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3 octobre 2021

Ma liberté

Il y avait eu la mort de ma mère. J'étais très attachée à ma mère. Attachée avec de l'amour, mais pas que. J'étais en attente, tout le temps, de quelque chose que je n'ai jamais reçu. Jusqu'à la fin, j'ai attendu.

Elle était dans son lit, son pauvre petit lit de soins de suite. Quel nom bizarre. Soins de suite. Ma sœur était sortie. Pour aller chercher des cafés au distributeur, je crois.

Je tenais les mains de ma mère. Elle avait de toutes petites mains, Maman, de toutes petites mains fines. Ma grande a les mêmes.

Elle avait de toutes petites mains que je tenais dans les miennes, la tête levée vers elle dans une prière muette. Parle-moi Maman, dis-moi quelque chose. Dis-moi que tu regrettes. Dis-moi que tu ne pouvais pas faire autrement.

Maman, dis-moi que tu m'aimes.

Elle ne parlait pas, Maman.

Elle est partie sans un mot, exactement comme elle avait vécu.

Puis il y a eu mon fils. La souffrance de mon fils.

Je me rappelle, j'étais à l'hôpital, mon petit-fils venait de se faire opérer quand les policiers ont appelé.

Chez moi toutes les portes s'en souviennent, les murs aussi.

Vous savez, c'est comme quand on crève de souffrance, c'est insupportable alors on remue dans tous les sens pour s'en débarrasser, on cogne, on se tape la tête contre les murs jusqu'à ce qu'on réalise que ça ne sert à rien, c'est dedans.

La souffrance, c'est dedans.

 

Le monde s'est arrêté.

C'est comme ça que je suis allée nager.

Un soir, d'abord.

Puis deux, puis trois.

Puis tout le temps, tous les jours, toute l'année.

Nager pour oublier tout ce que j'ai foiré.

Quitte à se noyer, hein !

Je nageais avec rage, je nageais avec foi. Je nageais dans les larmes les chagrins les contradictions la tristesse la souffrance et ma vie.

Je nageais les yeux fermés avec le secret espoir de n’avoir jamais à rentrer. Mais je savais que ce jour-là comme tous les autres, je rentrerais.

Nager était ma drogue.

Nager était ma vie, ma thérapie.

Nager était ma liberté.

respirer

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Commentaires
A
Je ne peux pas dire que j'aime la solitude, c'est plutôt tout le contraire étant d'une famille de 5 enfants que l'on comparait souvent à un clan… toujours ensemble, toujours à créer des occasions pour se rassembler, rajouter d'autres branches à notre tronc commun…<br /> <br /> Mais la vie est là avec ses belles rencontres mais également ses arrachements.<br /> <br /> Le départ de mon fils unique a bien entendu été un moment d'adaptation, mais jamais ce grand désespoir que j'ai ressenti dans tes écrits. Non, j'ai la chance de toujours voir le côté positif des évènements même lorsqu'il semble y avoir plus de côtés négatifs. Je retiens le bonheur de voir mon enfant se lancer dans sa vie, n'est-ce pas pour cela que nous aimons et élevons notre enfant. Le rendre fort et capable de créer sa vie…<br /> <br /> les nombreuses personnes chéries qui sont décédées… je retiens la chance d'avoir pu les connaître et les aimer mais surtout d'avoir été aimée par elles. Quelle immense bonheur de connaître cela !<br /> <br /> Je suis seule aujourd'hui mais pas de véritable solitude car je suis très ouverte et aime aller vers les autres, créer de belles rencontres, parfois éphémères mais qu'importe si elles sont riches et satisfaisantes. Je trouve une certaine liberté dans cette façon de vivre.<br /> <br /> Seule mais ni solitaire, ni solitude.<br /> <br /> Je vais reprendre mon sac de plage… je fais quelques petites visites sur les blogs…<br /> <br /> Bises
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S
La solitude peut être effrayante mais on s'en accommode pas à pas .... et on finit par l'aimer .... un peu <br /> <br /> Cri du coeur qui retentit et je te comprends
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L
La solitude, c'est effrayant.<br /> <br /> Ceux qui la recherchent ne savent pas.
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V
Étrange, je vis la même chose avec mes balades en forêt, marcher, marcher avec le secret espoir de me.perdre et de ne jamais rentrer. <br /> <br /> Je te comprends.
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A
Ton texte vient nous atteindre loin et profondément, en ce lieu où l'on se rejoint, celui de notre vulnérabilité. La solitude fondamentale qui pourtant nous porte, en sorte que nous ne sombrons pas.<br /> <br /> Par des chemins tortueux et inconnus la liberté nous est toujours redonnée.
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F
J'ai mal pour toi !<br /> <br /> Je t'embrasse fort ♥♥♥
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D
Quel désespoir !! Nager, nager pour oublier.......
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D
Une liberté qui dans ce cas ressemble aussi à un esclavage. Libre des autres, mais avec ce besoin insatiable de leur présence. Se jeter à corps et à cris dans cet élément liquide, jusqu'à s'en dissoudre. S'y diluer et ne plus être. Ne plus être soi et avoir mal de l'autre. Et résister. Toujours. <br /> <br /> Je t'embrasse.
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L
Très émue en lisant ce cri. Oui, le désir fulgurant de ne pas rentrer, j'éprouve la même chose lorsque je marche, je marche : ne pas rentrer.
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