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20 janvier 2023

Sois un homme, ma fille

Ré édition d'un ancien message

‘‘ Je ne savais pas que ton père t'avait mise à la porte.
Tu l'as raconté quand ? Dans quelle note ?
Qu'est-ce que tu avais fait comme bêtise ?
(sûrement une qui aurais dû te valoir un soutien sans faille plutôt qu'une éviction de la famille...)

Posté par le_gout_des_aut, il y a une heure

 

 

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C’est fou comme certaines chansons peuvent vous propulser des millions d’années en arrière (j’aime bien dire des millions d’années en arrière, même si ça n’a aucun sens)(à moins de croire en la réincarnation).

C’est le cas pour la chanson "Je vole", de Sardou, qui m’est immédiatement venue en tête en lisant les mots de Délia.

J’ai 20 ans et je joue à la poupée (avec une vraie poupée, puisqu'il s'agit de ma fille). Je suis mariée, j’ai une super jolie alliance (en or!) que je porterai encore longtemps après ma séparation (jusqu’à ce qu’une copine me le fasse remarquer, en fait : "Tiens ?? Tu portes toujours ton alliance ?"). J’ai changé de nom (Joie ! À cette époque, je HAIS le nom de mon père, une vieille histoire...). Ma petite princesse est belle, je l’adore, j’adore jouer à la poupée, j’en veux encore plein, des jumeaux, des jumelles, des triplés !

Je vole. Je voooole! J’ai quitté un endroit où je dois rendre des comptes sur tout, dire où je suis, où je vais, avec qui, pour un endroit où on me fait confiance, où on me laisse libre, libre de tout ... Cet endroit, les commerçants du coin l’appellent "La maison du Bon Dieu" : c’est là que vivent les parents de mon jeune époux, 19 ans !! Ainsi qu’icelui, évidemment.

Bien jeune, oui ! me dis-je avec mes yeux de vieille d’aujourd’hui, sauf qu’à l’époque, je ne le voyais pas. Je ne voyais rien, sauf qu’on voulait jouer dans la cour des grands ! Ça n’avait pas été sans mal, au début j’avais tellement tout le temps envie d’être avec lui, pas sûre que cela ait été réciproque mais bon... Je me revois tourner en rond dans ma chambre les soirs où mon père refusait que j’aille le retrouver, je déchirais rageusement mes mouchoirs en tissu trempés de mes larmes, c’était ça ou les coups de ciseaux rageurs dans les cheveux, parce que jamais je n’aurais osé désobéir à mon père !

Puis vinrent les vacances scolaires de février (j’étais encore étudiante à l’époque). Je ne sais plus qui de nous deux a eu l’idée que nous les passions ensemble chez ses parents ? Toujours est-il que mon chéri m’annonce qu’il va demander l’autorisation à mon père "pour la forme" puisque la majorité vient de passer de 21 à 18 ans ...

Je ne disais rien à cette époque-là. Ce n’est pas que maintenant je la ramène beaucoup, mais quand j’étais jeune je la ramenais moins que pas. Or donc, mon chéri fait sa demande.

Je suis sûre que vous vous doutez de la réponse de mon père : "Mais oui ma chérie, va, vole !".

Je rigole ! Il a dit NON. Et à mon humble avis, s’il existait un mot plus fort que non, il l’aurait dit aussi pour faire bonne mesure. Je revois la scène, mon chéri me prend par la main pour m’emmener... En vrai je ne vois rien du tout parce que j’ai tout oublié, sauf le fait que je suis partie contre l’accord de mon père qui n'a plus voulu me voir et que j’en ai crevé...

Mes chers parents je pars, je vous aime mais je pars, vous n’aurez plus d’enfant, ce soir...

Papa avait sûrement dû demander à Chéri comment il voyait l’avenir, lui qui n’avait pas de diplôme, pas de travail, qui vivait encore chez papa-maman ? Comment comptait-il subvenir à mes besoins ?

Chéri avait dû l’envoyer promener, comme il l’a fait les onze années suivantes avec une constance admirable parce qu’il savait tout mieux que tout le monde.

Et voilà.

Papa a-t-il pensé ce jour-là qu’il avait fait exactement le même coup à ses parents ? En pire, même : maman était enceinte de moi !

J’étais allée dans ma chambre faire ma valise, la grande noire, celle qui me servait pour les allers-retours à l’École Normale.

Maman est assise par terre, elle pleure sans discontinuer. Maman pleure, c’est tout ce qu’elle fait. Peut-être dit-elle : "Pourquoi tu t’en vas ? Tu n’es pas bien avec nous ?". Est-ce qu’elle s’en veut de m’avoir donné la pilule ? Est-ce qu’elle s’en veut d’avoir permis qu’on amène nos petits amis à la maison plutôt qu’on le fasse "dans son dos"? Je ne le saurai jamais, puisque, lorsque bien plus tard j’essaierai d’en parler avec elle, elle dira simplement : "N’importe quoi ! Ta sœur et toi, vous avez fait n’importe quoi !". Fin de la discussion.

La valise dans le couloir.

Papa qui dit : "SI TU PARS, C'EST PAS LA PEINE DE REVENIR !"

Voilà, premier de mes non-choix.

Peut-être que si Papa avait permis que l’on passe quinze jours ensemble, la suite aurait été différente ? Peut-être que finalement, j’aurais changé de mec ? Après tout, Chéri ne voulait pas d’enfant, j’en voulais quinze !

Peut-être que ma frangine ne se serait pas débinée elle aussi pour venir habiter chez nous ?

Heureusement, dans cette perdition il y a eu Hélène, la maman de mon ex. Hélène mon point d’attache, mon havre de paix, Hélène la mère que je n’ai jamais eue. Hélène qui s’étonnait de ma "drôle de maladie" (je pleurais beaucoup, j’ai toujours adoré ça!!! Même quand je suis heureuse, je pleure !), Hélène qui me disait : "MAIS SOIS UN HOMME, MA FILLE !".

Ses petites leçons pour m’endurcir n’ont pas très bien marché, je crois ....

 

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Commentaires
M
"Sois un homme , ma fille !"<br /> <br /> Aujourd'hui on dirait :" Sois une femme , mon fils !" <br /> <br /> Une sacrée tranche de vie que tu racontes là, on est loin de relation construite dans le dialogue et le respect d'autrui , des parents qui ferment la porte aux enfants ça peut arriver , mais pas pour toujours .<br /> <br /> C'est triste ce genre de rupture , eh oui le choix de ton père a fait que tu ne pouvais plus choisir en quelque sorte ton mari , il a figé ton choix dans une sorte de non retour . Le monde a bien changé depuis , on écoute davantage ses enfants , parfois mes enfants me disent " c'était mieux autrefois hein papa ? " , ben non , mes enfants ce n'était pas mieux autrefois , c'était nettement plus pourri qu'aujourd'hui ! <br /> <br /> Ce qui a beaucoup changé c'est la contraception , maintenant on fait un enfant lorsque l'on a choisi d'être parent , quand on est mûr pour cela , les générations d'avant avaient des enfants très tôt et souvent n'avaient pas la maturité suffisante pour les éduquer et s'en occuper , aimer nécessite un peu de maturité et de recul. <br /> <br /> Je pense à ma mère qui avait 28 ans quand je suis né , j'étais le quatrième enfant , 28 ans c'est l'âge où j'allais avoir mon premier enfant , la différence est énorme , j'avais eu le temps de me frotter à la vie , de réfléchir pourquoi avoir un enfant , de penser projet de vie avec un enfant et quel engagement je prenais.
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F
Bonjour Ambre. Je suis de ton avis, peut-être que si ton père t'avait laissé partir pour faire un bout d'essai avec ton amoureux, cela t'aurait permis de voir que ce dernier n'était finalement pas l'homme de ta vie. Ton père a été dur, je trouve, il l'a peut-être regretté par la suite, mais par fierté n'a jamais voulu l'admettre. J'imagine, car je ne le connais pas...<br /> <br /> Bonne journée à toi, Ambre. Bises.
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A
Tout comme la Baladine, ce qui est choquant pour moi également c est le comportement des parents qui ferment leur porte à leurs enfants. <br /> <br /> Mon futur mari n avait pas l approbation de ma mère au début car beaucoup trop âgé pour moi d après elle, mais le temps et la persévérance ont finalement fait accepter et aimer mon futur mari… pour un mariage qui a duré 35 ans. <br /> <br /> Avec de l amour et de la compréhension de la part des deux côtés, parents et enfants, on peut arriver à éviter de fermer sa porte.
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L
Ce n'est pas tant de savoir qui avait raison ou tort dans cette histoire. Ce qui est choquant, c'est un père qui ferme la porte à son enfant. Qui juge au lieu d'aimer. <br /> <br /> Higelin avait eu cette phrase sublime à propos d'Izia : "Je n'élève pas ma fille, c'est moi qui m'élève avec elle". Tout est dit de l'amour parental.<br /> <br /> ♥♥
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L
Ah oui, je me rappelle que canalblog ne supporte pas qu'on mette des liens autres que vers lui dans les commentaires...<br /> <br /> Bref, je te disais que mon père avait prévenu ma grande soeur qu'elle s'était amouracghée d'un "faisan, un escroc" et l'avenir lui a donné raison.<br /> <br /> Ma mère avait été conquisie par "ce jeune homme qui avait un beau sourire et une dent en or", dent qu'il montrait à l'envi.<br /> <br /> Mon père m'avait déjà pérvenu à ce propos mais gentiment, me demandant "si je connaissais une méthode pour qu'un grand amour résiste longtemps aux pommes de terre à l'eau"...<br /> <br /> Ça commençait là :<br /> <br /> le-gout-des-autres point blogspirit point com/archive/2012/07/22/l-ete-1963.html<br /> <br /> Et ça finit là :<br /> <br /> le-gout-des-autres point blogspirit point com/archive/2012/07/23/fermeture-de-la-boutique-a-souvenirs.html<br /> <br /> Et ça commence par l'inévitable http, les : et // évidemment
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L
Je ne t'avais pas envoyé un commentaire ?
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C
Quand je me suis débiné la première fois ils n'ont rien vu venir ,parti au taf le matin avec mon sac et quelques affaires de toilette , le soir j'avais trouvé une piaule chez des colocataires allemands et suisses de St Gall rencontre "au rocher" bistrot face aux buttes Chaumont place Armand Carrel .Mon deuxième chez nous avec les potes . Cela couvait depuis longtemps depuis que mon frelot était devenu un presque médecin la classe ayant les largesses de la famille éloignée , cela m'a piqué puis redevenu normal , lui guérissait les corps , moi les végétaux .J'en ai entendu des "ton frère ceci - ton frère cela "il n'y en avait que pour lui. En ces temps pas de mobiles , d'internet tu pouvais vaquer à vingt km tranquille .Les vacances à St Gall , à Cologne-Köln à m'enfiler des mousses et choucroutes .Ce que je ne savais pas j'étais recherché par la famille Mon espion de frère "tu te rends compte c'est pas bien , maman pleure. Cela ne m'a pas fait entrer chez eux pour autant de suite En douce mon dab était content , deux locations plus tard , bonjour Sologne .
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F
Et si, et si...<br /> <br /> On ne saura jamais ce qui aurait pu être...<br /> <br /> On a fait comme on a pu, compte tenu de la vie que l'on avait dans notre famille...<br /> <br /> Tu n'as jamais revu ton père ?<br /> <br /> Je ne mets pas de commentaire sur ton article concernant la lecture, j'ai du mal à lire depuis mes traitements (manque de concentration).<br /> <br /> Je t'embrasse Ambre ♥♥♥
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D
Un beau texte sur une page de vie. Tu ne crois pas que nos choix découlent aussi de ceux des autres ? Si ton père t'avait permis ce qu'il t'a refusé, pas sûr que tu aurais changé de plan pour l'avenir. Il faut vivre ses propres expériences pour être un homme, c'est facile à dire comme ça, mais à réaliser, c'est un peu plus compliqué que ça. Bonne journée à toi, je t'embrasse.
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