et bien vivante des enfants qu’elle avait été, la petite fille d'à peine deux ans exilée en Suisse loin de sa mère, celle de six ans exilée chez son autre grand-mère "qui ne l’aimait pas parce qu’elle n’aimait que les garçons", chacune de ces fillettes qui étaient déjà elle, et que sa mémoire, malgré le cholestérol, les prothèses de hanches et le reste, n'avait jamais oubliées..

Ces petites filles sont-elles mortes avec elle ? Ou l’une d’elles a-t-elle sauté en marche pour aller se cacher dans les souvenirs de la génération suivante ?

La mémoire est-elle notre seul territoire ?

5 décembre 2017

Les yeux plein d'extase

Je me suis intéressée toute petite à la seule chose qui vaille la peine en ce bas monde, en tout cas à mon sens : l’amour. Et plus précisément, l’amour entre un garçon et une fille, parce que j‘avais cru comprendre qu’on pouvait faire ensemble des trucs super chouettes qui nous assuraient le bonheur pour toute la vie, comme se marier et avoir beaucoup d’enfants (enfin, surtout, les faire).

Tout naturellement, je me suis d’abord tournée vers ma maman pour avoir de plus amples précisions.

C’est comme ça que j’ai appris que l’amour, c’est beau et pur. Tellement pur que quand Papa voulait lui prouver le sien, Maman esquivait (en tout cas au début. Je ne savais pas encore que c‘est une stratégie féminine, ah ! ah !) oui donc chaque fois que Maman le repoussait, Papa rentrait chez ses parents super contrarié et jouait du piano avec de grands gestes désordonnés si bien que toutes les touches volaient en éclat. Ce qui, il faut bien le reconnaître, ne mettait pas ma grand-mère dans les meilleures dispositions possibles au sujet de celle qui deviendrait un jour sa bru : qui pouvait bien mettre son fils habituellement si calme et si docile dans un état pareil ?? Sans compter que les rendez-vous de mes parents finissaient par lui coûter cher en touches de piano.

Or, donc, disait Maman, l’amour c’est bôô et pûûr.

"J’avais plein de copains", disait encore Maman, "j’étais un vrai garçon manqué, je n’me suis jamais entendue avec les filles. Les filles, beurk !! c’est faux-jeton et compagnie !! Mes copains, je partais camper avec !" (Chouette! me disais-je, on va rentrer dans le vif du sujet !) "Ton père ça le rendait fou !", continuait Maman, "Mais bon, on cam-pait, hein ! Je couchais pas !!" (Oh non !! FLÛTE!!)

- Ton père, ça a été le seul ! (Ah, tout de même!! Et alors ??)

- Et alors quoi ? Ben j'me suis retrouvée avec toi !

Quatre lettres. Pas mieux : BIDE.

Bon, me suis-je dit la mort dans l’âme. Il va falloir chercher ailleurs.

Il s’appelait Jean-Paul. En plus j'me disais que c’était forcément un bon filon parce que ses parents avaient cinq enfants. C’est dire s’ils devaient connaître le mode d’emploi ! Las !! Jean-Paul était super timide. Pourtant, il y avait eu des épisodes d’investigation très prometteurs dans les caves de l’immeuble où nous habitions, mais ils n’ont jamais abouti à ce qu’il était censé m’enseigner pour la bonne raison qu’il devait chercher lui-même ce que j’espérais qu’il m’apprenne.. (Comme quoi, hein ! Il ne faut jamais se fier à un garçon à qui on est obligée d'apprendre à faire du patin à roulettes !)(Jean-Paul, pitié si par extraordinaire tu tombes sur ce blog : JE PLAISANTE !)

Alors sinon, il y a eu Dominique. Le problème c’est qu’il était très grand (ou alors c’est moi qui étais très petite, c‘est selon)(en âge, veux-je dire !). En plus, Dominique ne jurait que par le cochon. Le jeu du "cochon qui rit", vous connaissez ? Il devait se dire que c’était bien le seul truc potable qu’il pouvait faire avec une minote comme moi.

Or donc, je vous laisse imaginer la scène : la moi petite, assise par terre, en face d’un Dominique super concentré sur son (-« (« ç_è_èàçç-(-ç( de purée de jeu de cochon.

Je l’observais du coin de l’œil, mon Dominique au corps de braise, - oui, je sais, j’étais précoce - en train de taper ses viriles cuisses chaque fois qu’il jetait un 6 aux dés. On ne peut pas m’enlever que j’ai toujours su très jeune ce que je voulais (même quand je n’arrive pas à l'avoir, mais c‘est une autre histoire). Et puis comme disait ma grand-mère, "Si tu décides pas qu’un homme est un homme, n’espère pas t'en servir un jour".

Or donc, j'observais mon Dominique dans un but totalement désintéressé, seulement voilà, j’avais beau mettre et remettre le contact à coups d’œillades appuyées qui ont largement fait leurs preuves depuis, tout ce que j’ai réussi à allumer c’est mes nerfs chaque fois qu’il s’esclaffait en vissant une queue à son cochon.

Finalement, c’est mon cousin.. Pas celui que je rêvais d’épouser, mais son frère, l’aîné de la cousinade. Un espèce de grand ténébreux tout timide, taciturne et solitaire, toujours seul dans son coin. C’était le seul de mes cousins avec qui je n’avais pas tellement de relations rapport aux traits de caractère que je viens de mentionner. Or, à l’époque où il a fait son service militaire, on s’est mis à s’écrire assidûment, moi parce que j’ai toujours aimé ça, lui parce qu’il s’ennuyait ferme. Du coup, quand il avait des perms, il venait me chercher - normalement je n'avais pas le droit de sortir, mais là, c'était différent, mon père avait toute confiance, puisque c'était avec mon cousin ..

C’est comme ça qu’un jour, il m’a emmenée aux Vingt-Quatre Heures du Mans. On avait dormi chez un pote à lui, avec tout un tas d’autres potes à lui, tous plus vieux que moi, évidemment, puisqu’ils avaient l’âge de mon cousin. Le soir, ils discutaient sans accorder la moindre attention à l’insignifiante gamine que j’étais pour eux. Et bien sûr ils parlaient des filles.. et de tout ce qu’on peut leur faire avec un brin d’imagination ..

Et voilà comment j'ai su.

Bon, le truc, c’est qu’à les entendre j’ai cru longtemps que le .. enfin, le .. le "machin" des garçons était comme qui dirait, téléguidé, qu’il trouvait le chemin tout seul, et qu’en plus, ça faisait direct crier et se tordre les filles de plaisir, qu‘elles en mouraient de volupté avec les yeux plein d’extase, si bien que j’ai été un peu surprise lorsque pour moi la chose fut venue..

Mais ceci est une autre histoire ..*

 

femme

 

* Si vous voulez que je vous la raconte, dites-le moi en commentaire! content1 (2)

 

 

25 octobre 2017

Je veux respirer

1969 8-n°38 RP

Mes parents, 1969 (on revenait de Grèce)

 

"C'est triste d'en parler au passé..." dit Célestine en réponse à ma narration du jour où je me suis fait aborder par un homme (beau de son état, donc dangereux pour moi). Non, Zosio, ce n’est pas que je "renonce". Juste, je ne veux plus souffrir. Or, si je regarde bien, ma relation à l’homme a toujours été souffrance. À commencer par celle avec mon père, que j’aimais comme une folle. Mon Dieu. J’ai écrit 'que j’aimais comme une folle'. Déjà, là, on se dit : il y a un problème.  Car mon père m’a fait du mal, m’a rabaissée, m’a humiliée. Pardon Papa, en fait ce n’est pas de toi dont je parle, mais de toutes les choses dans ma tête, les "mémoires" qui se sont accumulées en moi, en mes filles. Il est temps de rectifier le schéma, non ? Seulement voilà, pour l’instant, on n’a pas les consignes. Alors on s'arrête, le temps de trouver qui on est. Qui on est vraiment. Entre mon propre père et celui que j’ai donné à mes filles, misère, il y a de quoi faire ! Attention : je ne critique personne, je ne juge pas. C’est ma vie, et malgré ce que j’ai pu en raconter avec des trémolos dans les mots (oui, je suis comme ça, je trémolote!), malgré, disais-je, tout ce que j’ai pu en dire, je suis une privilégiée. Pas violée, pas excisée, pas battue (je pense aux tarés qui cognent sur leur femme – là oui, je juge. Désolée, ya des limites !). Mon père et ma mère, disais-je, étaient comme ils étaient, avec leurs qualités, leurs fragilités. Eux aussi ont eu leur lot de souffrance, et pas qu’un peu. Ils ont quand même su nous léguer de l’amour : l’amour qu’ils se portaient, qui est ce qu’on peut léguer de plus beau à son enfant (maintenant, vous savez pourquoi je trémolote). La sexualité sans tabou aussi, ils étaient très libres sur le sujet et Maman nous a fait prescrire la pilule ! Je sais j’en parle tout le temps, mais c’était quand même une révolution révolutionnaire dans les années 70 ! J’aurais eu l’air fin, avec un bébé à 15 ans, moi qui en voulais des tonnes! Merci maman d’avoir anticipé les folies de ta fille!

Mes parents ont fait de leur mieux avec ce qui était à leur disposition. N’est-ce pas ce qu’on fait tous ? Qui peut avoir la prétention d’être un bon parent ? Pas moi en tout cas. Certainement pas moi. Alors ce n’est pas pour juger les miens, ni même juger qui que ce soit, même si j’ai ressenti le besoin, à l’aide de cet outil formidable pour moi qu’est un blog, d’exprimer la souffrance, toute ma souffrance de petite fille d’un père que j’idolâtrais et qui en aimait une autre (ma sœur). Mais mon père, ce n’était pas seulement des baffes pour me faire comprendre les maths. C’était aussi la seule personne dans ma vie sur qui j’ai toujours pu compter. Mon pilier, mon roc, ma maison. Pour ça que je n'ai jamais voulu porter un autre nom que le sien ?

Juste pour dire : marre d’avoir le cœur qui vole, et moi qui cours derrière. Marre d’attendre, de dépendre, de m’épandre, me répandre. Marre de me moucher, je fais grève des Kleenex !

À partir d’aujourd’hui, je veux respirer.

Res-pi-rer !

Publicité
Publicité
31 août 2017

Totalement halluciné

effet dessin V2

Avec ma fille nous parlions il y a quelques jours des "empreintes génétiques", ces mémoires en nous de ce qu’ont vécu nos aïeux, le sentiment d’abandon et de rejet par exemple (qui s’est d’ailleurs vérifié sur cinq générations comme j’ai pu le retracer dans mon histoire familiale). Un jour, un psy que je consultais à un moment donné avait été totalement halluciné par le nombre de morts (maris, pères) qui composait la vie des femmes de ma famille.

Je n’ai jamais pu approfondir le sujet avec ma mère, car c’était une personne très introvertie ; de plus l’époque ne se prêtait pas aux effusions. Ma grand-mère ayant perdu l’unique amour de sa vie à peine ses trois filles nées, ma mère s’est retrouvée à grandir loin de la sienne, d’abord en Suisse puis pendant la guerre chez ses autres grands-parents, sans que jamais jamais je ne l’entende formuler une quelconque colère ni rancœur contre sa maman. Au contraire, elle l’idolâtrait. Pourtant, qu’est-ce qu’elle a été malheureuse en France là où elle avait été placée !

1935 env Yverdon 1

Combien de fois me suis-je demandé pourquoi ma grand-mère s’était séparée de ce bout de chou d’un an et demi ? Que ce ne soit pas celle qui venait de naître quand le papa est mort je comprenais, mais pourquoi Maman plutôt que l’aînée par exemple ? Non, ça a été ma mère, pof à 600 kms puis ensuite de retour en France pof "collée" ailleurs – collée c’est le terme que ma mère utilisait. Dans tous les cas loin de sa maman. Quand je lui posais la question Maman redressait le menton : "C'est parce que j’étais la plus facile".. Docile, Maman??

Mais bon je comprends aujourd’hui qu’on ne se posait pas tant de questions alors, les allocs et tout ça n’existaient pas, ma grand-mère se retrouvait sans rien avec trois bébés, c’est comme ça que "les Chemins de Fer" où travaillait mon grand-père décédé ont alloué généreusement à sa veuve une place de garde-barrière… C’était ça l’urgence, malgré le chagrin d’avoir perdu le seul amour de sa vie (dont elle n’a jamais guéri), malgré tous les rêves effondrés (ils venaient d’acheter une jolie petite maison à Champagne-sur-Oise) il fallait continuer à vivre, avec trois bouches à nourrir, c’était ça dont il fallait s’occuper et pas de savoir l’impact qu’une séparation était susceptible d’avoir sur une enfant si jeune.

Achill Fernand Marraine env 1934

mes grands-parents et l'aînée de mes tantes

Mais toutes ces choses que mes arrière-grands-mères, grands-mères et mère ont tues, il a bien fallu sans doute qu’elles se logent quelque part, c’est ce que je me suis dit quand j’ai commencé à ressentir des trucs bizarres, parfois juste inconfortables, parfois des peurs paniques. J’ai voulu comprendre, j’ai cherché des explications, c’est pour ça que j’ai retracé l’histoire aussi loin que j’ai pu, pour cerner aussi ma relation aux hommes, pourquoi j’étais toujours attirée par des hommes mariés ou absents.. Des hommes morts, quoi.... Indisponibles.

En tout cas, je ne cherche plus les réponses que je n’aurai jamais. Ma mère est partie avec ses secrets et j’espère de tout mon cœur qu’elle est en paix, car dans ma détresse au moment de sa maladie je n’ai pas pris la mesure de ce qu’a dû être son angoisse de laisser mon frère. De toute façon ça ne sert plus à rien de penser à tout ça. Aujourd’hui mon frère va bien, Maman doit être rassurée.

Maman, je ne te l’ai pas assez dit, ça ne se faisait pas tellement tu sais avant, mais où que tu sois j’espère que tu entends ma voix : Je t’aime.

 

20 août 2017

Mes cheveux n'aiment pas le noir

Ce matin, j'ai lu sur FB un échange au sujet des cheveux blancs. C’est assez bizarre, j’ai longtemps laissé les miens grisonner leur vie et c'est ma mère qui me tannait pour que je les teigne. Elle-même avait réglé leur sort à ses premiers cheveux blancs dès leur apparition. Il faut dire que dans son genre c’était une rebelle, elle a toujours testé (et adopté) les nouveautés, la pilule, pour commencer, ce qui a changé sa vie (dixit et tu m’étonnes !!), ensuite les perruques (cheveux longs), vu que comme moi elle avait trois poils sur le caillou et des cheveux très fins qui vivaient leur vie un peu n’importe comment (oui, je sais, porter une perruque ça peut sembler bizarre, mais c’était très in à une époque) et enfin la coloration dont elle a usé et abusé : ma mère, qui était châtain, a passé la moitié de sa vie en blonde.

Comme d’hab j'ai perdu le début de ma phrase, que voulais-je dire? Ah oui. Or donc un jour je cède. Il faut dire que ma coiffeuse aussi me travaillait au corps avec ses réflexions, une chance que je sois une sacrée bonne nature ! (à moins que je ne sois dotée d’une grande lucidité en ce qui concerne ma chevelure ?)

J’avais commencé par me faire faire quelques mèches (rouges, les mèches), ce qui avait donné un résultat pour le moins surprenant : Maman avait adoré, mon fils avait trouvé ça re-lou (ce qui pour lui était un compliment), et mes deux petits-fils avaient couru se cacher sous l’escalier en demandant où était passé leur grand-mère.

Puis ma mère est tombée malade et mes cheveux aussi. Ils ont blanchi d’un coup, il y avait trop de noir dans leur vie, mes cheveux n’aiment pas le noir. C’est depuis que je les teins. Une fois, sans faire exprès je me suis retrouvée rousse. J’adore le roux c’est vrai. Mais j’avais quand même eu du mal avec tout ce rouge.. Sinon je reste dans ma couleur d’origine, châtain comme ma mère, ce qu’inexplicablement les coiffeurs appellent "blond", ce qui tend à prouver qu’ils n’ont jamais rencontré ma sœur !

1965 8-2 n°1 Iesolo

Ma soeur et moi.

Franchement, est-ce qu'on a l'air d'être blondes toutes les deux?

1965 8-2 n°14 Trieste

Ma soeur, ma mère à 32 ans avant qu'elle commence à se teindre les cheveux, et la bouteille de Cinzano.

1967 8-n°36-3R

 Ma mère deux ans plus tard (ça y est, elle est blonde)

1974 8-3 n°8

Dix ans après: ma frangine ..

1974 8-3 n°9

moi toujours aussi châtain...

1973 8-3 n°1 DIA Yesa

et Maman toujours aussi blonde..

 

      (¯`v´¯)
       (¯`::´¯) 
                        ...(_.^._)*•.¸¸.•*`*•.¸¸


Je vous souhaite une bonne fin de journée!

 

4 juillet 2017

Des parents vagabonds

J’aime le mois de juillet, peut-être parce que c’est le mois qui m’a vue naître et que quoiqu’on en dise, peut-être que la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie ! Juillet c’est aussi la totale évasion du début de mon existence, la tente plantée à Franceville où mon père ne venait nous retrouver que le week-end. À cette époque les congés étaient en août et puis c’est tout ! Ma mère, cette grande voyageuse dans l’âme, partait à quatre heures du mat (genre, comme si on n’était pas à deux heures de route !), mon frère allongé sur la plage arrière, ma sœur sur la banquette et moi par terre ; 200  kilomètres plus loin on se roulait dans le sable doux quelque soit le temps, qui était souvent à la pluie, mais on n’en avait cure. C’était les vacances, c’était le bonheur, la liberté ! Pas de Papa sur le dos, le paradis sur terre !

J’y suis retournée depuis, dans ce petit camping. Il serait plus juste de dire que je suis allée voir à quoi il ressemble maintenant. Mais je préfère décrire celui qui est resté dans mes souvenirs : du sable, bien sûr, du sable très fin, partout. Des dunes un peu sauvages, de grandes herbes derrière lesquelles se cachait avec quelque garçon la jeune cousine de mon père. Ma mère l’emmenait parfois avec nous, elle était encore ado et a connu à Franceville ses premiers émois. Si on faisait des roulades depuis le haut des dunes (à l’époque le camping, adossé à la grande bleue, n’était pas clôturé), on arrivait directement à la plage, à la mer, dans laquelle on plongeait, trois fois par jour comme un médicament, et par tous les temps. J’ai l’impression de sentir encore les gouttes de pluie des jours gris au moment où on entrait dans les vagues.

1957 7-Franceville Nad Man

On dormait sous la tente, Maman avait vite troqué sa petite tente de jeune fille contre une tente familiale, qui a duré à mes parents jusqu’à la caravane, soit treize années. Je les revois encore, quand on partait loin, hop hop le soir on plante la tente, hop hop le lendemain on remballe tout dans la remorque, et on recommence comme ça jusqu’à destination.

Sur la plage on ramassait des coques, qu’on mangeait quasi à tous les repas, c’était le plus beau festin de l’univers. Et puis il y avait le 14 juillet, on allait par la plage jusqu’à Cabourg pour regarder le feu d’artifice.

1960 1

Ces vacances-là ont toujours eu un goût différent, en août mon père était avec nous.

Quelle chance nous avons eue d’avoir des parents qui aimaient partir, appréciaient les jolies choses, en quête de la moindre nouveauté à découvrir. Aujourd’hui c’est devenu banal de partir en vacances, quand on peut le faire évidemment. Quand j’étais gamine j’avais bien conscience que nous étions privilégiés.

1961 vacances

Et vous ? Avez-vous eu la chance d’avoir des parents vagabonds ?

.•*´¨)
¸.•´¸.•´¨) ¸.•*¨)
(¸.•´ (¸.•´ (¸.•*´¯`*•.¸

 

8 février 2017

Re-belle

1951 Man Oleron

 

Elle était jeune, elle était belle, elle sentait bon le sable chaud. Elle était libre, 'Man.... Elle était rebelle. Et pourtant.

Maman, tu as emporté tous tes secrets. Mais finalement, n'est-ce pas plus mal?

31 janvier 2017

Comme un boomerang

rouss

Lorsque j’étais petite, je réclamais inlassablement à ma mère : des câlins, des bisous, des câlins et des bisous. Maman, les bras ballants, se laissait enlacer en disant : "Arrête de faire la meule !!"

En grandissant, on aurait pu espérer que la chose s’arrange. Pas du tout. J’ai continué à faire la meule. Là où on vous "NON", vous faites quoi, vous ? Vous laissez tomber et vous changez de crèmerie, je suppose ? Eh bien pas moi. J’insiste. Encore. Encore. S’teuplèèè!! Allééé ! Dis-moi qu’tu m’èèèmes !!

En fait, j’ai toujours eu un vrai souci avec les sentiments. Il faut reconnaître que rien que le mot est magnifique ! Et puis les sentiments, c’est la seule véritable chose qui fait battre le cœur et vous coupe le souffle. On ne décide pas de ressentir des sentiments, ce n'est pas quelque chose qui s'atténue, s'annule, s'évite, se rejette. Les sentiments s’imposent et on doit vivre avec. Même si certaines personnes croient avoir du pouvoir sur ce qu’elles éprouvent, même si elles s’empêchent de se laisser submerger, moi je crois qu’au final, ça leur revient comme un boomerang. En tout cas pour ma part je me laisse faire comme une poupée de chiffon. Quand je les sens m’envahir, je ne me défends pas. Il faut dire qu’en plus, je suis une ressenteuse née. Maman disait toujours que ce que je ressens se lit sur mon visage. Eh oui, je suis une nana lisible.

Bref. J’ai donc fait la meule toute ma vie. Et puis un jour, j’ai eu une sorte de révélation. Et si la vie n’était pas qu’une vallée de souffrances, de privations et de larmes ? J’imagine que Bouddha et Jésus n’ont pas passé leur vie à geindre en attendant qu’on les aime. Ils ne devaient pas faire la meule souvent.

Alors j’ai arrêté d’attendre. Plus exactement, j’apprends à ne plus attendre. Rien, ni personne. Je me drape dans ma dignité de mûre femme et j’essaie de ne plus faire la meule.

Ça a l’air simple, dit comme ça, mais croyez-moi, ça ne l’est pas. Cela demande un reformatage total du disque dur. Mais bon, comme dirait l’autre, "Paris ne s’est pas fait en un jour". Et puis, qui sait, cette nouvelle naissance dont parlent tous mes horoscopes pour 2017, peut-être qu’il s’agit de la mienne ?

3 janvier 2017

La place du vagabond

J’espère que vous avez passé une belle fin d’année, et pour ceux qui étaient seuls, que 2016 s’est éteinte avec beaucoup de douceur.

Pour la vie qui continue en ce troisième matin de 2017, je vous souhaite, et je me souhaite, d’accepter les choses comme elles viennent et d’accueillir le cœur grand ouvert tout ce qui n'est pas prévu, chose pour laquelle, il me semble, on a toujours beaucoup de mal. Or, lutter contre ce qui est ne sert à rien, si ce n’est à nous laisser exsangue – et je sais de quoi je parle, j’ai nagé à contre-courant toute ma vie.

Laissez le possible surgir, laissez du vide dans votre vie, un peu comme autrefois la place à table du vagabond qui pouvait arriver. Et face aux événements douloureux, malgré tous les malgré, faites confiance à la Vie. Pas facile, je sais. Pas facile du tout.

Je vais vous raconter quelque chose.

Il y a quatorze ans maintenant, une terrible maladie (comme on dit pudiquement) a emporté mon oncle dans des conditions particulièrement pénibles. Sa femme, ma marraine, a perdu par la même occasion son roc, son pilier, l’unique amour de son existence. Mais elle n’a pas perdu sa raison de vivre. Elle n’a pas dit : "Vie, je te hais ! Vie, tu m’as tout pris !", elle s’est adressé à son mari mort : "Maurice, puisque maintenant tu préfères te reposer, je suis bien obligée de continuer ma route toute seule!".

Et c’est ce qu’elle fait, ma Marraine de 84 ans. Elle porte la Vie comme un drapeau.

Il y a une autre chose que je voulais partager avec vous. J’ai reçu, il y a quelques années, un merveilleux cadeau : je suis en paix avec ma mère morte. Il faut savoir que je lui en ai voulu toute ma vie, je la rendais responsable de tous mes nœuds de froid au cœur. Et voilà que je la redécouvre, et voilà qu’elle m’illumine, et voilà même, immense émotion, que Maman me manque. Elle me manque enfin. C’est une réconciliation douloureuse et merveilleuse à la fois.

Je vous souhaite la réconciliation et la paix avec ceux que vous aimez mais à qui vous ne le dites pas forcément, parce que l’amour, c’est rarement 'tout blanc' et idéal. L’amour est souvent, ô paradoxe, source de souffrance. Je vous souhaite par la même occasion, et je me le souhaite aussi, le lâcher-prise dans votre attachement. 

Je vous souhaite des câlins, des mots doux, des gestes auxquels vous ne vous attendez pas, je vous souhaite tout ce qui est tendre et doux, par brassées,

que 2017 vous tienne au chaud dans un amour paisible.

1962-1 14 InterlakenR

Maman avec ma soeur et mon frère

Interlaken (Suisse), août 62

21 septembre 2016

Papillon blanc

DSCN7702

"Papillon blanc, signe de beau temps"

C'est ce que tu disais, Maman, chaque fois qu'on en voyait un. En Italie, on en voyait souvent... Depuis, toujours je pense à toi quand j'en aperçois un.

Il paraît que lorsqu'on répète en boucle le mot "maman", on finit par pleurer. Je n'ai pas eu besoin de ça lorsque, cherchant un "papier" que me demandait mon frère, je suis tombée sur le poème que ta fille, celle "du sud", t'avait écrit quand tu nous as quittés.

Maman, le petit papillon blanc, c'était toi?

20 septembre 2016

Sondage

Bonjour à vous,

allez, hop! Hop! Un petit sondage, ça faisait longtemps hein???

Alors déjà, je vous explique: j'ai la taille fine. Enfin, J'AVAIS. Maintenant j'ai un petit bedon, peut-être dû à mon âge? (à moins que ce soit la tonne de chocolat que j'ingurgite) (c'est pas ma faute, chaque fois que je passe à côté du placard il m'appelle pour que je le mange!), bref!!!!!!!

J'avais, disais-je, la taille fine de ma maman, grand-maman, arrière-grand-maman (une bombe celle-ci, purée! Dire que toutes les photos ont été détruites au moment du vidage de la maison de Suisse, FLÛTE DE FLÛTE!!!).

monstre-vert

RHM.

Maintenant je suis une femme calme et posée.

Je disais donc: voici Maman.

Maman

Man 1951

1952 Maman Nice

Sur la dernière photo, vous voyez les marques au crayon? C'est ma mère qui avait ainsi redessiné sa silhouette. Parce que (vous allez halluciner): ma mère se trouvait GROSSE. Je l'ai toujours connue en train d'essayer de se faire maigrir. Elle s'enfermait régulièrement dans un espèce de gros truc dont ne sortait que sa tête, et là dedans elle suait sang et eau, après quoi elle se frottait les cuisses avec un engin de torture pour "faire fondre les capitons". Alors voyez, cette histoire de vouloir à tout prix être mince ne date pas d'aujourd'hui!

Et donc, la photo de mon arrière-grand-mère que j'avais vue, enfant (et que je n'ai plus), pouvait ressembler à cela:

corset1

D'aucune prétend que tout ça, c'est fantasme masculin et C°. Moi, je pense que pas forcément. On peut aussi avoir envie de ce genre de silhouette sans être influencée par la gent masculine.

Hm. Vous en pensez quoi? 

Publicité
Publicité
<< < 1 2
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité