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Un peu de silence ..
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2 avril 2020

Message provisoire (2)

Pour commencer, j’ai beaucoup pleuré.

Ensuite, je me suis un peu reprise, cela semblait aller.

Puis de nouveau je me suis remise à pleurer, mais cette fois, avec colère. Beaucoup de colères. Des colères venues on ne sait d’où, des colères enfouies, les choses qu’il faut qu’on accepte et qui nous reviennent en pleine face, comme un boomerang.

Bien sûr, je reste dans la gratitude. C’est un chemin que j’ai emprunté depuis quelques temps déjà, bien avant le confinement. Et c’est la moindre des choses d’être reconnaissante de ce que j’ai, de ce dont je jouis, que cela m’ait été accordé par les choix que j’ai faits, ou pas, suivant la façon dont on se place.

Donc ma journée, à quelles rares exceptions près, commence dans la gratitude.

Puis, la réalité.

Depuis le début j’essaie de ne pas penser. Enfin, je veux dire.. Je n’ai pas vu mon aînée depuis Noël. La seconde ayant eu la bonne idée d’être née début mars, on s’était vues ce jour-là, seulement nous, elle ne voulait pas passer sa journée d’anniv toute seule et ce n’était pas encore le confinement.

Mon fils et ma nouvelle fille, c’était février. Mes petits-enfants aussi.

Quand, dis, quand ?

Mais non. Il ne faut pas y penser. Le principal est qu’ils restent en bonne santé. Merci.

La colère, c’est à cause de tout ce dont je me sens amputée. Ce n’est la faute de personne, c’est ma vie, celle que mes parents, ma famille, mes ancêtres m’ont donnée, celle que je me suis faite, aussi.

Mais ma vie a commencé, ma vie à moi je veux dire, elle a commencé il n’y a pas si longtemps. J’avais cinquante ans, peut-être ? Je me demande si ce n’est pas depuis que je suis en sursis, depuis ce fameux jour où j’ai failli mourir, et où, grâce à une infirmière anonyme qui passait dans le couloir à ce moment-là, j’ai été sauvée. Le jour de mes quarante-huit ans.

Dans la foulée, j’ai commencé à dire non. Petit à petit, sans même m’en rendre compte, je me suis même mise à dire "j’existe". Enfin, à le crier, plutôt (les portes dégondées s’en souviennent).

Il y a des choses que les gens ont du mal à entendre, parfois.

Et par le fait, je me suis mise à exister. Oh, rien d’extraordinaire. Je n’ai pas mis, comme ma sœur, huit cent kilomètres entre nos parents et moi, en laissant tout, absolument tout, derrière moi. Je n’ai aucun mérite, je n’aurais jamais pu faire comme elle.

Mais j’ai mis des petits pas. Des petits mots.

Des petites choses.

J’ai réalisé que finalement, je n’étais pas si inintéressante que ce que ma vie d’alors me faisait croire. Au contraire, je m’amusais drôlement bien avec moi, je ne m’ennuyais jamais en ma compagnie et je ne me disputais pas ensemble. Quelle découverte !  

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me prendre par la main et à me sortir, au lieu de ne sortir que les autres. Je ne dis pas que je regrette d’avoir été la fille, la sœur, la maman, grand-maman que j’ai été, bien sûr que non. Mais était-ce vraiment indispensable de me nier à ce point ?

Julie, peut-être ? Julie, cette ancêtre que tous les miens se sont appliqués à faire disparaître de la mémoire familiale, comme si elle n’avait jamais existé ?

Brandissant ce prétexte comme un étendard, je suis passée à côté de ma vie pour réhabiliter la sienne. Sans doute était-ce une étape nécessaire, sans doute n’y avait-il pas d’autre choix que d’en passer par là. Il fallait que mes filles sachent. Une femme qui existe, ça existe !

Un boulet en moins à traîner.

À présent : "Regarde devant, sinon tu vas tomber".

Mon temps est compté.

À partir d’un certain âge, notre temps est compté à tous, on est bien d’accord. Notre temps compte. Les petits bonheurs, les petits plaisirs, et à fortiori les grands, ça compte. C’est de ceux-là dont le contexte actuel nous prive. C’est dur. C’est très dur. Pour certains, certaines, c’est insoutenable.

Qu’ajouter ? 

Rien.

Alors sinon, j’ai décidé de me mettre au yoga. Enfin je veux dire, d’en faire à la maison, un peu tous les jours. Ça tombe bien, j’ai toujours pris des notes après les cours de yoga.

D’ailleurs, l’autre jour, je relisais mon cahier de 1982. 1982, purée ! lol (À vrai dire, au départ, je confondais le yoga et le Kama-Sutra, et quand je m'y étais inscrite, c'était dans l'espoir d'y apprendre toutes les positions du tagada).

Je suis tombée sur des notes que j’avais oubliées, une relaxation à deux, Trépidation japonaise que ça s’appelait, tout un programme ! Il faut dire qu’en plus, j'ai commencé le yoga avec un prof beau comme un dieu, un truc à peine tu le regardes tu décides de l'épouser ! Je le gobais des yeux et des oreilles, et quand il venait vers moi en faisant son Om du bout de ses lèvres sensuelles, je le trouvais tellement canon que c'était à se demander s'il n'allait pas tirer. (Enfin, c'est une image, bien sûr ..)

Et vous ? Comment tenez-vous le coup ?

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Commentaires
F
Bonjour Ambre<br /> <br /> Comment je vis le confinement ? Tu l'as peut-être lu sur mon blog, je le vis assez bien du fait que je vis à la campagne, que j'ai de l'espace, etc. Ce qui me chagrine le plus, bien sûr, c'est de savoir que je ne reverrai pas tout de suite mes petits enfants, et eux ils commencent à me manquer. Bien sûr, nous nous faisons des coucous par Messenger ou Whatsapp, mais ce n'est pas pareil. <br /> <br /> Sinon, ton billet est très touchant ♥.<br /> <br /> Belle fin de journée. Je t'embrasse.
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A
Saby<br /> <br /> <br /> <br /> ah bah le voilà le poème, dans ma catégorie "vieilles histoires" :-)<br /> <br /> <br /> <br /> http://enviededouceur.canalblog.com/archives/2018/08/23/36649651.html
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D
Bonjour<br /> <br /> Je suis Daniel10. Mon ancien blog "au palais des 1000 et un écrits"<br /> <br /> j'ai repris du service et créé un nouveau blog : <br /> <br /> http://a-mots-peses.over-blog.com<br /> <br /> Je viens de publier :<br /> <br /> http://a-mots-peses.over-blog.com/2020/04/naissance-d-une-fleur.html<br /> <br /> Bien sur je suis confiné et je n'en vois pas le bout. Courage à tous !<br /> <br /> Je ne vois mes grands et petits enfants que par skype<br /> <br /> Amicalement- daniel
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L
Tu es sensible et tumultueuse, fragile comme l'est tout être vivant, et pourtant, même si tu n'en es pas tout à fait consciente, tu possèdes une force étonnante.<br /> <br /> <br /> <br /> Cette fille, cette femme que tu es, pas de tout fifille, fillasse, pas de ces pleurnicheuses douillettes qui ont la trouille de tout, même si tu as tes peurs à toi, je te lis, je te regarde vouloir voir, vouloir savoir, tenter, t'envoler, brûler, ne pas t'arrêter en chemin. En bon chemin.<br /> <br /> <br /> <br /> En ce moment nous sommes, nous tous les confinés, immobiles, et c'est peu dire que tu n'es pas faite pour l'immobilité. Voilà je sais, tu es une intranquille! Mais n'est-ce pas de là que tu puises ta créativité? Tes récits comme les deux qui précèdent ce billet, récits à bride abattue en sont une preuve magistrale, et en les lisant (Narco te remercie pour le clin d'œil) je me suis dit que si je devais lire 200 pages écrites par toi, je fermerais le livre à bout de souffle. Mais que j'adore ça!<br /> <br /> <br /> <br /> Alors certes, l'âge passant, on réalise, on admet même qu'il est des choses qu'on n'accomplira plus. Des projets qui ne verront jamais le jour. Mais il peut encore tant advenir! Tu as survécu à tant de choses, tu as vaincu tellement d'obstacles, d'emmerdements qui en auraient fait beugler de plus gaillards que toi!<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse, ma robuste fragile, ma vivante qui vit, mon intranquille. J'y mets toute ma tendresse.
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D
J'accepte la situation. Que faire d'autre ? J'ai ralenti mon rythme de vie et je m'aperçois que ce n'est pas plus mal…..Et je m'occupe. Je me suis amusé à réaliser une video de relaxation pour tous mes élèves. Je vais la mettre en ligne sur mon blog. C'est une époque incroyable où tout le monde vit autrement. C'est une époque pour réfléchir au sens de sa vie !
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L
Ecoute Souchon, qui a repéré un truc essentiel.<br /> <br /> <br /> <br /> "Là je dis rien, rien, rien, rien ne vaut la vie"
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P
Bonjour Ambre, je comprends bien ton état d'âme du moment, je m'efforce de rester positive et optimiste mais les moments de cafard surgissent, surtout quand le soir tombe. Je comprends ton manque cruel de ne pouvoir embrasser, serrer dans tes bras tes enfants et petits-enfants. N'utilises-tu pas messenger ou Whatsapp ? je sais, ce n'est pas pareil mais c'est quand même mieux que rien, c'est même énorme je trouve. Essayons de nous dire que le principal est notre santé et la leur et qu'un jour tout ira mieux, bien, très bien ;)<br /> <br /> Gros bisous.
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S
Un petit bisou du matin pour ma petite Dame Neige <br /> <br /> Prends soin de tout ton "toi"
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V
"C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me prendre par la main et à me sortir, au lieu de ne sortir que les autres. Je ne dis pas que je regrette d’avoir été la fille, la sœur, la maman, grand-maman que j’ai été, bien sûr que non. Mais était-ce vraiment indispensable de me nier à ce point ?" <br /> <br /> Qu'est-ce qu'elle me parle cette phrase ! :D<br /> <br /> Oui, pourquoi fait-on ça ? Bon, il ne faut pas avoir de regrets, le passé et le passé vivons dans le présent et sachons profiter de ce présent sans essayer d'imaginer le futur ! ;)
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B
Hop Hop Hop haut les coeurs ! Il y aura des jours meilleurs après tout cela. Si tout va bien pour enfants et petits-enfants alors mon époux et moi-même sommes ravis. Cet été nous aurons tout le temps de profiter de tous........... Continuez à écrire, j'aime vous lire ! Bisous.
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A
Chacun vit plus ou moins bien ce confinement… moi je suis du genre positif, alors je vois le bon côté de cette triste période… je ne vois pas mes petits-enfants et cela avant le confinement car pour certaines raisons je n'avais pu aller les voir. Oui, mais nous nous parlons et nous nous voyons… chose impossible avant !<br /> <br /> Ne pas voir ma famille est du positif puisque cette distance est pour notre bien. Et les savoir en bonne santé est bien plus important.<br /> <br /> Mes sorties en bord de mer me manquent… oui mais je suis plus en sécurité que d'autres.<br /> <br /> Je vis seule… oui et lorsque j'entends la difficulté de certains couples de se retrouver confinés à deux... je suis beaucoup plus libre. Personne pour me dire à quelle heure me lever, me coucher, manger ou rêver !!!😋<br /> <br /> Me disputer ?? avec qui ?? Je m'entends très bien avec moi même et je ne m'ennuie jamais… même si je ne fais rien… c'est fou comme j'arrive à me sentir libre même si je ne sens pas l'iode de la mer… je laisse le soleil me caresser et je dis merci.<br /> <br /> Vivre avec soi même peut nous permettre de faire ressortir toutes les richesses que nous avons en nous.<br /> <br /> Restons chez nous, et faisons de ce chez nous un havre de paix.
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D
"À partir d’un certain âge, notre temps est compté à tous, on est bien d’accord. Notre temps compte. Les petits bonheurs, les petits plaisirs, et à fortiori les grands, ça compte. C’est de ceux-là dont le contexte actuel nous prive. C’est dur. C’est très dur. Pour certains, certaines, c’est insoutenable."<br /> <br /> J'ai atteint cet âge et n'ai jamais eu le sentiment d'être aussi vieille. autant fragile, autant démunie. Te dire si j'en souffre ? Non. Je me sens vieille, c'est la différence avec avant. Vieille mais pas lasse et même si le temps ne nous attend pas, j'essaie de faire des choses qui elles non plus n'attendront pas. Comme la recherche de mes ancêtres, ceux de mes enfants. Je n'ai pas vu mon fils depuis Noël, j'ai la Ponette au téléphone tous les jours. Hier j'ai fais une toute petite balade. Je sais qu'il y a une foule de choses que je ne ferai plus. Le temps perdu ne se rattrape guère, ne se rattrape plus et nous sommes à l'âge où nous n'aurons pas le temps. <br /> <br /> Au fait, pleurer soulage.
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H
Je m'en tire en sortant à deux tous les jours, en respectant le kilomètre, lorsque tu vois les rues parisiennes, tu n'as pas de mal à tenir tes distances.<br /> <br /> Mon fils appelle deux minutes deux fois par jour, on a eu Merveille une fois, et reçu une photo de la petite.<br /> <br /> Ce matin, je me suis disputée comme jamais avec une copine, au téléphone.<br /> <br /> Je ne fais pas de yoga, ni de relaxation, ça m'énerve .<br /> <br /> On souffre tous de la même chose, le manque de nos enfants, et de nos amis confinés comme nous.
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M
Bonjour Ambre, je vois que tu ne perds pas ton sens de... (comment l'appeler ?... ) mais tu vois aujourd'hui ça me fait sourire parce que là, y a pas grand chose qui me fait sourire vraiment. Si les petites blagues que je reçois sur le groupe WhatsApp de ma famille (mon ex-mari et mes enfants, et moi bien sûr). Les photos aussi, les petits bouts de vidéo. Eh oui, on a commencé à Vivre avec un grand V ou tout au moins essayer un peu tard. C'est bête. Ce serait à refaire... mais ça n'est pas. Cela dit quand tu dis qu'à partir d'un certain âge nos jours sont comptés, je me permets de te corriger parce que c'est dès le jour de notre naissance, voire même de notre conception, que nos jours sont comptés. En Afrique, où j'ai des amis africains et où j'ai séjourné plusieurs fois, on m'a dit un jour et ça m'a fait frissonner sur le moment, que le jour de la naissance d'un enfant on tisse ou fabrique son linceul. Il faut dire que la mortalité infantile y est énorme et le pourcentage d'enfants qui ne vont pas au-delà de l'âge de 5 ans est impressionnant. De même que l'âge de mortalité des hommes et des femmes n'est pas bien élevé. C'est aussi pour cela que l'on ne donne pas ou ne révèle en tout cas pas le prénom du nouveau né avant qu'il ait passé le cap des 8 jours. Après je ne sais pas si c'est ainsi dans tous les pays d'Afrique, je te parle de pays que je connais.
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F
Coucou Ambre,<br /> <br /> <br /> <br /> j'espère que le yoga avec ou sans "beau mec" va t'aider à tenir le cap !<br /> <br /> J'aimerais pouvoir faire quelque chose pour toi pour t'aider à avoir le moral, c'est compliqué, on a beau se dire qu'il ne faut pas craquer, on ne maîtrise pas ses émotions !<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai eu la grande chance de passer une semaine en Vendée avec enfants et petits enfants, juste avant le confinement ( ce n'était pas prémédité, et programmé depuis un an, et en plus cela n'était jamais arrivé) , j'en ai moins profité que je l'aurai voulu car j'étais malade, néanmoins je suis heureuse que nous l'ayons fait.<br /> <br /> Ma mère est seule là bas, j'ai un frère à Nice, une sœur dans la région parisienne, une autre en Guadeloupe, tu vois nous avons tous mis de la distance avec nos parents.<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse Ambre
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C
Hummm ! les fraises tagada ces fruits rouges de colorants chimiques dès que tu entames le paquet , tu veux le finir Rhârhârhâ !! trop bon .<br /> <br /> arrêtes de dire que ton temps est compté , chez moi chez les autres c'est pareil le chronomètre marche et selon la carte génétique de chacun il y a des arrêts proches ou lointains , tu le sais , je le sais vis VIS Vis ta VIE profites en bien .Mes enfants il y a ceux du Tarn et Garonne dont un qui ne m'a jamais donné de nouvelles depuis 20ans l'autre j'ai un contact mensuel et pour le voir je dois aller à Montauban , il y a le binome parisien aux contacts réguliers sans les voir sauf deux fois /an
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M
Allez ça va aller.... difficile de ne pas voir nos enfants je suis d’accords mais l’essentiel est que nous soyons tous en bonne santé ! Je m’empêche de penser négatif... bises et courage
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