Un balai et une chaussure
Hier soir, au moment où j’allais me coucher, j’ai surpris une araignée dans ma chambre (surpris est un grand mot. Je l’ai été plus qu’elle). Une grosse araignée, avec environ DOUZE pattes – je précise pour le cas où vous vous imagineriez que je suis quelqu’un que la moindre petite chose effraie.
Car oui, je l’avoue : j’ai peur des araignées, j’en ai une peur panique. D’aucunes grimpent sur un tabouret devant une souris, eh bien moi c’est devant les araignées. J’ai même du mal à écrire le mot, c’est dire ! Je suis du genre à appeler un voisin au secours à dix heures du soir en ouvrant la porte en grand (des fois que l’araignée ait la bonne idée de se débiner). Je dois dire qu’hier soir, j’étais à deux doigts de le faire! L’idée seule que je n’ose plus jamais croiser le regard de mon voisin ensuite m’a retenue. Une fois, j’ai appelé mon fils à l’aide - il vivait encore à la maison - depuis le tabouret de la cuisine où je m’étais perchée, bramant "Là ! Là !" en désignant une chose noire pleine de pattes. Il s’était étranglé de rire en allant ramasser une queue de tomate qui avait sauté au sol.
Bien.
Revenons à notre bestiole.
Elle était dans ma chambre.
À l’heure où je me couche.
Il me fallait donc envisager de dormir avec l’idée qu’elle viendrait me grimper dessus pendant mon sommeil (c’est une image).
Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas.
J’ai d’abord pensé à aller dormir ailleurs. Mais la chambre de mon fils, transformée en dépotoir buanderie depuis son départ, est un vrai ch'ni, et l’idée de tout déménager m’a épuisée d’avance.
Alors j’ai pris mon courage à deux mains, un balai et une chaussure (oui, je sais, c’est fou ce qui peut nous passer par la tête dans les moments de panique !) et je me suis approchée de la bête avec toute la vaillance qui me caractérise (j’ai regretté que le temps des armures soit révolue).
Tout ce que j’ai réussi à faire c’est qu’elle se carapate à toute allure hors de ma vue.
Au moins je ne la voyais plus.
Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, mon balai serré contre moi.