Les cuvettes sont pleines
Exercice d'écriture du lundi du Goût
Je suis une pauvre petite barque ballottée par les vagues de la vie, voilà ce que je suis.
Tout a commencé hier, alors que sans me douter une seconde de ce qui allait suivre, je lançai un programme "délicat" sur ma machine à laver, bourrée à rabord de mes plus jolis pulls et de la prunelle de mes yeux (ma lingerie à dentelles).
Dix minutes plus tard, la machine m'appelle.
Dix minutes ? c'est un programme court, mais quand même, faut pas exagérer!
Je vais voir ce qu'elle veut, et là, surprise : pas moyen d'ouvrir la porte du hublot ! (à vrai dire, ce n'était pas une vraie surprise, puisque la chose s'est déroulée à l'identique il y a quelques mois)
Je tire à deux mains (rien), je touche à tous les boutons (rien), j'essaie de la reprogrammer (pas grand-chose).
En désespoir de cause, je débranche et rebranche la prise, et là, PLOC, la porte s'ouvre en rigolant !
On ne peut pas en dire autant du linge qui baigne dans une eau pleine de mousse ! Certes, ça sent divinement bon, mais rien n'est rincé pour la bonne raison que rien n'est lavé ! Quant à l'essorage il est en option ! En même temps, en dix minutes, à quoi m'attendais-je ?
Mon optimisme naturel (à moins que ce ne soit la flegme de tout me farcir à la main) me pousse à retenter ma chance, après avoir retiré deux pulls dégoulinants, histoire de sauver quelques pièces.
Il n'y avait pourtant rien à craindre : le même scénario se rejoue sous mes yeux désespérés. En plus court, même ! Trois minutes ! Porte bloquée, débranchage, discussions diverses (oui, je discute avec mes appareils ménagers, pas vous ?), rebranchage, ploc, encore plus de flotte dans la cuve, et mes fringues qui commencent à m'en vouloir sérieusement.
Il a donc bien fallu que je m'y colle ! Quelle idée d'avoir mis tant de lessive ! Balançage par la fenêtre des cuvettes de flotte qui faisait des bulles en giclant sur le sol, sous le nez éberlué de mon chat qui n'est pas mon chat mais celui de la voisine qui se croit chez lui chez moi et prenait comme d'hab ses quartiers d'hiver sur ma table de jardin malgré le froid glacial (ouf) (purée elle est longue cette phrase !).
Malgré ce travail de titane, mon linge pressé de toute la force de mes petits doigts musclés est toujours aussi lourd de flotte (on se demande à quoi pensent les concepteurs de machine à laver) et il a fallu que je monopolise tous les récipients de la maison pour garnir le dessous du séchoir (c'est très festif, comme qui dirait le Noël des lessiveuses) avec pour mission de limiter les dégâts, c'est-à-dire éviter que la flotte s'éparpille sur le sol (ce matin la coupe et les cuvettes sont pleines).
Ensuite, il a fallu que j'écope, et franchement, même si j'ai fait tout ça bien au chaud chez moi avec somme toute, pas trop de dommages, j'ai pensé de tout mon cœur à nos mères, à nos grand-mères qui se farcissaient ça à la main, par tous les temps et pour dix personnes, au bas mot, quand elles n'en faisaient pas leur métier faute de faire des études (j'ai entendu hier à la télé qu'on pensait que le cerveau des femmes était plus petit que celui des hommes et que, de ce fait, elles étaient incapables d'apprendre ni de retenir quoi que ce soit).
Et j'écopais, j'écopais, j'écopais, et pendant que j'écopais je me disais que, quand même, cette situation était une sacrée métaphore de ma vie : la machine avait donné des signes de défaillance à bien des reprises avant de tomber définitivement en rade, comme quoi elle avait raison et que j'aurais dû la changer, mais comme d'habitude, j'ai foncé tête baissée en ignorant ses avertissements ..
Je suis une pauvre petite barque ballottée sur la rive des aléas de la vie ..