De : Ambre@pascontente.fr
À : meteofrance@gmail.com
Cher Monsieur (si vous êtes de sexe féminin, veuillez lire : Chère Madame),
Depuis quelques temps je suis devenue une de vos lectrices les plus assidues. Ma préférence va à l’épisode "Pluie dans l’heure" sur lequel vous ne vous trompez jamais (à part la fois où vous avez écrit qu’il ne pleuvrait pas de la journée alors qu’il tombait des seaux d’eau dehors) (c’est bien regrettable que cette séquence ne me soit pas revenue, comme va le montrer la suite de l’histoire).
J’avais, disiez-vous, une heure devant moi.
Le ciel était gris, mais je suis d’une nature foncièrement optimiste : revêtue d’une robe et d’une veste légère (en même temps, si on ne peut pas sortir ainsi au mois d’août, quand le pourra-t-on ?), j’ai chaussé mes pataugas et je suis partie.
Un léger zéphyr ébouriffait les feuilles. J’ai fait demi-tour au bout de ma rue pour troquer ma veste contre une autre, plus chaude, chose en laquelle j’ai été bien inspirée, comme va le montrer la suite de l’histoire.
Le ciel était gris, mais pas de pluie.
J’ai béni vos prédictions.
Au fur et à mesure que je marchais, j’ai commencé à regretter de ne pas avoir emmené un bonnet, une écharpe, que sais-je ? Toute chose qui m’aurait potentiellement protégée du vent froid sa mère qui s’engouffrait sous ma robe.
J'ai commencé à ne plus vous bénir du tout.
J’avais prévu de faire un circuit d’une heure, puisqu’une heure avais-je devant moi. Mais un éclair de lucidité (à moins que ce soit celui qui venait de zébrer les nuages noirs s’amoncelant au ciel) m’a fait rebrousser chemin, ce en quoi j’ai été bien inspirée (comme va le montrer, etc).
Je hâtai le pas quand j’ai senti sur mes jambes des gouttelettes portées par le vent.
Ça ne pouvait pas être de la pluie, vous me l’aviez assuré.
Ça n’en était pas, en effet : en une minute (environ), un monceau de grêlons m’est tombé sur la tête et je me suis retrouvée trempée et dégoulinante du haut jusqu’en bas.
Rapidement, le chemin recouvert de boue est devenu glissant. Ce n’est pas que j’ai une tendance à choir, mais j’ai préféré continuer dans l’herbe, quitte à avoir les mollets mouillés. Je serrais tendrement dans ma main mon appareil au fond de ma poche, dans la crainte qu'il ne prenne l'eau.
Le retour a été rapide. Je n’ai jamais marché aussi vite.
J’aime la pluie, ce n’est pas la question.
Mais pas la pluie qui mouille.
Je la sentais s’insinuer au travers de ma veste, et même de la capuche ! D’ailleurs, comment ça se fait qu’on nous vende des vêtements censément portables lorsqu’il pleut et qui ne sont pas imperméables ?
De retour à la maison, je me suis déshabillée intégralement dans l’entrée et j’ai tout jeté par terre. Ma robe m’a regardée avec des petits yeux ronds qui m’ont fendu le coeur, tout en dessinant une jolie rigole sur le carrelage.
Quant à mes pataugas, ils vont mettre trois jours à s’en remettre, je puis vous l’assurer.
Aussi, cher Monsieur (chère Madame), puis-je me permettre de vous suggérer de prendre quelque vacance ?
Allez donc en Bretagne, il y pleut tout le temps, paraît-il. Cela vous permettra d’étudier les diverses formes de précipitations.
Je vous prie d’agréer, cher Monsieur (chère Madame), l’expression de mes humides salutations.
Ambre Neige