Recevoir, que c'est bon !
J'ai toujours aimé écrire. Mon plus lointain souvenir : j'ai 4 ans environ. Nous venons d'emménager dans le petit appartement que mes parents ont enfin obtenu (avant, mes grands-parents nous hébergeaient), je gribouille sur le coffre à jouets situé dans l'entrée en faisant croire à ma petite sœur, 2 ans, que je sais écrire.
Finalement, c'est mon père qui m'a appris. À coups de gifles, c'était son mode d'éducation.
En fait, je ne voyais pas bien (je suis myope), donc je devais faire mal mes lettres, et il se mettait en colère. Il faut croire que ça ne m'a pas dégoûtée d'écrire ! J'étais fière quand ma mère disait que je savais écrire avant même d'aller à l'école !
C'est drôle, je n'en veux pas à mon père. C'est lui qui m'a tout appris, en fait il n'y a que lui qui s'occupait de nous, ses filles. En revanche, on ne peut pas dire qu'il me manque.
Ma mère, si. Elle me manque énormément !
Tout naturellement, c'est moi qui m'occupais du courrier. J'adorais ça aussi. Je dévalais les marches, quatre par quatre, pour aller à la boîte aux lettres. J'aimais recevoir des lettres. Donc, j'en écrivais.
Pendant les vacances, ma mère trop contente me déléguait ce qu'elle considérait comme une corvée.
Je faisais aussi parfois le courrier pour la famille de mon ami d'enfance Jean-Paul, dont la maman était Polonaise, elle ne maîtrisait pas bien le français, c'est pourquoi il m'est arrivé d'écrire pour elle.
Et tout naturellement, j'ai toujours écrit pour les anniversaires et pour les fins d'année.
Sauf cette année.
Je ne sais pas pourquoi ..
Je me disais : pourquoi serait-ce toujours à moi d'écrire ? sans avoir forcément de réponse, d'ailleurs ! Certes, c'est agréable de choisir une carte, puis les mots, d'écrire d'une jolie écriture déliée l'adresse sur l'enveloppe et d'y apposer un joli timbre.
Je n'utilise que de jolis timbres.
Mais à moi, qui écrit ? (ces interrogations concernaient les quelques membres de ma famille bien décimée ces dernières années).
Toujours est-il qu'en décembre, je n'ai pas envoyé de carte.
À personne.
Puis les jours de janvier ont commencé à s'écouler.
La semaine dernière, j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres le courrier d'un cousin de mon père.
Décacheter l'enveloppe, découvrir les cartes (il y en avait deux ! une pour les vœux et une de sa région), lire les mots.. C'était une sensation incroyable ! Je n'en revenais pas.
Hier, c'était sa sœur. Elle a téléphoné.
J'ai été sur un petit nuage toute la journée !
Recevoir, qu'est-ce que c'est bon !