Moudre le café et après la maison sent bon
Cette petite phrase que je viens de lire chez Bonheur du Jour m'a projetée des années en arrière.
Je suis une femme jeune, je viens de me séparer de mon ex qui n'est pas encore mon ex (et qui d'ailleurs a toujours la clé de l'appart' où il continue de rentrer comme ça lui chante : je suis donc une femme jeune qui ne sait pas faire respecter son espace de liberté).
Les filles sont petites, il y a dans le logement des affiches remplies de consignes qu'elles suivent plutôt bien, j'ai de la chance, mes filles sont sages, la grande s'occupe de la petite (4 ans de moins qu'elle).
Il est 6 h, il fait nuit.
Silence.
Je bois mon café frais moulu, je fume ma première clop.
Ça sent bon le café, j'adore cette odeur, encore maintenant. C'est ce qui m'a le plus manqué quand, quelques années plus tard, j'ai arrêté de fumer (du coup, j'ai arrêté le café).
6h30, je suis prête à partir. J'embrasse mes filles qui dorment encore. J'ai le cœur serré. C'était pas ça la vie dont je rêvais, pas du tout.
Deuxième, cinquième cigarette ? Il fait froid sur le quai, j'attends le train de 6h45 pour être à Villiers à 7h55. Avec le suivant, j'arrive à 8h01 et ma prime de ponctualité saute, je ne peux pas me le permettre. Chéri-chéri s'est cassé en me laissant toutes les dettes du ménage.
Il a toujours eu du cœur.
J'arrive la première. J'adore. Seul Podro est là, dans son bureau (Podromos est l'informaticien).
J'allume mon minitel, je suis "opératrice de saisie", c'est ce qui est marqué sur les bulletins de paie. J'ai pris le premier job que j'ai trouvé. Douze ans de mère au foyer et des dettes par-dessus la tête, il ne faut pas être regardante. Pas grave, mon boulot m'éclate. Je travaille 8h non stop (de 8 à 16), c'est moi qui ai demandé à Cyrille, le patron, pour pouvoir donner des cours en rentrant à la maison.
Les huit heures, on ne les voit pas passer, émaillées de crises de rire, de délires (déjantée déjà suis-je). De toute sa longue carrière de secrétaire, celle de la boîte n'a jamais vu d'animatrices aussi joyeuses. Et il en faut, de la joie, quand tout se barre en sucette ..
Ça tombe bien, j'en ai à revendre, puisque, heureusement pour moi, je ne sais pas encore ce qui m'attend ..