La route est longue
Cette fois ça y est, allez hop ! j'arrache la page ! la page du passé, veux-je dire! je ne sais même plus comment je suis retombée là-dedans ! Un p'tit coup d'mou sans doute !
Hier j'ai fait une jolie marche. Il pleuvait, mais je n'ai pas trop regretté d'avoir, une fois de plus, oublié mon magnifique poncho vert car c'était une petite pluie de rien, une pluidinette, agrémentée d'un petit vent mignon, rien à voir avec les bourrasques de ces derniers jours où ça soufflait tellement (j'avais le vent en pleine face) que j'avais l'impression de marcher à reculons !
Que dire de plus en ce joli mercredi gris perle ? que pendant mes balades je m'arrête. Oui, je fais des pauses et je regarde le ciel, je guette la moindre trouée de bleu, et ça marche très bien, parce que le bleu ne demande qu'à percer, il suffit pour cela de le guetter à travers la nuée, et puis d'y croire, aussi.
Je me suis souvent imaginé un observateur caché, se demandant "mais qu'est-ce qu'elle peut bien regarder celle-là, avec le nez en l'air ?"
"Le ciel, Monseigneur ! Je regarde le ciel !"
Pour le reste ma foi, j'attends que mes petits-fils, tous triplement vaccinés, arrêtent de se refiler le covid entre eux et accessoirement à leurs parents. D'ailleurs ma fille cadette se le traîne encore, enfin elle est guérie, hein, paraît-il ..
Ça me fait penser à ma cousine, celle qui a perdu sa mère du covid au début de l'épidémie. Une des premières à aller se faire vacciner, comme elle m'avait dit "si seulement il y avait eu ça, maman serait peut-être encore là .."
L'infirmière lui avait fait la réflexion suivante : "c'est super, vous allez pouvoir sortir, aller au restau.."
Ma cousine avait eu un pauvre rire :"Je n'ai aucune intention de sortir où que ce soit, je veux juste me protéger de la cochonnerie qui a tué ma mère !"
Mes petits-enfants me manquent, mon fils me manque.. la Nature, c'est merveilleux, mais sans des bras aimants, parfois, c'est tristounet.
À propos de nature, je marche dans les champs. J'adore les champs. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais en fait si.
Les champs, c'est bien.
J'ai la chance d'habiter à la ville et à la campagne. J'ai même la forêt à portée de pieds, mais on entend bien les coups de feu et ça ne fait pas rêver. Surtout avec ce que j'ai entendu récemment aux infos. J'étais terrassée. Pauvres, pauvres parents de cette randonneuse fauchée à l'orée de sa vie.
Pour quoi au fait ?
Quel besoin a-t-on de tirer sur des animaux qui ne vous ont rien fait ? J'ai beau chercher, je ne trouve pas.
C'est comme l'histoire des vaches de Délia. Non, j'arrête, on va se remettre à pleurer.
Question écriture, j'ai fini l'histoire de mes plus anciens ancêtres du Nord (1550 -->1700). J'étais dessus depuis septembre. À la fin, je commençais à être pressée d'avoir fini, pas suffisamment cependant pour ne pas me remettre sur l'histoire de Jacques et Julie, mes ascendants chouchous. Je saoule tout le monde avec eux depuis la nuit des temps. En même temps, sans eux, la lignée serait éteinte depuis 1877 ! (je suis sûre que vous êtes suspendus à votre écran tellement c'est palpitant !)
Lorsque je raconte l'histoire des gens qui nous ont précédé, j'essaie d'imaginer .. il faut faire abstraction de toutes nos croyances actuelles, n'est-ce pas ? et de celles de nos parents et grands-parents, honteux quand c'est le cas d'avoir un aïeul bâtard. Terme qui, entre parenthèses, n'avait absolument pas la connotation péjorative qu'il a aujourd'hui !
Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans la tête des gens pour que, d'un seul coup, avoir, et pire, être un enfant sans père devienne une tare ? surtout qu'un enfant sans père, ça ne veut rien dire ! un enfant sans nom, à la rigueur, vu que celui de la mère comptait pour du beurre ..
Juste après la Révolution, on ne compte pas le nombre d'enfants dits illégitimes, ce qui n'empêchait pas les mères d'iceux de trouver mari et de vivre ensuite joyeusement avec toute la nichée, les bâtards, les oncles, le père et le beau-père (les mères, ça faisait un bail qu'elles avaient plié bagage avec leur 152e accouchement. Enfin un peu de repos !).
Enfin je dis joyeusement, mais naturellement c'était d'une tristesse à mourir. Leur vie était dure. Ils crevaient de faim et de froid. Après la Révolution, tous mes ancêtres lotis et propriétaires se sont retrouvés à mendier. J'avais pleuré pendant trois jours quand j'avais découvert ça. J'ai beau connaître ce passage de l'histoire par coeur, à chaque fois ça me remue.
Plus le temps passe, plus je me dis qu'il faut, il faut, essayer d'ouvrir son cœur, d'ouvrir ses yeux. Au respect, à la tolérance. Ne pas juger.
Et regardez ce qu'on fait. Regardez ce qu'il se passe en Ukraine.
La route est longue ..
petit coeur offert par Angedra
Angedra, tu es un amour !
Smouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiich !