Les petits papiers
La première chose, c'est que je ne supportais plus la lumière vive de ma lampe de chevet. Pourtant, plus miro que moi tu meurs, j'ai besoin de lumière ! Eh bien non. J'avais troqué ma lampe pour une autre, sur laquelle je pouvais mettre une ampoule 40 W. Je l'avais recouverte d'un abat-jour (la précédente n'en avait pas), pour tamiser encore plus. Et je lisais dans cette lumière diaphane et douce. Maintenant je me demande bien comment ! Ce symptôme est guéri et je n'y vois plus rien ! Malheureusement pour moi, entre temps j'ai flanqué par terre la lampe que j'avais avant, une lampe que j'adorais, en plus, pff !!!
Bilan : je n'y vois goutte. Comment ai-je fait pour lire dans cette pénombre pendant plus d'un an ?
À propos de lecture, il y a eu aussi du changement de ce côté-là : je ne pouvais plus lire. Comme après le décès de ma mère, je lisais trois pages, je reposais, je prenais un autre livre, je relisais trois pages, etc. Quelle poisse, moi qui adore lire ! Et si par extraordinaire, je tombais sur un ouvrage qui voulait bien se laisser faire, je croisais une scène triste, ou angoissante, ou violente, et c'était mort ! Je le refermais et tout était fini entre nous.
Combien ont atterri à la boîte aux livres l'année dernière, alors que par le passé je les avais dévorés ?
Rebilan, j'ai déprimé grave. Déjà que je ne pouvais plus nager, voilà que je ne pouvais plus lire ! Quelle poisse !
Ce symptôme s'est étendu à la télé, qu'heureusement je regarde très peu. Il perdure d'ailleurs.
Pour la télé c'est simple, il suffit d'appuyer sur le bouton de la télécommande.
Pour les livres, c'est beaucoup plus compliqué, et bien plus frustrant.
Du reste, je songe à écrire un bouquin dans lequel je ne mettrai que ce que je suis en capacité de lire. Il faudrait que ce soit une saga, histoire que je sois tranquille pour un moment.
L'autre symptôme que j'avais développé, c'était le jour du jour.
Quel jour était-on ?
Avant, mes semaines étaient réglées comme du papier à musique, il y avait le jour de piscine, le jour de yoga, le jour de piscine et de petits-fils, le jour de piscine, le jour des courses et de piscine, le jour de grand ménage et le jour de piscine.
Eh bien croyez-moi si vous voulez, mais je ne savais plus quel jour on était. Il y a même eu une période où j'écrivais la date en gros et en rouge pour la poser sur la cheminée.
Heureusement c'est passé.
Et puis enfin il y a les petits papiers. Les dates que je découpe de l'éphéméride à la fin de chaque journée et que je dépose dans une boîte vide de crème glacée 1000 ml. J'ai bien fait de voir grand.
J'ai dû commencer au début du premier confinement, en me disant que tout serait fini lorsque la boîte serait pleine (elle n'est toujours pas remplie, j'ai de la marge).
J'attends avec impatience le moment où je pourrais balancer mes petits papiers par-dessus ma tête en tournant et en dansant, comme autant de petits papillons.
Tout de suite après, j'irai ressortir ma caisse de maillots de bain de l'endroit où je suis allée les cacher.
Je courrai ressortir ma caisse de maillots de bain de l'endroit où je suis allée les cacher.
Ce sera merveilleux.
Ce sera un grand jour.
Fête du bois Hourdy 2016
Et vous, dites-moi, quelles sont les petites choses qui ont, ou avaient changé dans votre quotidien ?
Smouiiiiiiiiiiiiiiiiiich !