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Un peu de douceur ..
12 novembre 2017

VDM!

Pas de piscine hier pour cause de 11 novembre, heureusement que j’y étais allée deux jours avant car ClaOdio (qui tient l’accueil, d’ailleurs il est fort accueillant) me l’a fait remarquer, sinon c’est sûr, je me serais pointée comme une fleur pour aller nager !

Je suis quand même sortie et rentrée à pied parce qu’il pleuvait, j’adore marcher sous la pluie, je ne sais pas d’où me vient ce goût mais c’est comme ça, j’adore. En plus je voyageais léger puisque je n’avais pas mon sac à dos de piscine, même pas de courses, juste moi et mes trois tifs, de plus en plus courts les tifs, un jour je vais me retrouver comme Demi Moore dans À armes égales, la beauté en moins.

Le 11 novembre c’est aussi l’anniv de naissance de la grand-mère de mon fils.

Elle était née le 11 novembre 1918, même. Son acte de naissance est raturé, née le 12 novembre, heu non, le 11, enfin ch’sais pu, pis c’est qu’une fille ! Le père Tape-Dur (c’est comme ça qu’elle l’appelait) était sans doute encore bourré ou alors c’est l’officier de mairie, trop fêté l’Armistice ? Bref. Hier, j'ai envoyé des fées mettre leurs petits doigts sur les paupières de cette grand-mère que mon fils n’a pas connue. J’espère du fond du cœur que là où elle est, elle est en paix, enfin. Parce que sa vie ici, purée... VDM ! Comment faisaient les femmes pour supporter ce qu’elles ont supporté ? Mariée de force, vendue à 17 ans par son père contre quelques bouteilles de rouge à un vieux de l’âge du paternel, il faut l’entendre pour le croire. Elle a dit oui. Les filles n’avaient pas d’autre choix que de se soumettre? C’est fou quand même.

Envie de mourir. Tu m’étonnes qu’elle avait envie de mourir. Les assauts du vieux après les coups du père Tape-Dur.

1939, la guerre. Elle est entrée dans la Résistance. Quitte à mourir, autant mourir pour quelque chose, me disait-elle.

Elle n'est pas morte, après avoir servi sa patrie elle a servi l’abbé Pierre. J’ai déjà eu l’occasion de le raconter ici ou là, en 54 le fameux hiver où l’abbé Pierre avait lancé un appel pour les sans-abris, eh bien elle y était, la grand-mère de mon fils. Parmi les premiers bénévoles, avec son deuxième mari (plus jeune qu’elle cette fois), ça a duré jusqu’en 58, ils habitaient à Nanterre dans une cité de transit, genre de préfa car ils étaient très pauvres. VDM.

Les pauvres étaient une grande famille, l’abbé Pierre partageait souvent des repas avec eux, pendant lesquels le grand-père de mon fils – lui aussi maintenant au paradis des grands-parents – jouait de l’accordéon.

 

1944 env

 

Ce qui m’avait choquée quand je les ai connus, c’est qu’ils n’allumaient pas les lumières. Ils vivaient dans le noir.

On était quatre ? Elle présentait quatre tranches de jambon, pas une de plus. Ça me changeait des repas de ma mère, où quand y en avait pour quatre, yen avait pour dix ! L’habitude de ne rien avoir, de manquer ? Pourtant ils avaient une petite retraite, mais n’en faisaient rien, l’argent restait sur le compte, à part les courses alimentaires. Et encore. Si tel produit était moins cher ailleurs, elle faisait trois kms pour aller l’y acheter. VDM.

Je crois que le jour où je lui ai donné un petit-fils a été un des rares bonheurs de sa vie. Enfin, je dis "rare bonheur", mais j’en sais rien en fait, ce mot n’a jamais franchi ses lèvres. Mais quand mon fils est né, elle a souri.

Elle est partie en un mois, comme mes parents. Même pas : vingt-huit jours.

Ses derniers mots ? À son mari : "Tais-toi donc ! Mais tais-toi donc!".

VDM.

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Commentaires
L
pffffffffff pfffffffffffffff pffffffffffffff<br /> <br /> Reynald, t'aurais pu nous attendre avant de poster....<br /> <br /> Si tu crois que c'est facile de courir derrière un commentaire en rang serré...<br /> <br /> Bon Ambre, on et tout de même arrivés pour toi.<br /> <br /> Les Bisous
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R
"Vas dire non..."<br /> <br /> C'est un début de soumission qui n'aura pas de fin, le début de l'enfer.<br /> <br /> A l'heure des téléphones portables qui filment il est relativement aisé d'avoir des preuves de harcèlement à faire valoir à qui de droit.<br /> <br /> Pouvoir dire posément au harceleur que le cahier des charges n'inclut pas le droit de cuissage et qu'il serait plus agréable pour tous qu'il s'en tienne là. Lui rappelant, au besoin, qu'il est marié...<br /> <br /> <br /> <br /> Une personne naturellement forte n'a pas besoin d'user de chantage ou d'autoritarisme pour commander.<br /> <br /> Ceux qui le font doutent d'eux-mêmes et de leurs capacités. Ils se protègent avec leur agressivité. Ne pas rentrer dans leur jeu les désarçonnent. Leurs armes, c'est la peur de leurs subordonnés. Sans cette peur, ils ne sont rien.<br /> <br /> <br /> <br /> Et au cas où leur tenir tête amènerait un licenciement, il ne serait qu'un peu prématuré par rapport à l'issue logique du harcèlement (pas seulement sexuel, d'ailleurs). Avec une grosse différence toute fois:<br /> <br /> Le licencié garde toute son estime de lui-même et reste en bonne santé pour se trouver un autre boulot. <br /> <br /> Garder toujours en tête que c'est le patron qui a de la chance de nous avoir comme salarié. <br /> <br /> Tout ça, c'est le fruit de diverses expériences et ça s'applique aussi dans d'autres circonstances de la vie, bien sûr.<br /> <br /> Un cas en particulier:<br /> <br /> J'étais alors salarié, un client était une vraie terreur; jamais content, toujours à se plaindre qu'il avait à faire avec des gens qui le volent. Il contestait mon décompte d'heures de travail chez-lui en revenant sans cesse sur le garagiste qui le vole, le type pour le trax qui le vole, etc.... (Faut dire aussi qu'il avait la réputation de toujours repartir d'un chantier avec plus de matériel qu'en arrivant.. )<br /> <br /> Il m'avait un peu trop chauffé les oreilles et je lui ai dit que ce sont les plus voleurs qui prennent les autres pour ce qu'ils sont. Moment de flottement, il "tourne le char" et on parle enfin sérieusement. J'ai fini par faire de ce loup un mouton et c'est à moi qu'il avait fini par vendre une de ses maisons...
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D
bonne question : "c'est quoi féministe ?" Je crois que c'est un à nous toutes qu'appartient la réponse. Chacune y voyant quelque chose qui pour elle est important dans le combat quotidien que nous avons à mener pour rester digne, pour nos droits humains, pour rester debout aussi. Je crois qu'être féministe, c'est avant tout quand on est une femme, ne plus accepter des comportements qui nous rabaissent et nous humilient. Je pense aussi que les choses n'ont pas fondamentalement changées depuis nos générations post 68tardes et que certains de nos droits sont bien remis en question (contraception, avortement, égalité salariale qui reste à conquérir et dont on s'éloigne plutôt que de s'en rapprocher, mais aussi égalité dans le travail au boulot comme à la maison...) Et puis il y a ce battage médiatique autour du harcèlement qui malgré tout ce qui se dit sur les réseau sociaux, montre aussi que nos "partenaires ?" "Alter-égaux ?" ou inégaux plutôt (je ne sais plus quel terme employer !) ne sont pas prêts de changer et d’évoluer. Il y a encor beaucoup de travail à faire !
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G
Mais tu deviens féministe...:;
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Z
J'espère que tu ne penses pas qu'aujourd'hui les femmes ne continuent pas à assumer tout toute seule, parce que bon nombre d'entre elles continuent sous le même schéma. Cela n'a-t-il pas été ton sort le plus souvent, et le sort de bien des mères (pour l'essentiel) qui sont passées sur la toile ?<br /> <br /> J'ai l'impression d'en croiser tous les jours des femmes qui se battent pour arriver à assumer ce qu'elles ont accepté à un moment donné, parce qu'on ne leur avait pas demandé leur avis, ou parce qu'elle ont fait ce choix-là, sans en calculer l'impact sur le long terme...
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A
Alezandro, pardon :-)
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A
Et finalement, c'est elle qui s'est tue! Texte très émouvant!
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V
Pour le 11 novembre, moi aussi je l'ai oublié, le copain de grande aussi puisqu'il voulait faire sa prise de sang et ne comprenait pas que les labos soient fermés, moi, je suis partie en courses comme si de rien n'était, évidemment le magasin de la ferme n'était pas ouvert ! ;) <br /> <br /> pour la VDM, oui, ma mère l'a bien connue aussi, née en 1942 pendant la guerre, les restrictions alimentaires, orpheline à 3/4 ans de mère, placée chez une tante loin de ses trois frère et sœurs car personne ne voulait prendre les quatre. le père ne s'est pas occupé des enfants il est mort quelques années plus tard; ma mère n'a pas pu faire d'études, pourtant elle aurait rêvé être institutrice, elle n'a eu le droit de faire quelques mois en 6 ème puis elle a travaillé comme bonne chez de riches patrons à Paris. Là, c'était la belle vie pour elle. Elle était presque libre, elle était autonome. Elle a rencontré mon père et elle est revenue dépendante. mon père ne voulait pas qu'elle travaille. Aujourd'hui elle est prisonnière de la maladie d’Alzheimer... petite elle n'avait pas l'électricité à la maison, ni l'eau courante, elle se lavait au baquet à l'extérieur. Alors oui, le progrès elle l'a connu. Mais quel progrès pour la femme, l'épouse, la mère ?
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F
Les jeunes actuels sont dans un entre deux.<br /> <br /> Ils ont connu plus ou moins (suivant les revenus familiaux) le luxe donné des 30 glorieuses (nous, nous étions en plein dedans, génération vernie, enfin c'est à voir) mais ils vont avoir tellement à affronter d'un point de vue écologique, social et économique que je ne les envie pas.<br /> <br /> bises
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R
Notre génération a "merdé" de façon honteuse.<br /> <br /> Nos étions convaincus d'avoir des "acquis sociaux" inébranlables, alors que ce ne sont que des "prêtés à contre-coeur", en oubliant que la préoccupation principale des riches est de monopoliser le pognon. A nous aussi de trouver d'autres modes d'échange... Je suis de ceux qui ne sont pas désespérés par la tournure de la société. Nous avons vécu des décennies dans l'AVOIR. Cet Avoir qui n'est plus à la portée de tout le monde. C'est une occasion rêvée de se réfugier dans l'ÊTRE, et c'est plus grandissant.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne suis pas contre les soins ambulatoires, pour autant qu'une assistance médicale soit assurée à domicile.<br /> <br /> 1° C'est moins cher pour la SECU.<br /> <br /> 2° C'est surtout beaucoup moins risqué pour les patients. Avec les infections nosocomiales, les hôpitaux tuent deux fois plus que la bagnole.<br /> <br /> Lorsque je suis passé sur le billard, il y a dix ans j'ai fait 30 heures à l'hôpital, mis c'était déjà trop car j'en suis ressorti avec des staphylocoques dorés.<br /> <br /> <br /> <br /> La transmission aux jeunes: <br /> <br /> Quitte à faire vieux barbon radoteur, il faut leur transmettre les luttes sociales. Ca fait partie de l'Histoire de France. Ce sont même les chapitres les plus importants. <br /> <br /> <br /> <br /> Comment pourraient-ils défendre ces avancées sociales s'ils n'en conaissent pas le prix du sang de ceux qui se sont battus pour les avoir...<br /> <br /> <br /> <br /> Des gros Bisous
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D
Complètement d'accord avec toi Reynald.
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R
@ Andiamo<br /> <br /> Vie De Mer..<br /> <br /> <br /> <br /> Pour comprendre la génération de nos parents, il faut avoir en tête qu'ils ont été traumatisés:<br /> <br /> 1° Par la guerre de 14-18 à travers les séquelles sur leurs parents.<br /> <br /> 2° Par celle de 36-45, qu'ils ont pris de plein fouet.<br /> <br /> 3° Par la guerre d'Algérie qu'ils ont soit vécu eux-mêmes, soit, pour les plus vieux, par leurs fils.<br /> <br /> <br /> <br /> En se battant contre le nazisme, ils se sont aussi battus pour nous offrir des lendemain plus radieux. C'est honorer leur mémoire que de se battre bec et ongles pour ne pas se faire spolier par le premier banquier venu de ces joyaux qu'ils nous ont offerts:<br /> <br /> - La Sécu<br /> <br /> - La Retraite <br /> <br /> - l'assurance chômage<br /> <br /> ETC. <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai si souvent entendu: "Ce que j'ai vécu, je ne veux pas que mes enfants doivent le vivre."<br /> <br /> Merci donc à nos vieux parents, mais avons nous été dignes de ce qu'ils ont fait pour nous...<br /> <br /> <br /> <br /> Gros bisous mon aquatique Amie
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D
Les femmes de la génération de cette grand mère avaient souvent des VDM, même encore ! Ma mère née en 1924 ) a eu elle aussi un VDM. La tienne s'est engagée pour un combat contre toutes les VDM qui touchent aussi les hommes. Nous avons connu une autre époque, à nous de continuer le combat pour le bien être et la liberté, sans cesse remis en question ce qui n'est pas se plaindre pour pas grand chose, d'ailleurs au passage, ni pour des bêtises. En nous laissant croire cela c'est un peu comme si on voulait nous enfermé dans une espèce de logique de l'acceptation de notre sort au prétexte qu'il serait meilleurs que celui d'autres générations qui nous ont précédées ou d'autres (femmes en particulier) qui ne vivraient pas dans les mêmes conditions que nous. Je suis persuadée que c'est en ayant des exigences de haut niveau qu'on fera avancer les choses pour tout le monde et non en tirant les choses vers le bas.
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P
Heureusement que parfois on rappelle de telles histoires, tellement ordinaires pourtant, pour réaliser la chance que nous avons, et notre culot de nous plaindre pour des bêtises...
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S
Dénoncer, en parler, ne pas les oublier ..... vivre notre liberté , essayer, oh non non que dis je, faire tout pour ne pas la perdre Ambre <br /> <br /> Bon Dimanche Ambre aux cheveux courts
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A
La grand mère de ton fils n'était pas laa seule dans ce cas, hélas ! Aujourd'hui encore dans certainesfamilles c'est la même chose !<br /> <br /> C'est quoi ce VDM ?
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