C'est dommage, hein ?
Bonjour à vous,
je suis venue hier sur mon blog avec l'idée de supprimer le message "comme un i minuscule". Et puis j'ai lu vos commentaires, tous généreux et bienveillants.
Et puis je suis revenue et, à chaque fois, je découvrais de nouveaux commentaires, toujours aussi gentils.
Pourtant, je me sens mal à l'aise. Cela ne vient pas de vous, bien sûr. Mais d'une part, la petite fille, et aussi la jeune femme que je fus n'existent plus. C'est si loin tout ça. Et puis je n'ai pas l'impression du tout d'être quelqu'un d'extraordinaire et encore moins de particulièrement courageux, c'est tout le contraire. J'ai plutôt la certitude d'avoir passé ma vie à me noyer, et ça continue, d'ailleurs. Rien de bien admirable, donc, même si ma copine Ambre donne une image différente. D'ailleurs, ce serait sympa qu'elle me file la recette !
Ce que je voudrais dire surtout, c'est que quand j'évoque mon enfance, dont je parle maintenant librement lorsque ma descendance me pose des questions, la première chose qui me vient, c'est la violence.
C'est dommage, hein ?
Devrais-je dire simplement "la brutalité" ? Comme un roc lourd qui, il faut bien le reconnaître, a bousillé l'intégralité de ma vie. Car ce roc, et certaines (certains ?) d'entre vous le savent, il ne s'en va jamais. On a beau essayer de toutes nos forces de le faire disparaître, rien à faire, il faut apprendre à vivre avec. Ça fait partie de nos gènes, de notre histoire, de notre héritage.
Mes enfants qui ont connu mon père ont du mal à imaginer que ce grand-père extraordinaire qu'il fut a aussi été "ce père-là". Un père qui faisait trembler ses filles de peur, de terreur, et parfois même, de haine.
En fait il a arrêté d'être brutal une fois son objectif obtenu : moi à l'EN, j'avais donc 14 ans, et ma sœur, cette petite fille minuscule qui le toisait de toute sa hauteur, se mangeant donc plus de baffes que moi car ça le rendait fou de colère (il exigeait qu'on baisse les yeux devant lui), ma sœur, donc, après ses fugues a réussi le tour de force de passer un deal avec lui. "Tu ne t'occupes plus de moi (de mes devoirs), et je m'engage à décrocher un diplôme et à aller bosser". Je vous dis ce que j'ai compris de ce qu'elle racontait, entre deux hoquets et deux verres de vin, la fameuse nuit qui a suivi le décès de ma mère.
Et elle l'a fait. Elle voulait entrer aux Beaux-Arts ma sœur. Mais sauver sa peau était plus urgent.
Elle est donc devenue secrétaire, et son 1er salaire en poche, elle est venue habiter chez moi, qui se trouvait être à l'époque chez mes pas-encore et maintenant ex-beaux-parents, puisque je vivais avec le futur père de mes filles.
Elle avait 17 ans.
Une fois cet objectif obtenu - que ses filles aient un métier de manière à ne jamais devoir dépendre d'un homme (quelle ironie ..) – mon père nous a lâché la grappe.
Car c'est ça qui est incroyable : il nous a certes légué la problématique familiale, mais il nous a aussi donné la solution ! en tout cas ce qui lui semblait être une solution …
Et ma mère à côté qui nous martelait "ne pas dépendre d'un homme, ne pas dépendre d'un homme !".
Moi qui ne rêvais que de mariage d'amour et de ribambelle d'enfants !
Pf.
J'ai pas trop le moral en ce moment, ça se sent, non ?