Ma vie est foutue
Pourquoi ré éditer ce message? Pour les nouvelles illustrations, pardi!
Ça y est ! J’ai quasiment terminé l’arrachage du papier peint de la salle ! Ne reste plus qu’une petite poutre de rien du tout, que je vais défaire de son revêtement les doigts dans le nez (pense-je naïvement), poutre dont la continuité est (était) une toise commencée lorsque l’aîné de mes petits-fils avait 3 ans, et sur laquelle, mise à mal quand j’arrachais le papier du mur d’à côté, j’ai commencé à m’apitoyer..
Mais j’ai un super remède dans ces cas-là, j’appelle mon fils!
Et alors ? qu’il me fait, C’est pas grave ! Arrache !
Donc, la poutre.
Dégager ce qui est sur la cheminée et autour. Réaliser ainsi qu’une photo de mon père n’a pas bougé de là depuis son décès, il y a dix-neuf ans ! Alors que sont passés : des dessins, des photos, des assiettes de collection, tout ce qu’on veut, quoi ! Et Papa, lui, stoïque : toujours là !
Allez zou, Papa ! Là-haut, avec les anges!
Bien. Je m’y colle. Et là, surprise ! C’est dur, purée ! Il n’y a aucun appui, aucune prise, et en plus, soit je suis sur la dernière marche de l’escabeau et il faut que je tienne les bras levés, soit je me mets tout en haut de l’escabeau et je me retrouve pliée en deux. Je n’ai plus les bras levés, certes, mais j’ai les fesses en l’air et les lunettes de plongée me glissent du nez. Saisie d'un brusque désarroi, voilà que je me mets à répéter des choses affreuses comme "Ma vie est foutue". J’en suis à – 3 sur l’échelle de la béatitude quand soudain, la lumière du soleil poudrant d’or la blancheur des murs que j’ai déjà dévêtus me fait penser à la fugacité d’une vie de papier peint et au sens de ma mission. Tout aussi vite, je me ressaisis. N’ai-je pas été choisie pour redonner à ces murs toute leur pureté ? Alors je reprends mon bâton (en forme de spatule) et je gratte.
Depuis, je marche comme une petite vieille (les reins) et j’ai mal au cou (la tête) mais je garde espoir.
Un jour, je l’aurai!
© Emmanuel Charmeline
Merci à Sophie d'avoir joué les entremetteu pensé à la pauvre petite chose fragile jouant sa vie sur un escabeau que je peux être à mes heures perdues!
Merci à Emmanuel Charmeline de s'être dévoué corps et âme à son art! et de partager! Je vous embrasse, smouiiiiiiiiich... (oh zuuuut! J'vous ai collé des p'tits bouts de papier peint sur les joues, ça se colle n'importe où cette cochonnerie, désolée, vraiment!)