En pleine poire
Je suis trop sensible, c'est une calamité. Je prends tout en pleine poire, et comme si ce n'était pas suffisant, je ne sais pas me défendre. C'est en tout cas ce que disait ma mère. La bonne répartie, je la trouve trop tard, en pleine nuit, après m'être rendue malade parce que je n'ai pas su répondre ou remettre la personne à sa place.
Je pourrais tout remettre sur le dos de mon père. Mais ma sœur, mon double, l'autre moitié de moi-même qui pourtant a vécu la même chose que moi n'est pas du tout comme ça. Elle ne se laisse pas faire, elle dit ce qu'elle a à dire. Alors ?
Il me manque une case, celle qui permet de voir la méchanceté et la laideur. Mon ex s'en était donné à cœur joie, et quand on s'est séparés, tous nos amis étaient tombés des nues : c'est la première fois qu'ils voyaient un couple qui s'entendait aussi bien se séparer. Il n'y avait jamais de cris chez nous, seulement des larmes silencieuses, les miennes.
Pour réussir à se disputer avec moi, il faut se lever de bonne heure.
C'est après que ça s'était corsé, car mon futur ex entendait que je reste à sa disposition, il avait gardé une clé de l'appart' et souvent en rentrant de bosser je le trouvais à la maison, il se rappelait qu'il avait deux filles, lui qui n'était jamais là quand nous étions ensemble .. C'est à ce moment-là que le docteur Jekyll que j'avais épousé s'était transformé en Mister Hyde.
Et chaque fois, je tombais des nues.
Non, c'est pas possible, il ne fait pas ça.
Non, c'est pas possible, il ne demande pas ça.
C'est aussi à cette époque que j'ai découvert la justice de "la justice". Encore une illusion perdue. *
Et puis je crois que je voudrais qu'on m'aime. Tout le temps.
J'imagine qu'en la fermant on m'aimera plus. C'est sans doute pour ça que je ne parlais pas. "Tu n'as qu'un droit, celui de te taire".
Ça ne fait pas longtemps que je la ramène. Avec mes proches seulement, hein, faut pas décoco. Et grâce à ma fille du 8 mars qui m'a dit un jour "Tu as le droit de dire non, tu sais"
On va dire que c'est mieux qu'avant, mais c'est loin d'être ça encore.
Et ça me pose vraiment un problème. Un gros, gros problème.
On ne vit pas franchement dans le monde des Bisounours ...
*lu chez Vi :
"Envie de hurler quand on apprend qu'une petite élève subit des agressions sexuelles de la part de son père qu'elle ne voit qu'un weekend tous les 15 jours et qui va tout de même devoir aller chez lui et ce malgré la plainte déposée en gendarmerie par la maman et le témoignage de la petite... Je n'ose même pas penser à ce que doit ressentir la maman... Mais c'est la loi !"
Pour ceux qui l'ignorent, si la mère ne donne pas l'enfant à son père, elle va en prison. Vive la justice !
À part ça tout va très bien, hein !