Le velours de la brise
Il y a eu jeudi et le moment où je me rendais à la gare. Un coup de vent a fait tourbillonner des petites fleurs blanches sur mon passage, comme s’il neigeait des pétales blancs.
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Il y a eu les orchidées sauvages d’Émilia et le souvenir d’un séjour en Suisse avec ma Marraine. Juste après la frontière nous nous étions arrêtées pour admirer la montagne, qui en ce mois de juin de mes jeunes années était intégralement recouverte de gentianes bleues. Quel émerveillement ! Je n’avais jamais vu de gentianes de ma vie, et il y en avait partout, petites perles d’un bleu si particulier s’étendant à l’infini.. Elles embaumaient de leurs essences le velours de la brise. J’en avais cueilli pour les faire sécher dans mes cahiers. J’avais dix-sept ans, et pour ce que j’en sais, on pouvait encore ramasser les fleurs sauvages.
Mon Dieu, les virées avec ma Marraine ! Rien que nous deux, c’était tellement magique ! Ma Marraine était mon idole, mon maître absolu, j’admirais son indépendance, sa ténacité, sa force et son inépuisable amour de la vie. Ma cousine, elle, c’est une maman comme la mienne qu’elle aurait aimé avoir.. Donc, on n’est jamais content de ce qu’on a ?
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Il y a eu le champ des coquelicots de Marie, et la vie qui coule comme une chanson. Celle de Cloclo, pendant qu’attablée en face de toi Julia, je sirotais un diabolo en t'écoutant me dire que t’en as marre de tout, sauf de moi, sauf de nous. Tu l’aimais lui, il t’aimait pas, je l’aimais l’autre, l’autre aimait toi. Comment on faisait, ma Jul’, pour dire des choses aussi tristes et éclater de rire tout le temps ? Parce qu’on n’avait que dix-sept ans ?
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