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8 septembre 2018

Sois un homme, ma fille!

femme eau

C’est fou comme certaines chansons peuvent vous propulser des millions d’années en arrière (j’aime bien dire des millions d’années en arrière, même si ça n’a aucun sens)(à moins de croire en la réincarnation).

C’est le cas pour la chanson "Je vole", de Sardou, qui m’est immédiatement venue en tête en lisant les mots de Délia.

J’ai 20 ans et je joue à la poupée (avec une vraie poupée, puisqu'il s'agit de ma fille). Je suis mariée, j’ai une super jolie alliance (en or!) que je porterai encore longtemps après ma séparation (jusqu’à ce qu’une copine me le fasse remarquer, en fait : "Tiens ?? Tu portes toujours ton alliance ?"). J’ai changé de nom (Joie ! À cette époque, je HAIS le nom de mon père, une vieille histoire...). Ma petite princesse est belle, je l’adore, j’adore jouer à la poupée, j’en veux encore plein, des jumeaux, des jumelles, des triplés !

Je vole. Je voooole! J’ai quitté un endroit où je dois rendre des comptes sur tout, dire où je suis, où je vais, avec qui, pour un endroit où on me fait confiance, où on me laisse libre, libre de tout ... Cet endroit, les commerçants du coin l’appellent "La maison du Bon Dieu" : c’est là que vivent les parents de mon jeune époux, 19 ans !! Ainsi qu’icelui, évidemment.

Bien jeune, oui ! me dis-je avec mes yeux de vieille d’aujourd’hui, sauf qu’à l’époque, je ne le voyais pas. Je ne voyais rien, sauf qu’on voulait jouer dans la cour des grands ! Ça n’avait pas été sans mal, au début j’avais tellement tout le temps envie d’être avec lui, pas sûre que cela ait été réciproque mais bon... Je me revois tourner en rond dans ma chambre les soirs où mon père refusait que j’aille le retrouver, je déchirais rageusement mes mouchoirs en tissu trempés de mes larmes, c’était ça ou les coups de ciseaux rageurs dans les cheveux, parce que jamais je n’aurais osé désobéir à mon père !

Puis vinrent les vacances scolaires de février (j’étais encore étudiante à l’époque). Je ne sais plus qui de nous deux a eu l’idée que nous les passions ensemble chez ses parents ? Toujours est-il que mon chéri m’annonce qu’il va demander l’autorisation à mon père "pour la forme" puisque la majorité vient de passer de 21 à 18 ans ...

Je ne disais rien à cette époque-là. Ce n’est pas que maintenant je la ramène beaucoup, mais quand j’étais jeune je la ramenais moins que pas. Or donc, mon chéri fait sa demande.

Je suis sûre que vous vous doutez de la réponse de mon père : "Mais oui ma chérie, va, vole !".

Je rigole ! Il a dit NON. Et à mon humble avis, s’il existait un mot plus fort que non, il l’aurait dit aussi pour faire bonne mesure. Je revois la scène, mon chéri me prend par la main pour m’emmener... En vrai je ne vois rien du tout parce que j’ai tout oublié, sauf le fait que je suis partie sans l’accord de mon père et que j’en ai crevé...

Mes chers parents je pars, je vous aime mais je pars, vous n’aurez plus d’enfant, ce soir...

Papa avait sûrement dû demander à Chéri comment il voyait l’avenir, lui qui n’avait pas de diplôme, pas de travail, qui vivait encore chez papa-maman ? Comment comptait-il subvenir à mes besoins ?

Chéri avait dû l’envoyer promener, comme il l’a fait les onze années suivantes avec une constance admirable parce qu’il savait tout mieux que tout le monde.

Et voilà.

Papa a-t-il pensé ce jour-là qu’il avait fait exactement le même coup à ses parents ? En pire, même : maman était enceinte de moi !

J’étais allée dans ma chambre faire ma valise, la grande noire, celle qui me servait pour les allers-retours à l’École Normale.

Maman est assise par terre, elle pleure sans discontinuer. Maman pleure, c’est tout ce qu’elle fait. Peut-être dit-elle : "Pourquoi tu t’en vas ? Tu n’es pas bien avec nous ?". Est-ce qu’elle s’en veut de m’avoir donné la pilule ? Est-ce qu’elle s’en veut d’avoir permis qu’on amène nos petits amis à la maison plutôt qu’on le fasse "dans son dos"? Je ne le saurai jamais, puisque, lorsque bien plus tard j’essaierai d’en parler avec elle, elle dira simplement : "N’importe quoi ! Ta sœur et toi, vous avez fait n’importe quoi !". Fin de la discussion.

La valise dans le couloir.

Papa qui dit : "SI TU PARS, C'EST PAS LA PEINE DE REVENIR!"

Voilà, premier de mes non-choix.

Peut-être que si Papa avait permis que l’on passe quinze jours ensemble, la suite aurait été différente ? Peut-être que finalement, j’aurais changé de mec ? Après tout, Chéri ne voulait pas d’enfant, j’en voulais quinze !

Peut-être que ma frangine ne se serait pas débinée elle aussi pour venir habiter chez nous ?

Heureusement, dans cette perdition il y a eu Hélène, la maman de mon ex. Hélène mon point d’attache, mon havre de paix, Hélène la mère que je n’ai jamais eue. Hélène qui s’étonnait de ma "drôle de maladie" (je pleurais beaucoup, j’ai toujours adoré ça!!! Même quand je suis heureuse, je pleure !), Hélène qui me disait : "MAIS SOIS UN HOMME, MA FILLE!".

Ses petites leçons pour m’endurcir n’ont pas très bien marché, je crois....

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Commentaires
D
Ambre, je souhaite de tout coeur n'avoir jamais à le faire, mais je me transposais dans ton histoire et me disais que quelqu'un aurait dû être là pour penser les tiennes, et que ton vécu en aurait été peut être différent. Cela dit, quand on vit une relation on est deux et si ton père avait prévu ta réaction, la sienne aurait peut être été différente. Quant à toi, je pense que tu n'avais pas le choix et que la tienne a été conditionnée par la sienne. Tes filles ont eu la chance d'avoir pu compter sur toi et c'est important. Je repense à tes mots chez moi et j'en ai les larmes aux yeux, sans nul doute tu as su trouver aussi les mots pour elles. Je t'écris bientôt, j'ai le temps maintenant, bisous Ambre et merci de tout mon coeur.
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D
J'imagine bien mes petits revenir un jour, en larme, ce que je ne.souhaite pas Je crois que,je serais là pour les accueillir et panser leurs blessures. Je leur souhaite le meilleur et leur choix leur appartient. Leur vie aussi. Mais que c'est dur quand ils s'en vont. Là ils viennent de quitter la table du dimanche, ils sont déjà parti. Je ne vous dis pas dans quel état je suis ! D'accord ils ont emporté avec eux les 3/4 du frigo et la moitié du jardin ne me laissant que les fanes de légumes toutes desséchées, mais je crains que ce ne soit pas la seule raison à ma tristesse ce soir !
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V
Ton histoire me fait un peu penser à la mienne, quand nos parents ne savent pas comment réagir lorsque la situation dérape et ne leur plait pas. Moi, j'ai appris avec ma première atsem qui avait l'âge de ma mère. Elle aussi n'était pas satisfaite du choix de ses enfants mais pour rien au monde elle ne se serait opposée à eux, elle les a laissé faire, laissé se tromper et puis ils sont revenus, elle les aimait et leur a montré de la meilleure manière qui soit, les laisser faire, accepter mais être là, ne pas juger, juste aider, être présente. J'aurais rêvé d'avoir une mère comme ça !
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P
Je suis aussi divorcée, mais moi, ça fait longtemps, (quand même 16 ou 18 ans je crois...) presque 19 ans de séparation. Comme je n'ai jamais eu d'alliance, je n'ai pas eu à l'enlever. Mais c'est moi qui suis partie. Mais peu importe, que l'on parte soi pour des raisons graves ou que ce soit l'autre qui parte, ce n'est jamais facile, mais c'est aussi une bonne chose, sans doute .....................
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P
Bonjour Ambre Neige, je lis ton histoire dont certains points rappellent la mienne (c'est l'alliance qui m'y a fait penser), mais d'abord, je t'ai lue chez Coumarine (euh, sorry de dire "tu", mais bon...) et j'ai une recette très simple des macarons traditionnels (comme on les faisait chez nous avant la mode des macarons).<br /> <br /> <br /> <br /> Dans la rubrique "pâte aux amandes" du livre de cuisine de mes parents, je lis: amandes pilées + sucre, mouillées de blanc d'oeuf, pâte un peu mollette, cuisson à four moyen = macarons. (il y a aussi la pâte à massepain, à frangipane, etc.)<br /> <br /> <br /> <br /> les proportions sont : amandes mondées et pilées: 75 grammes, sucre râpé (ou semoule) 75 grammes + un blanc d'oeuf non battu. Il paraît que cela donne environ 18 macarons de 3-4 cm je suppose. <br /> <br /> <br /> <br /> Avec des précisions : plus on met d'amandes, plus le macaron reste moëlleux, mais lourd. Proportion normale, même poids de sucre et amandes, mais pour 250 g d'amandes, de 125 à 750 (?) g de sucre. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour le blanc d'oeuf, en moyenne, un blanc pour 75 gr de sucre et 75 d'amandes, mais on peut mettre un blanc par 50 à 125 gr d'amandes + idem tjrs de sucre. Le blanc peut être battu en neige pour plus de légèreté. <br /> <br /> <br /> <br /> Le bouquin date du début des années 50. Pour les arômes, l'auteure du livre signale que le goût des amandes amères est assez fort, mais qu'on peut y ajouter vanille, liqueur, citron etc. Elle dit aussi que dans l'industrie, il y a de la farine de riz, des pommes de terre, de la pâte de pommes, de l'essence d'amandes amères, etc. <br /> <br /> <br /> <br /> (Oufti, sorry, je suis longue).<br /> <br /> <br /> <br /> Pour la cuisson, on peut les déposer sur un rond de pain azyme, <br /> <br /> <br /> <br /> et enfin, cuire à four moyen (150° je suppose) pendant 18 à 30 min.
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L
Et ben... M'en foutrait presque l'bourdon (comme disait maya)... M'escusse, je sors à pas feutrés.
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A
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire <br /> <br /> Seront à tout jamais tes esclaves soumis, <br /> <br /> Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire <br /> <br /> Tu seras un homme, ma fille !<br /> <br /> (Gaston Kipling, le frère caché de Rudyard) ];-D
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L
Dans la vie, il y a le miracle des gens lumineux... Hélène doit/devait être une belle personne. Je suis très touchée par ce début de vie d'adulte d'une violence inouïe. Je n'ai jamais compris comment on pouvait mettre à la porte son enfant et lui dire de ne jamais revenir. Et pourtant, ton plus fort désir était d'être mère. Mettone en avant nos années lumière, nos instants bonheurs pour laisser derrière nous les heures chagrin.<br /> <br /> Beau texte, Ambre.
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